Le Paraguay a étonné le monde du beach soccer en février dernier en infligeant au Brésil une défaite historique dans une épreuve de qualification pour la grand-messe de la spécialité. Ce succès en demi-finale des éliminatoires sud-américaines ne sera pas suivi du titre, qui reviendra à l’Argentine, mais il aura au moins permis aux Albirrojos de décrocher un billet pour Tahiti 2013, leur première phase finale mondialiste.
L’équipe guarani avait déjà donné des signes de progrès en novembre 2012, en conquérant au Pérou les premiers Jeux Bolivariens de beach soccer, notamment au détriment du Salvador et du Venezuela, deux formations présentes à la Coupe du Monde de Beach Soccer de Ravenne. Ces deux succès ont été échafaudés par une seule et même personne, le sélectionneur Cayo Villalba, membre du précédent staff, qui a pris en main l’équipe un mois avant le premier sacre paraguayen sur le sable.
« Le secret de la réussite ? En fait, il n’y en a pas. C’est un groupe qui travaille ensemble depuis longtemps, qui s’inscrit dans un projet à long terme », explique Villalba au micro de FIFA.com. « Le Paraguay a pris très au sérieux le beach soccer. On a construit beaucoup de terrains et de nombreuses compétitions sont organisées pendant l’été. Nombre de footballeurs se sont rapidement adaptés à cette discipline, mais c’est également quelque chose de culturel. En province, on joue beaucoup pieds nus, ce qui offre une sensibilité particulière. En plus, nous avons beaucoup travaillé l’aspect physique. Donc les résultats n’ont rien d’illogique », ajoute l’entraîneur de 62 ans.
Sur le plan footballistique, Villalba met en avant les mérites du groupe qu’il préside. « D’une part, les joueurs ont compris que dans ce sport, la priorité c’est le collectif. D’autre part, ce sont de vrais compétiteurs. Avant la fameuse demi-finale contre le Brésil, beaucoup disaient qu’on devait éviter de se dépenser pour pouvoir jouer à fond la finale pour la troisième place contre l’Équateur, mais moi j’ai dit à mes joueurs qu’il fallait jouer la gagne », affirme l’ancien milieu droit qui, avant de passer au beach soccer, gagnait sa vie sur les terrains de futsal.
Pour le natif d’Encarnación, cette rencontre face au Brésil illustre le style du Paraguay. “Notre priorité consiste à bloquer l’adversaire avant même de penser à marquer. Ici, toute erreur se paie comptant, donc nous préférons forcer les autres à commettre des fautes plutôt que de les commettre nous-mêmes. La dépense physique est importante, mais nous avons un banc assez long ».
Tahiti en point de mire
Le Paraguay a été versé dans le Groupe D aux côtés du tenant du titre, la Russie, un adversaire qui motive n’importe quelle équipe. « C’est vrai, mais il faut être prudent. Le match contre la Russie ne servira à rien si on perd les deux premières rencontres. La Côte d’Ivoire a des joueurs grands et rapides, donc ce sera un match physique. Quant au Japon, on dirait un ordinateur tellement son jeu est bien organisé. C’est toujours compliqué de le jouer. Ensuite il y aura les Russes, qui sont grands et très adroits dans la frappe. Ils n’ont aucune faille… Le but est que nous parvenions à jouer comme une équipe chevronnée alors même que nous disputons notre première Coupe du Monde », précise Villalba.
La confiance de l’homme frise parfois l’arrogance, mais le sélectionneur s’empresse de démentir ce ressenti. « Cela fait quelque temps que nous demandons constamment à nos joueurs de faire comme si tous nos adversaires étaient l’Espagne, le Brésil ou la Russie. Nous ne sommes au-dessus de personne, mais pas non plus en dessous. C’est vrai que nous manquons d’expérience, mais nous allons apprendre sur le tas », explique le stratège.
Dans un tel contexte, il est plus facile de décoder la phrase qui suit : « Je reviendrais ravi de Tahiti si le 28 septembre, jour de la finale et du match pour la 3ème place, je suis encore sur place. C’est ça notre objectif », affirme Villalba. Ne serait-ce pas une forme d’excès de confiance ? « Certainement pas. Si on n’a pas confiance en ses moyens, si on ne croit pas en son travail, mieux vaut ne pas participer à une Coupe du Monde. Ce qui compte c’est d’aborder tous les matches avec humilité et envie. Et puis de tout donner, bien sûr », conclut-il.