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Le gouvernement Macron accusé de mener une politique d’expatriation « colonialiste »

©CP/Radio1

Le député Tematai Le Gayic proteste contre l’article 55 de la loi de finances 2024, qui prévoit l’extension du champ d’application de la continuité territoriale, avec un « passeport à l’installation professionnelle », une aide au retour et à l’insertion professionnelle dans les outre-mer. Mais la mesure est fermée aux ultramarins qui ne résident pas dans l’Hexagone, et grande ouverte aux métropolitains, ce qui fait bondir non seulement le député indépendantiste, mais nombre de ses collègues originaires de territoires touchés par le chômage et la précarité.

L’idée de départ paraissait bonne. « C’est une réponse à une loi votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale sur la volonté d’aider tous les originaires des outre-mer qui sont actuellement en France hexagonale ou dans d’autres territoires ultramarins à rentrer dans leur pays d’origine, avec une aide au transport et une aide pour monter leur activité » explique Tematai Le Gayic. Jusque-là, rien à dire.

« Génocide par substitution »

 « Le gouvernement favorise l’envoi de métropolitains dans nos territoires », accuse Tematai Le Gayic en reprenant à son compte l’expression d’Aimé Césaire en 1975 qui parlait de « génocide par substitution ».

Car le diable est dans les détails : la loi de finances restreint le dispositif aux seuls résidents sur le sol métropolitain (excluant ainsi, par exemple, un Polynésien qui habiterait à La Réunion et voudrait revenir au fenua)  et le gouvernement s’abrite derrière un avis du Conseil d’État : « Le Conseil d’État dit qu’on ne peut pas faire de discrimination entre ressortissants français, mais nous ce qu’on voit, c’est que le Conseil d’État accepte de discriminer en favorisant uniquement ceux qui vivent sur le sol métropolitain. »

Sans surprise, la vision du gouvernement central n’est pas alignée sur celle des indépendantistes. Pour le ministre délégué aux Outre-mer, ce qui compte c’est la création de richesse, peu importe par qui.

« Tout ça est compliqué, et c’est encore plus compliqué parce qu’en termes de démocratie nous n’avons pas pu voter », dit le député en référence à la procédure du 49.3 par laquelle le texte a été adopté, et qui a fait sauter les amendements déposés par les députés ultramarins. Et il est d’autant plus alarmé que le même ministre, Philippe Vigier, estime que le dispositif du CIMM, pas toujours efficace mais qui doit en théorie aider les ultramarins à être prioritaires chez eux – et qui n’est même pas mentionné dans le texte –  ne serait pas « pertinent ».

« C’est toujours pareil, conclut Tematai Le Gayic, toutes les mesures incitatives pour les ressortissants qui partent en Outre-mer sont mises en place uniquement pour les expatriés et pour nous, à chaque fois on dit non, c’est discriminatoire. Pour nous, la politique coloniale continue. »

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1 Commentaire

  1. Patrick Fincker+
    15 novembre 2023 à 18h09 — Répondre

    Sur la forme, on ne peut être que d’accord avec M LeGayic. Je ne suis pas sûr que la réalité soit la même. Nous manquons d’entrepreneurs…

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