Les taliban ont confirmé jeudi la mort de leur chef, le mollah Omar. Le leader de la rébellion islamiste avait disparu de la circulation depuis plusieurs années.
Il était l’un des noms les plus connus de l’islamisme mondial. Le mollah Omar est mort, a confirmé le mouvement qu’il dirigeait jeudi. Après les informations données par Kaboul la veille, les talibans ont « annoncé le décès de maladie de [leur] fondateur et chef » Mohammad Omar. En près de 10 ans, le mollah avait mis sur pied l’Emirat islamique d’Afghanistan (le nom officiel du mouvement taliban) avant d’être chassé par l’invasion américaine en 2001.
Un modeste religieux. Ce Pachtoune naît en 1960 dans la région de Kandahar dans le sud de l’Afghanistan, selon une biographie publiée par les taliban en avril dernier. Il grandit dans une famille modeste et religieuse avant d’aller étudier l’islam au Pakistan voisin. Il revient dans son pays avant la fin de ses études pour se battre contre l’invasion soviétique en 1979. Une guerre dans laquelle il perd son œil droit.
Une quinzaine d’années plus tard, après le retrait des forces soviétiques, il prend la tête d’un mouvement guerrier dans un pays alors en plein chaos. Il fédère alors de jeunes islamistes attirés par ses exploits combattants. Les étudiants des écoles coraniques (taleb en arabe) fournissent le gros des troupes et donnent leur nom au mouvement. Les talibans sont formés et soutenus par des officiers de l’armée pakistanaise et prennent le contrôle de la province de Kandahar en moins de deux ans.
La légende du mollah. Mais sa renommée, le mollah Omar la tire surtout d’une légende. Il est supposé avoir réussi un miracle : retirer une cape ayant supposément appartenue au prophète Mahomet d’un coffre inviolable conservé dans une mosquée de Kandahar en avril 1996. A partir de là, celui qui s’est alors proclamé « Commandeur des croyants » vit cinq ans d’ascension incessante en Afghanistan. Ses taliban marchent sur Kaboul en septembre de la même année et exécutent dans la foulée le président Mohammad Najibullah.
Pendant deux ans, le mollah Omar étend son contrôle sur le pays en même temps que ses points de vue rigoristes. Il se fait notamment connaître de l’Occident en imposant un traitement brutal aux femmes, en détruisant les Bouddhas géants de Bamiyan et en interdisant musique et télévision.
A l’arrivée des troupes américaines en Afghanistan, les taliban sont chassés du pouvoir. Le mollah Omar, lui, prend la fuite. Il n’a pas été revu en public depuis 2001 mais garde la main sur ses troupes pendant près de dix, notamment depuis le Pakistan où il trouve refuge. Il délivre régulièrement des messages audios, qui s’arrêtent brutalement en 2011. Les taliban se contentent depuis cette période de missives écrites, dont de nombreux observateurs soupçonnent qu’elles soient une supercherie pour cacher la mort du leader.
Les nouveaux défis des taliban. Car, selon les services de renseignement afghans, le mollah Omar est mort en 2013 dans un hôpital de Karachi, au Pakistan. Les taliban, eux, assurent que leur chef a succombé à une maladie mi-juillet 2015. La confirmation de son décès, en tout cas, risque d’affaiblir encore l’organisation, fragilisée par l’émergence de l’organisation Etat islamique sur la scène djihadiste. De nombreux responsables plaident d’ailleurs pour un rapprochement avec le mouvement de l’Irakien Abou Bakr Al-Baghdadi. Son nouveau chef Akhtar Mansour, lui, tente de calmer les dissensions dans une organisation plus divisée que jamais.