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Le « oui, mais… » de Nuihau Laurey aux mesures fiscales et budgétaires

©CP/Radio1

Nuihau Laurey était l’Invité de la rédaction ce mardi. Avec les autres élus A Here ia Porinetia, il a voté pour la modification du code des impôts qui supprime la TVA sociale et simplifie le régime fiscal des TPE. Il n’a pas non plus d’objection au collectif budgétaire et ses ajustements techniques. Il nous a expliqué pourquoi, et en quoi il pense qu’il faut aller plus loin.

Sur le fond, Nuihau Laurey ne peut que se féliciter de la disparition au 1er octobre prochain de la TVA sociale votée ce mardi par l’assemblée – lui qui promettait lors de la campagne des territoriales de la supprimer immédiatement s’il était élu. Mais il ne satisfait pas de l’alternative proposée par le gouvernement, qui va compenser la perte de recettes fiscales pour cette année grâce aux 2,5 milliards de Fcfp du collectif budgétaire, mais reste vague sur le financement de la PSG pour l’année prochaine. « Il faut de la clarté dans les chiffres », martèle l’ancien ministre des Finances.

Il faut surtout s’attaquer au cœur de la réforme de la PSG, dit-il. Une réforme qui passera par la prévention, dans laquelle il faudra investir sérieusement : « Je l’ai dit à plusieurs reprises, je ne crois pas dans le ‘grand soir’ de la réforme de la PSG. Ce sont des petites mesures qu’il faut mettre en œuvre régulièrement. Il y a des pathologies qui nécessitent un accompagnement thérapeutique, c’est certain. Il y a un aspect punitif aussi, il faut vraiment coupler les deux », dit Nuihau Laurey.

Réforme de la PSG : faire voter son budget par l’assemblée

Il faut aussi s’interroger, dit-il, sur l’un des aspects du rapport de la CTC qui accuse les syndicats d’avoir résisté à la nécessaire modernisation de la CPS : « les syndicalistes qui sont présents, que ce soit à la Caisse ou dans d’autres établissements, dans les syndicats patronaux ou de salariés, ce sont les mêmes depuis 20, 30 ans, qui se succèdent à eux-mêmes. Là aussi, il y a un vrai problème. » Et Nuihau Laurey revient à l’une de ses propositions de campagne les plus intéressantes : que le budget de la protection sociale soit voté par l’assemblée, « en direct » comme c’est le cas dans l’Hexagone.

En attendant, le moyen le plus rapide d’équilibrer les comptes sociaux, c’est la création d’emplois. Très difficile en période d’inflation, dit-il, car si les chiffres des embauches remontent, ils cachent des réalités disparates : la hausse récente du nombre de salariés est le fait d’une poignée de grandes entreprises, mais pas des petites entreprises qui composent 90% du tissu économique local.

Libérer les petites entreprises

A Here ia Porinetia est notamment en accord avec le gouvernement qui a simplifié les obligations comptables et fiscales des très petites entreprises. Mais il estime que le gouvernement de Moetai Brotherson a choisi « une extrême prudence » en limitant la définition des TPE à celles qui réalisent moins de 10 millions de CA annuel, alors que lui milite depuis longtemps pour appliquer une fiscalité forfaitaire à celles qui sont en-dessous de 50 millions. « Nous, nous disons qu’il y a une forme d’inéquité, parce que ce dispositif bénéficie aux entreprises individuelles mais pas aux sociétés. » Mais il garde espoir : « Le gouvernement en commission nous a dit que c’est effectivement une nécessité et qu’il allait le faire dans l’année à venir. »

Autre préoccupation du nouveau gouvernement, réduire la dette du Pays et ses annuités, alourdies par les prêts garantis par l’État dont les taux d’intérêt atteignent 4,5%, malgré « une belle signature et des réserves. » On rappelle toutefois qu’au début de la crise Covid, Nuihau Laurey plaidait à l’assemblée pour un emprunt de 60 milliards sur les marchés financiers classiques. Une partie du 2e  PGE va être annulée, réduisant la dette d’environ 5 milliards. Nuihau Laurey accuse l’ancienne équipe de s’être précipitée sur cet argent frais en occultant son taux d’intérêt réel, puis de ne pas avoir su qu’en faire, et pointe aussi l’État qui a consenti une subvention à Nouméa mais pas à Papeete.

Pour Nuihau Laurey, qui a fait de la réduction de la dépense publique la clé de voûte de sa doctrine économique, cette mesure va dans le bon sens mais aurait pu concerner un montant plus élevé. « Il faut une vraie politique de long terme de réduction et de maîtrise de la dépense publique. Je ne dis pas qu’il faut réduire tous les budgets, et notamment les budgets sociaux, je dis qu’il faut mieux dépenser. Et c’est ce qu’a dit le président Brotherson ce matin, donc on se rejoint sur ça, mais par contre on ne voit pas encore la méthode », conclut Nuihau Laurey.

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