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Le Pays fait le bilan de dix ans d’archéologie, et veut continuer à fouiller


La direction de la Culture vient de publier le bilan d’une décennie de recherche archéologique, entre 2005 et 2015.
Une décennie pendant laquelle beaucoup a été fait pour découvrir, restaurer ou fouiller des sites anciens. L’idée est de faire comprendre, au grand public et aux décideurs, l’intérêt de ce travail, qui est loin d’être terminé.

Cinq numéros, et puis plus rien. Lancés en 2002, les « Dossiers d’archéologie polynésienne » (DAP), revue scientifique de la direction de la Culture et du Patrimoine, n’avaient pas été édités depuis 2006. La mission qui leur est dévolue est pourtant importante : diffuser, auprès des Polynésiens et vers l’extérieur, les résultats de la recherche et des fouilles menées en Polynésie, « terre privilégiée » d’archéologie, qui continue à attirer des spécialistes du monde entier.

Avec ce numéro 6 (téléchargeable en version numérique), qui a été présenté ce matin à la présidence, le jeune archéologue Anatauarii Leal-Tamarii a donc tenté, avec une cinquantaine d’universitaires et de chercheurs qui ont travaillé sur le terrain polynésien, de reprendre le cours de ce travail. Et de rattraper le temps perdu : l’ouvrage de 350 pages tire le bilan d’une décennie de recherche, entre 2005 et 2015, et présente les missions et résultats les plus marquants de la période. Objectif premier : « vulgariser les travaux scientifiques pour les rendre accessibles au grand public », précise Heremoana Maamaatuaiahutapu. Car pour le ministre, l’archéologie, au-delà de sa technicité et de son langage très spécifique, doit permettre de répondre à des interrogations culturelles et historiques de tout un chacun.

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Si 37 opérations archéologiques sont détaillées dans cette nouvelle édition du DAP, pas moins de 85 opérations ont été autorisées en dix ans. Fouilles programmées, prospections et sondages, restaurations Des missions menées pour l’essentiel aux Marquises (36% des opérations) et aux îles du Vent (32%), mais les cinq archipels ont été concernés. « L’archéologie polynésienne est plus dynamique que jamais », écrit ainsi Anatauarii Leal-Tamarii, bien décidé à faire comprendre et à faire valoir ce travail auprès des Polynésiens. « On essaie un peu de démystifier le rôle de l’archéologue, faire comprendre que ce n’est pas Indiana Jones qui va se balader avec son fouet et son chapeau, explique-t-il. C’est quelqu’un qui a une problématique, et qui tente d’y répondre avec les outils dont il dispose ».

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Des missions que le gouvernement veut confier au maximum à des archéologues polynésiens. « Il y en a, mais encore trop peu », commente le ministre de la Culture. Les opérations internationales restent donc « essentielles ». La crise Covid a eu tendance à leur fermer les portes ces derniers mois.

L’archéologie préventive « peine à s’imposer » en Polynésie
« Contrairement à l’archéologie dite programmée, l’archéologie préventive correspond à la prise en compte des sites archéologiques, historiques et légendaires susceptibles d’être détruits par des travaux liés à l’aménagement du territoire », lit-on dans le document. Or, sur la décennie, seules 4% des opérations autorisées rentrent dans cette définition. En cause : l’absence de réglementation contraignante, qui pourrait être résolue par le futur livre V du Code du patrimoine, qui est en préparation. « Il faudrait que l’on puisse avoir quasiment des fouilles préventives sur tous les chantiers, reprend le ministre. Le problème que l’on a aujourd’hui, c’est d’avoir les équipes pour le faire ».https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2021/04/ARCHEO-4-Preventive.wav?_=3

Mais il s’agit aussi d’un problème de mentalité. « Trop d’aménageurs et d’élus voient encore les archéologues comme des adversaires de la modernité alors qu’ils en sont, au contraire, des accompagnateurs », écrivent les auteurs du bilan.