Grands projets de Polynésie (G2P) a commandé une étude de faisabilité pour un nouvelle route à 80 km/h entre le PK30, côté Papara, et Faratea, en contournant la zone urbaine de Taravao. Une voie qui doit permettre d’assurer une meilleure desserte, et surtout un développement plus efficace du pôle économique de la Presqu’île, plus que jamais promu par le gouvernement. Le projet, pas encore chiffré, pourrait aussi constituer un tronçon de la future route du Sud.
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Le gouvernement Brotherson, et son ministre des Grands Travaux Jordy Chan avaient mis la réflexion au premier rang de leurs priorités dès leur prise de fonction. Pour désengorger Papeete et créé de nouveaux espaces de développement, il faut faire de Taravao un pôle économique capable de « contrebalancer », au moins en partie, le poids prépondérant de la zone urbaine actuelle dans l’économie de Tahiti. Rien de neuf dans l’idée, débattue depuis des décennies, mais plusieurs annonces, ces derniers mois, qui laissent espérer du concret.
Au développement de la zone d’activité de Faratea, lancée sous l’ancienne mandature, s’ajoutent ainsi l’implantation à venir de Google à la Presqu’île, les projets de délocalisation d’administration – pour l’instant davantage au stade de la déconcentration avec le nouveau Fare Ora de Taravao -, ou les plans du pôle de santé public-privé pour renforcer l’hôpital actuel… Mais si ce pôle économique Sud – « pôle de convergence » pour les uns, « d’équilibre » pour les autres – vient à prendre de l’ampleur, il butera rapidement sur la question de sa desserte. « Un tel développement envisagé au sud de l’île sera générateur d’un trafic routier significatif et notamment de poids lourds, conséquence des flux commerciaux inévitables avec l’agglomération au Nord », notent les autorités.
Un constat qui encourage, bien sûr, à accélérer le pas sur la « route du Sud » nouvelle version, déjà explorée, côté Punaauia, par le ministère de Jordy Chan. Mais il impose aussi de travailler sur une voie d’approche et de contournement de Taravao. C’est l’objet de l’appel public à concurrence lancé fin septembre par Grands Travaux de Polynésie (G2P).
Rediriger le « trafic de transit », et ouvrir des nouvelles possibilités de développement
Pour l’établissement public – bras armé du ministère des Grands Travaux dans ce genre d’opérations – il ne s’agit pour le moment que de commander une « étude de faisabilité » mais sur un projet d’ampleur : une nouvelle route qui bifurquerait de la RT1 au PK30 de Papara, côté Ouest, pour rejoindre Faratea, de l’autre côté de l’agglomération de Taravao, en évitant les zones les plus urbanisées. Cette « voie rapide », une 2×1 voie limitée à 80 km/h et sans « accès riverains », serait « dimensionnée pour recevoir à la fois des véhicules légers et poids lourds », afin de « délester » la route de ceinture du trafic de transit pour la réserver à la « desserte locale ». Seule des bretelles, déjà proposées dans des plans précédents, seront maintenues.
Car l’idée de cette voie rapide d’accès et de contournement à Taravao a bien déjà été étudiée, entre 2000 et 2009 dans le cadre du projet de Liaison Ouest Papeete – Taravao, devenu projet Te Ara Nui. Une étude d’avant-projet sommaire avait même été réalisée en 2005 spécifiquement sur la rocade de Taravao. L’étude de faisabilité à venir ne partira donc pas d’une feuille blanche.
Il s’agira tout de même, pour les cabinets choisis, de lister à nouveau les contraintes techniques, foncières et règlementaires afin de proposer un à trois tracés pour cette nouvelle liaison routière. Dans chaque scénario, le Pays demande des comparaisons avec les emprises foncières déjà réservées, dans le cadre du projet Te ara Nui, au PGA de Papara, des estimations des surfaces de terrains privées à acquérir pour le Pays, des programmations d’opérations routières… Et bien sûr des estimations de coûts. Un coût qui sera quoiqu’il arrive important : en février dernier, Jordy Chan expliquait que la seule rocade de Taravao, entre la baie de Phaëton et Faaone, qui a l’intérêt d’ouvrir de nouvelles possibilités de développement sur les hauteurs de l’agglomération, se chiffrait au moins à une quinzaine de milliards de francs.