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Le Medef alerte sur la « catastrophe économique » à venir

© Frédéric Dock est directeur de Cégélec – Polynésie. Un temps à la tête du cluster OPEN, il est actuellement président de la commission économique du Medef ainsi que que de la Chambre syndicale des entrepreneurs du BTP (CSEBTP). Il est candidat à la présidence du Medef Polynésie, qui doit renouveler ses instances à la mi-mai.

Dans un communiqué interne diffusé hier, le Medef – Polynésie a mis sur la table de premières projections chiffrées de l’impact économique et social de la crise. Ses entreprises adhérentes estiment à 110 à 145 milliards de francs leur perte de chiffre d’affaires en 2020 par rapport en 2019. Et ces pertes se répéteraient, à un niveau comparable, en 2021. En conséquence, elles craignent, en l’état actuel des mesures d’aide, de perdre jusqu’à un tiers de leur effectif. Des chiffres qui doivent « alimenter la réflexion » sur la sortie de crise et les mesures de soutien à l’économie, estime Frédéric Dock.

Deux scénarios pour une catastrophe. Le Medef a demandé à ses 18 organisations adhérentes, représentant les différents secteurs de l’économie polynésienne (FGC, Fédération bancaire, CSEBTP…), de réaliser des projections d’activité en fonction de deux hypothèses de sortie de crise. La première, qualifiée de « volontariste », entrevoit une réouverture des lignes aériennes internationales au 1er juillet, « sans contrainte de quarantaine ». La circulation des biens et des personnes ne seraient alors plus limitée, au moins du côté du fenua. Le second scénario est « plus pessimiste, voire plus réaliste » : il table sur une réouverture complète « décalée » au dernier trimestre 2020.

Le Medef, officiellement, ne milite pas pour une option ou une autre, ces décisions dépendant « des gouvernants locaux et nationaux ». Mais comme le pointe Frédéric Dock, président de la commission économique du Medef, ces choix auront un impact non négligeable sur les mois et années à venir. Avec 110 milliards de francs de baisse de chiffre d’affaires projetée en 2020 par rapport à 2019, les 470 entreprises du Medef – qui représenteraient environ 50% de l’activité du pays – projettent une perte de 22% de leur volume d’activité selon le scénario « volontariste ». Des chiffres qui atteignent -30% et -145 milliards avec le scénario « pessimiste ». En deux ans, les trois à cinq mois de fermeture du ciel supplémentaires représenteraient donc une différence  de 75 milliards de francs de chiffre d’affaires. Toujours pour les seules entreprises du Medef.

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 20 à 30% des emplois du privé menacés

Car l’inquiétude n’est pas limitée à l’année en cours, loin de là. Les entreprises du Medef prévoient toujours, suivant le scénario retenu, entre 100 à 140 milliards de francs de chiffre d’affaires en moins entre 2019 et 2021. Après la crise de 2008, la production de biens et de services au fenua avait baissé de 80 milliards de francs en 4 ans, d’après l’ISPF. Et avait mis quatre ans de plus à s’en remettre. Le choc serait cette fois plus brutal, y compris au niveau social. En ne s’intéressant qu’à leurs rangs, les entreprises du Medef, qui rassemblent un peu moins de 16 000 travailleurs aujourd’hui, estiment que 3 400 à 4 700 salariés et chefs d’entreprises sont directement en « danger » en 2020. Soit 20 à 30% des effectifs, en fonction du scénario de reprise des échanges internationaux.

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À quel point ces projections sont-elles fiables ? Peuvent-elles être étendues à toute l’activité polynésienne ? Difficile à dire. « Les entreprises du Medef connaissent très bien leur marché », martèle Frédéric Dock. Et l’organisation patronale compte dans ses rangs de nombreuses « locomotives économiques ». Mais seules des études de spécialistes pourraient donner une vision globale des difficultés à venir, en incluant notamment les pertes d’activités en cascade auprès des entreprises sous-traitantes et des patentés. Si aucune étude n’est officiellement lancée, le président Édouard Fritch a parlé la semaine dernière d’un comité local d’experts rassemblant des représentants de l’IEOM, de l’AFD, de l’ISPF, et de l’administration. Fort est à parier que les économistes locaux, liés à l’université de Polynésie notamment, pourraient eux aussi contribuer à ce travail.

« Si rien n’est fait… »

Pour le Medef, ces perspectives très sombres sont avant tout sur la table pour « alimenter la réflexion » des autorités. Car les projections se basent sur « l’état actuel » des aides, précise l’organisation. Pas de doute pour Frédéric Dock, aussi candidat à la présidence du Medef qui doit renouveler ses instances à la mi-mai : le fenua aura besoin, en plus des dispositifs d’urgence présentés par le Pays et l’État, de « mesures de soutien massif », « dans la proportion de ce qui a été mis en place au niveau national ». Encore faudra-t-il avoir une vision claire de l’étendue de la « solidarité nationale » offerte par l’État… Et de ce qui est demandé par le Pays. Si Édouard Fritch a parlé de « 120 milliards de francs » de besoin financiers lors d’une discussion avec l’Élysée la semaine dernière, aucune précision n’a été donnée sur la forme que pourrait prendre ce soutien et sur les nouveaux dispositifs envisagés.

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