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Le Pays passe à la vitesse supérieure sur le développement de Taravao

Jordy Chan, ministre des Grands Travaux, qui a fait lancé cette étude par G2P. ©C.R./Radio1

Nouvel hôpital, arrivée de Google à la Presqu’île, industrialisation de Faratea, centre administratif voire délocalisation de services… Le gouvernement a assuré, ces derniers mois, vouloir avancer sur plusieurs dossiers liés au développement du « second pôle d’activité économique de Tahiti » autour de Taravao. L’assemblée vient de valider le financement d’une étude qui doit permettre de coordonner ces grands projets. Et de faire les choix d’aménagement nécessaires, notamment en terme de voirie : la rocade de Taravao, estimée à 16 milliards, est toujours au programme.

« Pôle de convergence », pôle « d’équilibre », « second pôle d’activité »… Les termes vont et viennent au gré des discours, mais l’idée reste la même : faire de Taravao une agglomération capable de contrebalancer, au moins en partie, la prépondérance de Papeete dans l’économie de Tahiti. Cette volonté de déconcentrer, tous les gouvernements l’ont affirmée, et Moetai Brotherson en a fait un des grands axes de sa mandature, dès son premier discours devant l’assemblée, le 19 mai dernier. Depuis, chaque membre du gouvernement a fait avancer ses dossiers dans le sens du renforcement de l’activité à la Presqu’île. Des efforts qui doivent être coordonnées par une étude, pour laquelle la Commission de contrôle budgétaire et financier de l’assemblée (CCBF) a validé ce matin un budget initial de 20 millions de francs.

« Planifier » le développement, faire des choix d’aménagement

« Le développement de la zone industrielle de Faratea est aujourd’hui pratiquement entièrement bouclé, il y a Google qui va installer un data center sur la zone, et le ministre de la Santé Cédric Mercadal a également la volonté d’y développer un centre de santé amélioré*, rappelle le ministre des Grands Travaux Jordy Chan. Il y a beaucoup d’investissements qui sont prévus sur la zone, et il s’agit, grâce à cette étude, de planifier ce développement en concertation avec les communes et de voir également quelle est la volonté du Pays pour le développement et l’aménagement de la zone. »

S’ajoute à cette liste le projet de délocalisation de services du Pays. Le gouvernement a déjà commencé à déconcentrer certains services, en créant un grand « Fare Ora » réunissant divers guichets à Taravao. Mais le schéma directeur de l’immobilier du Pays, en cours d’élaboration par la DMRA (Direction de la modernisation de l’administration) doit aller plus loin en « étudiant les besoins » de chaque service… Et en décidant lesquels, à moyen terme, peuvent être entièrement délocalisées à la Presqu’île.

©Cédric Valax

La rocade de Taravao, 16 milliards au bas mot

Les prestataires choisis pour cette nouvelle étude – l’appel d’offres devrait être lancé rapidement par Grands projets de Polynésie (G2P, ex-TNAD) – devront avant tout faire le point sur l’existant : les diverses expertises menées sur les besoins en transport de la Presqu’île, les données déjà amassées par la communauté de communes Tereheamanu, qui travaille sur son schéma d’agglomération, les dossiers préparatoires des PGA et PAD… Un travail documentaire qui doit permettre d’identifier les « contraintes techniques et règlementaires » au développement de ce nouveau pôle d’activité. Point d’attention particulier : la rocade de Taravao, jugée nécessaire pour faire de cette agglomération à cheval sur Taiarapu Ouest et Est un vrai centre urbain.

Une voie qui servirait davantage à ouvrir des options d’aménagement sur la zone qu’à résorber le trafic, et qui avait déjà été l’objet d’une étude spécifique en 2009. Elle devait alors relier le PK 58 de la RT1 (l’entrée Ouest de Taravao, au niveau de la marina de la baie de Phaëton) au PK 51 de la RT2, à Faaone, côté Est, en passant au-dessus de Carrefour et des lotissements Haumaru et Hitimahana. Aucun foncier n’avait pourtant été réservé, et les prix des terrains ont depuis largement grimpé dans la zone. Le coût de cette route de contournement de deux fois une voie serait aujourd’hui estimé, au bas mot, à 16 milliards de francs.

Coûts, délais, implications environnementales et sociales

Cette étude marque donc la volonté du Pays de passer à la vitesse supérieure sur ce grand projet, en comparant, pour chaque option d’aménagement, les coûts, les solutions techniques nécessaires, l’impact environnemental, le « délai global », mais aussi les « implications sociales et économiques ».  « L’idée c’est vraiment de se concentrer sur une zone géographique qui est celle de l’agglomération de Taravao et de programmer à horizon dix ans, reprend Jordy Chan. Quels sont les principaux projets, les principales zones d’activité, quel est le réseau viaire ou du moins les moyens qui seront nécessaire pour le desservir, et comment on peut mettre en machine tout cela. »

* Le projet de nouvel hôpital de Taravao avait déjà été officiellement lancé en 2018 sous la mandature d’Édouard Fritch. En octobre dernier, comme l’avait rapporté La Dépêche, Cédric Mercadal en avait fait un « dossier prioritaire », chiffré à 12 à 28 milliards de francs et qui pourrait être basé sur un partenariat public-privé. Objectif : débuter la construction sous cette mandature. 

Tony Géros toujours pas convaincu par la Route du Sud

Personne ne l’ignore, si Tahiti venait à avoir deux pôles économiques, il leur faudrait être reliés efficacement. Difficile d’imaginer – d’autant plus au vu les péripéties actuelles du PK43 – de faire de la côte Est un grand axe de circulation. La solution est bien sûr du côté de la « Route du Sud », que le gouvernement essaie de relancer. Mais le dossier, que l’on savait déjà épineux du côté foncier, social, et financier, devrait de nouveau être un casse-tête politique. C’est ce qu’à confirmé, vendredi, le passage de Jordy Chan devant le conseil municipal de Paea. Le ministre des Grands Travaux était venu « consulter la commune » et présenter les nouvelles réflexions menées sur ce projet dont les seules réelles études à ce jour datent de 2002. Depuis le début de la mandature, le gouvernement aurait, comme le relate TNTV, « essayé d’optimiser le tracé », pour minimiser l’impact sur les populations. La Route du Sud, nouvelle cuvée, n’en serait qu’au stade des « études préliminaires », ce qui n’a pas empêché le tavana Tony Géros, forcément influent sur la majorité Tavini depuis le perchoir de l’assemblée, de montrer toute sa réticence. « Le Conseil municipal reste défavorable au projet, même remanié », lâche-t-il, catégorique, au micro de la chaîne du Pays. Une position qui avait beaucoup participé à la conquête de la mairie par le dirigeant Tavini en 2020. Au gouvernement, on sait qu’il sera très difficile, quelque soit les concessions ou le coût du projet, de la faire évoluer.

 

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