ACTUS LOCALESENVIRONNEMENT

Le Pays va abattre trois maru maru avant dimanche

En s’appuyant sur les premières conclusions d’une étude diligentée en novembre, et en réaction aux deux chutes d’arbres survenues en ce début de semaine, le Pays va abattre trois maru maru avant le Hiva Vaevae Arearea, organisé le dimanche 4 août. Situés face à la gare maritime pour deux d’entre eux, et sur le parking de l’ancien Pitate pour le troisième, ils font partie d’une liste de vingt arbres condamnés à être abattus dans les trois mois, sur les 480 étudiés à Papeete. En compensation, de nouveaux plants seront mis en terre.

Depuis novembre 2023, les 480 arbres gérés par le Pays sur la commune de Papeete ont fait l’objet d’un véritable diagnostic. Cette mission, initiée après la chute d’un maru maru sur l’avenue Pouvanaa a Oopa, le 30 octobre dernier, a été confiée à Matthieu Gauthier, consultant en arboriculture ornementale, chargé d’identifier les faiblesses des essences. « Nous avions deux objectifs », rappelle le ministre des Grand travaux Jordy Chan : « préserver notre patrimoine naturel et identifier les arbres qui posent un danger pour nos concitoyens. »

Carte d’identité

Chaque arbre a été passé au crible, pour lui établir une carte d’identité. Destinée à assurer le suivi de l’abre au long-terme, elle comprend 36 données, comme l’essence, la hauteur, le diamètre, la forme physiologique, la mécanique ou les facteurs environnementaux « comme les revêtements de sol, les réseaux, les lampadaires autour… » Ce premier diagnostic – plus de 17 000 données au total – a été suivi, si nécessaire, d’une investigation plus poussée, « avec des appareils comme un résistographe, qui nous permet de mesurer la qualité et la quantité de bois à l’intérieur de l’arbre », détaille le prestataire.

Si ce diagnostic, chiffré à 5 millions de francs, est toujours en cours de réalisation, le ministère des Grands travaux et de l’Équipement a pris connaissances des premières conclusions de l’expert il y a quelques jours. Il apparaît que, sur les 480 arbres examinés, 460 sont en bonne santé. Les vingt restants présentent « des défauts majeurs » et doivent être abattus, « pour des problèmes variables, même si l’origine humaine directe ou indirecte reste l’un des principaux facteurs », note le consultant. Jordy Chan cite notamment « des travaux souterrains effectués il y a plusieurs dizaines d’années dont nous récoltons les fruits » pourris.

« L’abattage d’un arbre est uniquement utilisé en dernier recours »

Parmi les troncs à marquer d’une croix rouge, des cassias javanica, trois cocotiers, un uru, un caïmitier et trois maru maru présentant des risques. L’un deux est considéré comme à forte valeur patrimoniale, car situé sur l’avenue Pouvanaa a Oopa, à l’entrée du parking du Pitate. Il pourrait dater des années soixante, selon l’expert. « Nous avons repéré un gros défaut à ras le sol : il y a une cavité conséquente et l’arbre a une physiologie ralentie », car entouré « de gravier et de goudron », sur « un sol peu vivant » et privé « de faune et de flore ». « Il est donc beaucoup plus dur pour lui de réagir à un stress extérieur et son défaut s’agrandit chaque année. Son potentiel de maintien est donc très limité », poursuit Matthieu Gauthier.

Les deux autres maru maru, moins anciens mais non moins emblématiques, sont plantés sur le front de mer, face à la gare maritime. D’ici dimanche, ils ne seront plus qu’un souvenir pour les automobilistes habitués à emprunter ces artères, puisque le ministères des grand travaux a décidé de les scier de nuit, avant l’organisation du Hiva Vaevae Arearea, qui verra défiler plus de 2 000 participants sur le boulevard Pomare, sous les yeux de 5 000 à 8 000 spectateurs.

Outre l’argument de la sécurité autour d’un évènement d’ampleur, le ministre concède que cet empressement est motivé par les évènements du début de la semaine, le décès d’un jeune militaire à Paofai et l’accident d’un couple à Prince Hinoi. Les dix-sept autres arbres concernés seront abattus sous trois mois. « L’abattage d’un arbre est uniquement utilisé en dernier recours, lorsqu’il n’y a aucun autre moyen de le sauver. Nous voulons éviter ces opérations au maximum », tient à souligner Jordy Chan. Il cite l’exemple de certains maru maru du terre-plein central sur le front de mer, dont les branches sont basses, ce qui génère un risque pour les poids-lourds : « On ne va pas les couper pour ça, on demande aux véhicules hauts de circuler à droite ».

Replanter malin

Le bois coupé, notamment celui des maru maru, sera revalorisé via le Centre des métiers d’arts. Sensible à l’intérêt patrimonial et environnemental de ces « climatiseurs naturels », Jordy Chan assure que de nouvelles plantations viendront compenser ces vingt pertes. « La réflexion est en cours », complète Matthieu Gauthier, qui parle d’un « vrai travail à faire là-dessus, sur quel type d’espèce planter en fonction de son adaptabilité, de son potentiel de développement, de l’endroit où la planter ou de ses contraintes ornementales ». Selon lui, il est encore possible de planter des maru maru en ville, « à condition de comprendre que c’est un arbre de gros développement, qu’il faut suivre toute sa vie ».

D’autres communes à l’étude ?

A terme, il est envisagé d’étendre l’étude à d’autres communes. Selon le ministre, « nous avons priorisé Papeete, car c’est la ville où nous avons le plus d’arbres patrimoniaux, et où il y a le plus de trafic. Une fois que Papeete sera sécurisé, on étendra progressivement le programme ».

Les premières données qui en sont issues serviront aussi à déterminer de futures actions. Il est notamment prévu de réaliser des prescriptions techniques lors de travaux, de former et sensibiliser les différents acteurs du BTP ou encore de protéger certains arbres susceptibles d’êtres victimes de chocs, autour d’un parking par exemple. « Nous ne voulons pas réitérer les bêtises du passé, c’est déjà un grand pas en avant pour le futur », assure le ministre.

L’arbre tombé mardi n’était pas jugé à risque

Le maru maru tombé lundi à Paofai sur un jeune homme ne faisait pas partie de l’étude, puisque planté sur une rue relevant de la responsabilité communale. En revanche, le cassia qui a chuté mardi sur Prince Hinoi, causant des dégâts sur un pick-up, avait bien été ausculté ces six derniers mois, sans avoir été inscrit sur la liste des arbres à abattre pour autant. « Le défaut se trouvait à -70 cm. Mécaniquement, le tronc était en très bonne santé, la partie aérienne aussi. C’était un défaut difficilement décelable, comme tout ce qui est souterrain », explique Matthieu Gauthier. Preuve qu’il est parfois très difficile de prévenir un incident. De nouveaux tests vont donc être mis en place sur les arbres de la zone, avec notamment des exercices de traction, via des cordes destinées à observer les réactions de l’arbre lorsqu’il est soumis à une force extérieure.

Article précedent

Enseignants polynésiens affectés en métropole : « c’est révoltant », dit le ministre

Article suivant

Les fonctionnaires d’État suspendent leur préavis de grève

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Le Pays va abattre trois maru maru avant dimanche