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Le prédicateur de Taha’a aux assises

La cour d'assises de Papeete © Radio 1

Les jurés de la cour d’assises de Papeete se penchent depuis mardi et jusqu’à mercredi sur la seule affaire de violences de la session. Les faits remontent à septembre 2013. Michel et Gaston, deux pêcheurs sans histoire de Taha’a, s’étaient disputés au sujet d’un parc à poissons. Dispute qui s’était terminée par un unique coup mortel.

Le 6 septembre 2013 sur l’île de Taha’a, Michel, pêcheur et agriculteur âgé de 56 ans, avait retrouvé ses amis après une journée de travail. Parmi eux, Gaston, également pêcheur, avait taquiné Michel sur les irrégularités administratives de son parc à poisson. La victime avait affirmé vouloir prendre possession du parc de l’accusé. Ce dernier s’était alors levé et avait bousculé Gaston avant de lui asséner un unique crochet du droit au menton. Gaston s’était effondré. Michel l’avait d’abord cru assommé et avait tenté de le réanimer en lui passant de l’eau sur le visage. Après dix minutes sans réaction, Michel avait fait appeler les secours qui n’avaient pu que constater le décès de Gaston. L’autopsie réalisée plus tard avait déterminé un lien de causalité entre le coup et l’hémorragie qui avait causé la mort de Gaston.

Un accusé sans histoire

« C’est un accident de parcours », a affirmé l’expert psychiatre mardi matin devant la cour d’assises de Papeete.  Ce dernier a décrit l’accusé comme quelqu’un de normal sans troubles psychiatriques qui a « réagit sous la colère ». Du côté de l’enquête de personnalité, même son de cloche. Michel est très apprécié à Taha’a où parallèlement à son activité de pêcheur, il est prédicateur pour l’église protestante. A l’âge de 40 ans, l’accusé a renoncé à l’alcool en signant à la croix bleue et mène depuis une vie simple sur son île natale. « J’ai commis une erreur », a affirmé l’accusé devant les jurés. Des regrets qu’il avait déjà exprimé devant les gendarmes durant sa garde à vue. La victime, Gaston, a un profil identique à l’accusé. Il était très apprécié des habitants « jovial et il aimait partager son savoir avec les autres ». Son seul défaut était son penchant pour l’alcool et « ses piques » lancés une fois alcoolisé. Ce sont ces piques sur le parc à poisson de Michel qui l’ont fait basculer. L’expert a indiqué aux jurés que la seule explication de ce geste réside dans le fort attachement que l’accusé a pour son mode de vie représenté par son activité de pêche. Six témoins doivent être entendus mardi et mercredi avant le délibéré des jurés. L’accusé risque 15 ans de réclusion criminelle pour violence ayant entraînée la mort sans intention de la donner.