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Le gouvernement veut rassurer le BTP

©CP/Radio1

Lors de ses vœux au Cesec, lundi, puis mardi sur notre antenne, le président du Pays a voulu rassurer les professionnels du BTP, qui disent manquer de visibilité sur le court et le moyen terme. Il a également eu des mots assez durs envers certains acteurs du secteur. Thierry Chansin, président de la Chambre syndicale des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics, attend pour se réjouir la réunion prévue à la fin du mois, au cours de laquelle le gouvernement va présenter ses projets de commande publique à venir.

Devant les membres du Cesec réunis lundi pour les échanges de vœux, Moetai Brotherson citait, au nombre des facteurs qui contribuent à la cherté de la vie, les coûts de construction. Il citait alors une personne qui souhaitait investir dans l’hôtellerie en Polynésie et qui aurait soutenu que le béton armé est « 3 à 5 fois plus cher en Polynésie » qu’en métropole, alors que le ciment, les agrégats et la main d’œuvre sont moins chers ici. Et il concluait : « Nous avons un maximum d’acteurs vertueux, mais nous avons aussi quelques crapules, il faut le dire. » « Je n’ai pas peur des mots. Il y a des acteurs qui jettent le discrédit sur tout le secteur », disait-il le lendemain sur notre antenne.

Thierry Chansin, président de la Chambre syndicale des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics, veut rester « prudent », mais explique que si le président faisait référence à un projet dans les îles, le prix n’est évidemment pas le même que pour un chantier à Tahiti. « C’est quelque chose de difficile à comparer. Les contraintes des entreprises, lorsqu’elles font un prix, sont telles qu’elles l’adaptent en fonction du volume, du contexte, de l’éloignement », avec des « ratios très variables » qui peuvent refléter les difficultés de certains acteurs dans ce marché « très hétérogène » qui a vu plusieurs faillites retentissantes. « Il suffit d’aller voir les bilans des sociétés, ce ne sont pas des bilans affriolants », plaide le professionnel.

Moetai Brotherson dit comprendre l’inquiétude du bâtiment mais assure qu’il s’agit davantage d’un « ressenti, d’une angoisse pour le futur » que d’une réalité, et que d’après les données en sa possession, la commande publique déjà passée tiendra les entreprises occupées jusqu’en mi-2025, et la commande future assurera « les trois ans qui viennent. »

C’est sans compter, dit-il, les chantiers de logements sociaux et de projets touristiques qui vont voir le jour. « Ces données-là, pour l’instant, on n’a pas les éléments », rétorque Thierry Chansin, qui rappelle que l’an dernier, « on a appris par la presse l’arrêt, la suspension, le redimensionnement de certains projets. » Une réunion à la présidence est prévue à la fin du mois pour une présentation des projets du Pays par le ministre des Grands travaux.

 

Projets hôteliers : Moetai Brotherson annonce « une aide sous une forme différente » pour compenser la baisse de la défiscalisation

Alors que le gouvernement affiche toujours d’ambitieux objectifs touristiques, la défiscalisation locale accordée aux projets hôteliers passe de 60% à 40%. Le budget 2024 prévoit 5,5 milliards de crédit d’impôt pour ce secteur qui est en demande de 43 milliards au titre de la défiscalisation. Le Pays estime notamment qu’il n’a pas à financer les rénovations des grands hôtels, qui sont du ressort de l’exploitation normale d’un établissement. C’est ainsi que le chantier d’un hôtel haut de gamme aux Tuamotu est à l’arrêt, et ses employés sans ressources. « Il n’y aura pas de reformatage de la défiscalisation », affirme Moetai Brotherson qui la réserve en priorité « à ceux qui vont investir dans la petite et moyenne hôtellerie, ceux qui sont le plus éloignés de Tahiti. »

Mais « il ne s’agit pas de ne plus aider les grands projets touristiques à l’échelle locale, ceux qui classiquement mobilisent plus d’un milliard de défiscalisation. Ce sera une aide sous une forme différente », dit-il. « On veut progressivement les orienter vers un dispositif qui existe depuis 2014, qui est celui des grands investissements, qui jusqu’à présent était réservé à deux zones précises, celle du Mahana Beach au début et celle de Moorea. Nous voulons retravailler ce dispositif de manière à le dissocier d’une zone prioritaire.» Pour rappel, le régime fiscal des grands investissements permet aux projets supérieurs à 10 milliards sur des « zones prioritaires de développement » de bénéficier d’exonérations de droits d’importation ainsi que d’exonérations en régime intérieur. Là aussi, Moetai Brotherson reconnaît que son gouvernement a peut-être manqué de pédagogie. « Nous sommes convaincus qu’une fois que ces dispositifs seront, auront été validés, construits avec les professionnels, ils y trouveront plus leur compte qu’aujourd’hui », dit le président du Pays.

 

 

 

 

 

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