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Le PIB chute de 7,6% en 2020

Nicolas Prudhomme, directeur de l’ISPF @CP/Radio1

L’Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF), l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) et l’Agence française de développement (AFD) ont présenté ce jeudi les comptes économiques rapides du territoire pour l’année 2020. Le PIB polynésien se contracte de 7,6%, alors que le rebond attendu en 2021, dont l’élan a été freiné par le deuxième confinement, ne devrait permettre qu’un rattrapage de 2 points en 2021.

Le produit intérieur brut polynésien affiche une baisse de 7,6% par rapport à 2019. Moins que la chute de 10% que craignait le gouvernement, moins qu’après la crise financière de 2008 ou en 2017, et similaire à la baisse au niveau hexagonal (-7,9%). Mais c’est aussi la plus importante dégradation économique jamais observée depuis l’ouverture du CEP dans les années 60, la première occurrence de croissance négative depuis 2013, et le plus mauvais résultat de tous les outre-mers français. Le directeur de l’ISPF Nicolas Prudhomme l’explique, notamment, par les amortisseurs sociaux disponibles dans les départements d’Outre-mer mais pas en Polynésie, et surtout par la forte demande touristique qu’ont connu les Antilles.

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Deux facteurs principaux à l’œuvre dans cette perte de PIB, qui représente environ 49 milliards de Fcfp. D’abord une forte baisse des dépenses touristiques (-54%), et des exportations (-13,8%) ; ensuite la baisse de la consommation des ménages, que ce soit en raison de pertes d’emplois ou d’heures travaillées – un tiers des foyers a été touché -, ou pour constituer une épargne de précaution. L’épargne nette en Polynésie (dépôts – endettement) se chiffre à 37,2 milliards : « un réservoir de croissance non négligeable ».

Cette chute du PIB a toutefois été amortie par les dispositifs de sauvegarde de l’économie qui ont été mis en place : 60 milliards de Fcfp par l’État, autant par l’IEOM dans le cadre de sa politique monétaire accommodante, et 12 milliards de Fcfp par le Pays. Ces aides ont représenté 14% du PIB en Polynésie, contre 9,5% en France. Autre amortisseur, l’investissement public qui maintient son niveau (+5,9% en 2020 contre 6% en 2019). Enfin, les ménages consomment moins, mais ils investissent plus qu’en 2019 (+5%, notamment via les aides à l’aménagement), et les entreprises aussi (+4%).

Une inflation encore maîtrisée

Si la France l’inflation depuis un an est estimée à 1,9%, en Polynésie elle est de 1,2%. Mais la hausse des matériaux et des hydrocarbures, alimentée par une demande mondiale qui repart, pourrait faire grimper l’indice des prix dans les prochains mois : le prix de l’essence à la pompe a déjà été majoré de 5 Fcfp par deux fois, au 1er avril et au 1er juillet 2021, et de nouvelles hausses semblent inévitables  – mais elles signifient aussi une reprise des rentrées fiscales du Pays.

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Mais, souligne Nicolas Prudhomme, « l’inflation n’est pas toujours mauvaise » : elle peut constituer une fenêtre d’opportunité et pousser entreprises et ménages à l’investissement plutôt qu’à laisser les fonds dormir en banque, tant que les taux d’intérêt encore très bas ne sont pas revus à la hausse pour prendre en compte l’inflation montante.

Un rebond « fragile » de 2% au mieux en 2021

Si l’Hexagone prévoit une croissance de l’ordre de 6,25% en 2021, « ce ne sera pas forcément le cas pour la Polynésie française » : le rebond prévu ne devrait être que de 2%. Nicolas Prudhomme estime qu’il faut être attentif à quel type de croissance sera favorisé pour réduire la dépendance au tourisme.

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Le plan de relance de 80 milliards de Fcfp est essentiellement limité à 2021. Les premières estimations sur 2021 font état d’une faible hausse de la fréquentation touristique (+10% par rapport à 2020), des exportations en hausse de 15%. La consommation des ménages devrait croître légèrement (+1%) avec le regain d’activité et d’emploi. Parmi les inconnues, le nombre d’entreprises qui vont disparaître : les radiations d’entreprises, maintenues en vie par les aides, avaient diminué de 60% en 2020, mais là aussi un rattrapage semble inévitable. L’assainissement des finances publiques des récentes années a permis à la Polynésie d’être « dans une situation très saine » en entrée de crise, et la Polynésie a pu emprunter, mais la dette reste à un niveau très bas (21% du PIB) : « ça reste faible, et soutenable », notamment en raison de la durée longue des nouveaux emprunts (25 ans), dit la directrice de l’AFD Céline Gilquin. Et le directeur de l’IEOM Fabrice Dufresne met en garde contre une rigueur budgétaire trop forte : « Il ne faut pas refaire l’erreur d’après 2008 ».