Malgré l’achèvement du bâtiment depuis plusieurs mois, rien ne bouge au terminal international de croisière de Papeete, qui attend toujours une inauguration pour accueillir ses premiers touristes. Après l’obtention du certificat de conformité et l’évacuation des réserves de chantier, le Port devrait finalement prendre réception de l’ouvrage à deux milliards de francs « cette semaine ». L’ouverture, dans « pas beaucoup de temps », n’est pas précisément datée. À partir de 2025, les compagnies paieront jusqu’à 1 200 francs par passager pour l’utiliser.
Les plus gros engins de chantier ont quitté les lieux depuis longtemps, et les jeunes pousses plantées dans les jardins ont déjà eu le temps de prendre leurs aises aux abords du terminal international de croisière. Si bien que le bâtiment neuf parait être en activité depuis déjà plusieurs mois sur le front de mer de Papeete. Et pourtant, pas un seul touriste n’a mis les pieds à l’intérieur, et les entrées sont toujours condamnées – en même temps que le passage des piétons le long des quais et du boulevard Pomare – par des barrières et rubalises. L’ouvrage, un temps espéré pour 2020, puis 2022, programmé pour la fin 2023, avril, puis septembre 2024, attend toujours son inauguration.
« On arrive à la fin »
La situation, qui interroge bon nombre de curieux, interpellait aussi les professionnels ces dernières semaines, le Port autonome – qui a financé cet investissement à deux milliards de francs – étant très discret sur le calendrier d’ouverture. Ce matin, le directeur de l’établissement public a fini par apporter des précisions. « J’aurais les clés de l’ouvrage cette semaine je pense, annonce Jean-Paul Le Caill, ça va ouvrir dans pas beaucoup de temps ». Le responsable assure que le certificat de conformité – qui avait été accordé dès septembre d’après les entreprises de BTP – n’a été transmis au port que le 3 octobre, il y a quelques jours. « Je ne pouvais pas prendre possession de cet ouvrage avant d’avoir ce certificat, détaille-t-il. Ensuite, il y a des réserves, certaines que je considère comme pouvant être levées avant la prise de possession de l’ouvrage, d’autres que j’ai considéré devoir être levées avant ». « On arrive à la fin » de la levée de ces réserves, précise le directeur.
« Pas beaucoup de temps » avant l’inauguration, donc, mais pas beaucoup de dates : le port préfère se donner le champ libre pour la programmation de l’ouverture de ce bâtiment de trois niveaux, doté d’un parking de 205 places, d’une bagagerie, de comptoirs d’enregistrement et d’un espace de plus de 400 mètres carrés dédiés à l’artisanat. L’établissement public l’assure : tout est fin prêt pour l’exploitation. « Le personnel est en attente de pouvoir intégrer l’ouvrage », précise même Jean-Paul Le Caill.
Rampe de bus refaite, accès PMR à retravailler, et scanner en attente
Tout ne sera toutefois pas opérationnel dès le lancement. Comme l’avait souligné Tahiti Infos, le scanner à bagages commandé pour 50 millions de francs en décembre dernier n’est pas encore livré et installé. « Pour faire fonctionner le terminal, il n’y a pas besoin de ce matériel, assure le directeur. Actuellement tous les contrôles passagers se font à l’entrée des bateaux. C’est une prestation que le port va offrir aux compagnies : ceux qui la veulent la prendront, les autres ne la prendront pas ».
Ce sont d’autres éléments qui ont retardé les travaux ces derniers mois, et notamment la réfection de la rampe d’accès des bus au parvis du terminal, qui a dû être reprise par le maître d’œuvre Boyer, car trop étroit et pas conforme au contrat. Le Port autonome a en revanche lancé lui-même un marché il y a quelques semaines pour la reprise de l’accès PMR en face de la Banque de Polynésie, puisque le niveau de la chaussée avait, entre les premiers plans et les travaux, été raboté et que l’idée d’une passerelle au-dessus du boulevard Pomare a été abandonnée. Ces nouveaux travaux – de faible ampleur – n’empêcheront pas le terminal d’ouvrir.
1 200 francs HT par passager
Certains professionnels attendaient aussi les grilles tarifaires pour l’utilisation de ce terminal international : elles ont été votées puis publiées, entre début juin et milieu juillet, pointe Jean-Paul Le Caill. Côté compagnie, la redevance d’utilisation du terminal est fixée à « 1 200 francs hors taxe par passage embarquant, débarquant ou en transit ». Des abattements atteignant les 50% sont prévus pour les bateaux en fonction de leur nombre d’escales : les paquebots en « tête de ligne », comme le Paul Gauguin sont donc avantagés. Cette redevance ne sera applicable qu’au 1er janvier 2025, après la saison de passage des grands navires transPacifique, entre fin octobre et début novembre.