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Le gouvernement estime payer « les négligences du passé » dans la fonction publique


Après le protocole commun à toute la fonction publique, le gouvernement a signé ce matin avec la Fraap un accord spécifique à la direction de l’Équipement. Astreintes, visites médicales, pénibilité, portables de service… Beaucoup de points concernent des réformes qui étaient « déjà dans les tuyaux », beaucoup doivent être concrétisés dans les mois à venir avec tous les syndicats. Et la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas, s’attend à des exercices similaires dans d’autres directions, dénonçant des problèmes poussés sous le tapis pendant la mandature Tapura. « Petit à petit on exhume des cadavres » lance-t-elle.

Signature différée ce matin à la présidence pour le protocole de fin de conflit de la Fraap spécialement dédié à l’équipement. Un préavis à part avait été déposé pour une « direction à part » qui, précisent le syndicat et le gouvernement, « se met très rarement en grève » et « à cœur le service public ». Mais d’après Steven Rey, secrétaire général délégué de la Fraap en charge de la « Deq », cette culture est depuis plusieurs années mise à mal par des frustrations sur l’organisation, et donc sur la performance du service, et à cause de demandes sociales poussées sous le tapis depuis « plusieurs années ». Le protocole, signé côté Pays par Jordy Chan et Vannina Crolas, mais qui contient aussi des engagements du ministre de la Santé, doit ainsi permettre, pêle-mêle, la prise en charge du remplacement des téléphones qui sont utilisés par les équipes pour communiquer, la simplification des procédures de recrutement pour les travaux en régie, le meilleur accès aux visites médicales et aux services de la CPS pour les agents de terrain… Plusieurs de ces points étaient « déjà dans les tuyaux », précise le ministre des Grands travaux. Et beaucoup ouvrent la porte de discussions au plus long cours.

Des discussions à venir sur la pénibilité et les astreintes

Sur les astreintes, notamment. « La direction de l’équipement, c’est plus de 800 agents répartis sur les cinq archipels et qui interviennent en tout temps et en toutes circonstances, insiste Steven Rey. Ils n’ont pas d’astreinte et pourtant lorsqu’ils doivent intervenir que ce soit le soir lors des cyclones lors des intempéries, ils sont là, ils quittent leur famille, ils quittent leur foyer, ils seront disponibles. Depuis toutes ces années ce qu’on demande c’est la reconnaissance ». Le gouvernement travaille déjà depuis de longs mois sur le sujet, et a pris des engagements dans le protocole pour concrétiser ce chantier. 

Sur la pénibilité, aussi, définie de façon très peu précise par les textes actuels, et que beaucoup voudraient voir prise en compte dans les règles de départ à la retraite. « Il y a des agents qui arrivent à 55 ans avec des pathologies qui ne leur permette plus de travailler », et avec peu d’options de reconversions dans la fonction publique, reprend le responsable syndical. « C’est des problèmes de dos parce qu’ils portent des charges lourdes, parce qu’ils sont assis toute la journée dans un engin dans un camion et que ça tape, c’est aussi des problèmes de genoux… Malheureusement à l’heure actuelle aucun dispositif de reconversion ne leur permettre d’assurer des tâches administratives, dans la mesure où ils ne sont pas forcément rompus à l’exercice, que les ordinateurs, les mails, ils connaissent pas… Et qu’il faut le dire, beaucoup ne fonctionnent qu’en Tahitien, reprend Steven Rey. Voilà vu cette pénibilité ce qu’on espère faire au travers du dispositif que nous mettrons en place, c’est simple, c’est de pouvoir leur permettre de partir à la retraite sans abattement ».

Des « cadavres » à exhumer et des effectifs à faire baisser

Des « revendications légitimes » pour Vannina Crolas. « Effectivement, nos agents subissent parfois des conditions de travail et des modes de fonctionnement qui ne peuvent plus durer. Ces points ont fait l’objet de discussions avec toutes les organisations syndicales et pas seulement la Fraap dans la cadre des réunions de dialogue social. Mais comme ils l’ont dit, ça va pas assez vite, explique la ministre du Travail et de la Fonction publique. En fait, on est en train de rattraper des années de négligence qui nous coûtent cher aujourd’hui. Mais on a pas le choix si on veut construire l’avenir, il faut réparer le passé et le présent ». Une façon donc de renvoyer la faute sur l’exécutif Tapura. L’équipe Tavini assure qu’il « s’attendait » à sa prise de pouvoir, à devoir régler « beaucoup beaucoup de problèmes » dans l’administration, mais tout de même pas autant : « là en fait petit à petit on exhume des cadavres », insiste Vannina Crolas.

Faut-il donc s’attendre, à mesure de ces « réparations », de nouvelles hausses de la masse salariale du Pays, dont les 757 millions de francs d’augmentation au budget 2025, pour atteindre 34,9 milliards de francs, fait déjà débat à Tarahoi ? Pas forcément, assure Vannina Crolas, qui sait pourtant que les négociations du point d’indice en mars et avril prochain risquent d’être très coûteuse. « On peut jouer sur la qualité mais il faut qu’on voit au niveau de la quantité comment on peut rationaliser les effectifs et surtout peut-être simplifier l’organisation de notre administration, la réglementation pour qu’on ait moins besoin d’agents pour pouvoir répondre aux besoins de la population ».

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