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Le gouvernement s’est-il moqué d’un discours de Tematai Le Gayic ?

Une intervention de Tematai Le Gayic à l’assemblée nationale a beaucoup fait parler ce week-end. Alors que le député polynésien se montrait très critique face à une énième utilisation du 49.3 pour faire adopter une partie du budget, son discours a provoqué des rires dans les rangs des ministres et de la majorité. L’opposition dénonce « un mépris de classe » et « l’arrogance de la caste politique qui dirige la France ».

Curieuse séquence, vendredi dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Alors que deux motions de censures visant le gouvernement étaient débattues, après que l’exécutif ait eu recours à l’article 49.3 pour faire passer en force le premier volet du budget 2024, le député polynésien a pointé les faiblesses de la majorité.

Il s’agit de la treizième utilisation par Elizabeth Borne du 49.3 depuis sa prise de fonction.  Cet article permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote, si aucune motion de censure n’est votée. Ce que ne parviennent pas à faire les différentes oppositions, qui doivent pour cela trouver des terrains d’entente, une motion de censure devant récolter au moins 289 voix pour être adoptée.

Une situation « assez cocasse » pour le plus jeune parlementaire de toute la Ve république, qui siège à gauche de l’hémicycle avec le groupe GDR. « Vous n’avez pas la majorité pour faire passer un texte, donc vous êtes obligés d’utiliser le 49.3. Mais on arrive pas à avoir de majorité non plus sur une motion de censure. Donc personne n’arrive à avoir de majorité ». Un bref rappel de la situation actuelle à l’assemblée, teinté d’ironie, face auquel la première ministre Elizabeth Borne, cigarette électronique à la main, semble adopter une attitude amusée. A ses côtés, le ministre chargé des relations avec le Parlement Franck Riester parait sidéré, quand le ministre de l’éducation Gabriel Attal est d’avantage accaparé par son téléphone. Des gloussements fusent depuis les bancs de la majorité. « La raison est simple, ceux qui peuvent faire la bascule ne veulent pas retourner aux urnes, car ils ont peur de ne pas repasser », poursuit Tematai Le Gayic, déclenchant au passage de nouveaux ricanements.

« Ceux qui peuvent faire la bascule ont peur de se confronter au peuple. Je pense qu’il y a une démobilisation de la majorité« , ajoute-t-il, suscitant des applaudissements de ses soutiens politiques. Il pointe alors la fragilité de l’exécutif et de sa majorité relative à l’assemblée : « Vous vous avez un 49.3 et nous, n’avons que des amendements pour pouvoir nous exprimer. Vous créez le texte, le mettez en place et en décidez les tenants et les aboutissements. Nous, ne décidons plus rien. Tout se décide dans les ministère. Alors j’espère qu’un jour dans cette mandature, pouvoir voter une loi de finance dans ce parlement. J’espère qu’on pourra débattre, un jour ou l’autre », a-t-il conclu, avant que la présidente de l’assemblée Yaël Braun-Pivet ne le remercie d’un ton amué.

« Mépris et arrogance » ? « Simplement des sourires soulagés », répond une ministre

Une séquence qui fait hurler à gauche. Le député France Insoumise Manuel Bombard a publié la séquence, pointant que « la petite caste politique qui dirige la France, a fait du mépris et de l’arrogance sa marque de fabrique ». « Il est constant ce mépris de classe à l’assemblée, si on parvenait à le montrer d’avantage, on comprendrait bien mieux le ressort du macronisme », estime pour sa part la députée écologiste Sandrine Rousseau. Plusieurs journalistes et influenceurs, classés à gauche, ont également parlé de « mépris de classe » ou de « colonialisme ».

Rien de tout ça, selon la secrétaire d’état chargée de la jeunesse Prisca Thevenot présente à l’assemblée ce jour là. « Il n’y a aucun mépris de classe. Simplement des sourires soulagés car enfin nous avons entendu un propos clair, franc et sans polémique après une heure de propos théâtralisés. Mais ça vous ne pouvez pas le savoir car vous n’étiez pas là dans l’hémicycle », a-t-elle répondu sur X.

De son côté, le député a fustigé la tournure prise par la polémique. « une polémique qui enfle mais pas dans le bon sens car la vraie polémique est la réduction volontaire et banalisée de la démocratie », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

« Dans ce type d’exercice de défense de la motion de censure, les orateurs sont souvent hués et pas écoutés car chacun campe sur ses positions. J’ai souhaité intervenir avec des mots simples et avec un ton calme, habituel mais ferme afin de faire admettre – presque avoué par leur rire – au gouvernement que leur usage excessif du 49-3 normalise une situation absurde et anti-démocratique. Une intervention appréciée sur tous les bancs, des oppositions à la majorité en passant par celui du gouvernement. Sur les rires qu’ont eu les membres du gouvernement et la présidente de l’Assemblée nationale, cette analyse est mienne, c’est un rire qui les met à nu sur la situation absurde qu’ils maintiennent de connivence avec Les Républicain ».


Ce n’est pas la première fois que les élus polynésiens suscitent des réactions à l’assemblée, pour des raisons qu’il n’ont rien à voir avec la politique. Lors de la rentrée parlementaire de 2022, certains députés avaient pointé du doigt les tenues de nos trois députés, qui s’étaient présentés en chemises et pareo à l’assemblée.

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