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Le Pays présente un « plan de sauvegarde de l’économie », sans confinement… pour l’instant

Les partenaires sociaux arrivant à la présidence. Au centre, Chrisotphe Plee, de la CPME et Patrick Bagur du Medef. ©PrésidencePF

Lors d’une rencontre avec les partenaires sociaux, le gouvernement a mis sur la table, ce vendredi soir, onze mesures de soutien aux entreprises et à l’emploi. Syndicats et patronat, qui en avait proposé 15 quelques heures plus tôt, saluent la plupart des dispositions, mais s’accrochent à une demande « indispensable » : le confinement de l’ensemble de la population dès lundi, assorti du versement d’un revenu minimum de solidarité. Les discussions doivent se poursuivre sur ces points.

Plus de 48 heures qu’ils attendaient cette rencontre. Ce mercredi, en fin d’après-midi, les organisations patronales et syndicales étaient invitées au gouvernement. Sur la table, la liste de 15 propositions de mesures d’urgence diffusées quelques heures plus tôt par les organisations syndicales et patronales. À cette liste, le gouvernement a, après plusieurs jours de préparation, opposé son propre « plan de sauvegarde économique » : 11 mesures destinées à soutenir les entreprises et l’emploi durant cette crise sanitaire. Parmi les secteurs désignés comme « prioritaires » : le tourisme et les loisirs (hébergement, restauration, activités…), les transports, la perliculture, la formation, les crèches et garderies.

Fritch écrit à Macron pour demander l’application des mesures nationales au fenua

L’essentiel du plan est donc tourné vers les entreprises. Paiement accéléré des dettes de l’administration, moratoire sur certains impôts (IS, IT, patentes) et sur les cotisations patronales, rééchelonnement de dettes sans pénalités (la mesure doit être confirmée par les banques), exonération de taxes ou encore refonte des CAE-CSE pour les adapter à la crise… Une liste qui, sans surprise, commence et se termine par un appel à la solidarité nationale : le Pays demande à Paris l’application de certaines des mesures métropolitaines économiques d’urgence  au fenua, ainsi qu’une première avance de trésorerie de 10 milliards de francs. Un courrier a été envoyé dans ce sens par Édouard Fritch au président Macron mardi.

Le confinement « passage obligé » pour le patronat et les syndicats

Satisfaction chez les partenaires sociaux ? Pas vraiment. Car si beaucoup de ces mesures résonnent avec leur discours, le cœur de leurs propositions n’y est pas : la mise en confinement général de la population polynésienne, « dès le lundi 23 mars ». Patronat et syndicats, prévoyant « une crise sanitaire et sociale d’ampleur » demandaient en parallèle l’allocation par la collectivité d’un revenu minimum de solidarité. Soit 120 000 francs par mois net, à tous les salariés et entrepreneurs « empêchés de travailler ». « Le confinement, c’est un passage obligatoire, le virus est déjà ici, il faut l’empêcher de se propager pendant qu’il est encore temps, et aider les familles à survivre en attendant que ça passe », exhortait ainsi Patrick Galenon, de la CSTP-FO, plus tôt dans la journée.

Pas dans les plans des autorités pour l’instant : alors que le nombre de cas de coronavirus confirmés est passé de 3 à 5, puis 6 dans la journée, Édouard Fritch et le Haut-commissaire Dominique Sorain ont seulement appelé à limiter les déplacements, et interdit toute entrée de non résident sur le territoire jusqu’à nouvel ordre. Pour Christophe Plée, patron de la CPME, il faut « monter d’un cran », et vite.

Demande de chiffrage sur le « revenu de solidarité »

Mais à entendre certains participants à la réunion, où étaient aussi présents Teva Rohfritsch, Jacques Raynal et Nicole Bouteau, le gouvernement n’est pas insensible à l’idée du confinement. « Le président Fritch a bien dit qu’il était d’accord sur le principe, mais il attend de voir des chiffres sur le coût de ces mesures », explique ainsi Christophe Plée, le patron de la CPME. Des chiffres que les partenaires sociaux sont bien décidés à fournir au Pays, dès demain, lors d’une réunion prévue à 14 heures. Il s’agirait de plusieurs milliards de francs par mois.

Alors, confinement ou pas ? Ce matin, le Haut-commissariat laissait entendre que c’était l’évolution de l’épidémie, et non les revendications des uns et des autres, qui motiverait la montée en puissance des mesures de protection sanitaires. L’exécutif, lui, insistait sur le fait qu’à l’heure actuelle, les cas de coronavirus de Polynésie étaient « importés », et pas issus d’une circulation locale incontrôlée. De nombreuses personnes ont été placées en isolement et en surveillance ces dernières heures : le résultat de leur dépistage pourrait être décisif.

La CCISM lance une enquête en ligne sur les entreprises en difficulté

La chambre de commerce et d’industrie a mis en ligne un questionnaire pour « recenser les difficultés des entreprises et commerces polynésiens » afin « d’agir en fonction des remontées ». Baisse de fréquentation, absence de collaborateurs, gestion de trésorerie, délais … « Il est nécessaire d’identifier les besoins et difficultés, afin de travailler au mieux avec le Gouvernement », assure la CCISM. « Nous avons un rôle à jouer pour aider à traverser ces difficultés et anticiper l’après crise, précise son président, Stéphane Chin Loy. Nous tenterons d’apporter les bonnes réponses et aides aux entreprises en difficultés en les informant via nos sur les dispositifs d’aide et d’accompagnement qui seront mis en place par le Gouvernement ».

 

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