Édouard Fritch, Yvonnick Raffin et Michel Monvoisin ont signé ce lundi une convention relative au versement d’une subvention d’équilibre pour 2020 de 8,1 milliards de Fcfp. En contrepartie, la compagnie au tiare s’embarque dans un plan de redressement 2021-2025.
8,1 milliards, c’est plus ou moins le montant des pertes de la compagnie sur l’exercice 2020, plus ou moins le montant de son prêt garanti par l’État, plus ou moins le montant des remboursements de billets d’avion auxquels Air Tahiti Nui a dû procéder depuis le début de la crise épidémique. Entre 2019 et 2020, la compagnie avait vu le nombre de sièges vendus diminuer de 56,3%. En 18 mois de crise, ATN a perdu 30 milliards de recettes, soit l’équivalent d’une année d’activité. Et prévoit de finir l’année 2021 avec une perte nette de 7,4 milliards.
Le collectif n°4 du budget 2020 de la Polynésie avait validé, en octobre dernier, le principe de cette subvention rendue possible par le 2e PGE de l’État au Pays. Six milliards, et la transformation en subvention de l’avance en compte courant de 2,1 milliards faite par le Pays l’an dernier, et qui correspondait à six mois de loyer et de traites des 4 Boeing d’ATN. La compagnie a également bénéficié du dispositif Diese (plus de 260 millions de Fcfp depuis mars 2020), du Fonds de solidarité (144 millions depuis juin 2021) et de l’aide exceptionnelle pour la prise en charge des coûts fixes (1,2 milliard).
« On n’a pas le droit de laisser tomber notre compagnie aérienne », a répété le président du Pays avant de signer la convention. Les « petits » actionnaires qui détiennent 15% du capital n’ont pas été mis à contribution – « eux-mêmes sont à la tête d’entreprises en difficulté », explique Édouard Fritch, et permet de ne pas diluer leurs actions. Mais cet apport d’oxygène n’est pas suffisant : Yvonnick Raffin, en octobre à l’assemblée, avait chiffré le besoin total à 12 milliards. Le sujet de l’augmentation de capital « va vraisemblablement revenir sur le tapis l’année prochaine, » dit le président, et le P-Dg d’ATN, Michel Monvoisin, continue d’espérer, comme d’autres compagnies aériennes françaises, une aide plus conséquente de l’État.
En contrepartie de cette subvention du Pays, Air Tahiti Nui met en œuvre son plan de redressement 2021-2025 autour de 5 axes majeurs :
- La poursuite des mesures sociales, avec une réduction de la masse salariale de 5%, qui se poursuivra jusqu’à fin 2023. Le plan de départs volontaires a réduit les effectifs de 740 (en équivalent temps plein) à 609 aujourd’hui ; des départs qui ont concernés certains des salariés ayant le plus d’ancienneté, dont 12 pilotes, avec à la clé 1,4 milliard d’économies sur la masse salariale. Air Tahiti Nui vient juste de reprendre ses recrutements et cherche 4 officiers pilotes, alors que 4 autres sont sur le point de passer commandants de bord.
- L’amélioration du chiffre d’affaires par la progression des ventes de services tels que l’accès aux salons, le choix du siège ou la commande de repas spéciaux
- La réduction de l’inflation des coûts par plateau-repas par passager
- L’amélioration des ventes en ligne pour optimiser les coûts de distribution
- Les gains de productivité des employés au sol et des personnels navigants.
Ces nouvelles règles du jeu sur la tarification des services reflètent « une guerre des prix assez intense sur les classes économiques », dit Michel Monvoisin. Aucune décision ne serait prise sur l’avenir des liaisons les moins rentables ; toutefois l’accord passé par la compagnie inclut le maintien de liaison avec l’Asie, mais qui dit Asie ne dit pas forcément Japon. Enfin, tout versement de dividendes aux actionnaires est bien évidemment suspendu durant la durée du plan de redressement.