AFPINTERNATIONALMONDE Le pro-occidental Volodymyr Groïsman nommé Premier ministre en Ukraine AFP 2016-04-14 14 Avr 2016 AFP Kiev (AFP) – Le pro-occidental Volodymyr Groïsman a été nommé jeudi Premier ministre pour mettre fin à la crise politique en Ukraine et débloquer l’aide occidentale à ce pays ravagé par un conflit armé et par l’impasse économique. 257 députés – 226 étaient nécessaires – ont voté en faveur de la résolution confirmant la nomination de M. Groïsman, président du Parlement et allié du président Petro Porochenko, en remplacement d’Arseni Iatseniouk, critiqué pour la lenteur des réformes et des scandales de corruption. Avant le vote, M. Groïsman devenu à 38 ans le plus jeune Premier ministre de l’histoire de l’Ukraine, a promis d' »accélérer les réformes européennes » et la lutte contre la corruption qu’il a citée parmi les principales « menaces » pour cette ex-république soviétique. « Je jure que ce gouvernement (…) ne montrera aucune tolérance à l’égard de la corruption! » a-t-il lancé. M. Groïsman a aussi mis en garde contre « le populisme, qui représente une menace pour l’Ukraine non moindre que l’ennemi dans l’est de notre pays », en référence aux séparatistes prorusses, ce qui a suscité les applaudissements des députés. Peu avant le vote, le président Porochenko avait pour sa part assuré les députés que le nouveau cabinet poursuivrait la politique d’intégration européenne. – Coopération avec le FMI « impérative » – Le chef de l’Etat a aussi souligné la nécessité « impérative et sans alternative » pour le nouveau gouvernement d’obtenir la reprise de l’aide financière occidentale suspendue depuis des mois en raison notamment de la crise politique, le travail du gouvernement étant de facto bloqué après une motion de censure avortée en février. La reprise de ce soutien financier dont la part de lion relève du Fonds monétaire international (FMI) est pourtant cruciale pour l’Ukraine, en proie à une gravissime crise économique et à un conflit armé avec les séparatistes dans l’Est, qui a fait près de 9.200 morts et 1,5 million de déplacés en deux ans. « Nous devons passer d’une stratégie de survie, absolument justifiée dans les années 2014-2015, à une stratégie de croissance accélérée », a fait valoir M. Porochenko. La procédure de vote – notamment le fait d’entériner la démission de M. Iatseniouk et la nomination de son successeur par la seule et même résolution – a suscité des critiques de certains députés, y compris ceux du camp présidentiel dont plusieurs membres ont refusé de voter. Pour obtenir la nomination du nouveau Premier ministre et pallier le manque de voix, la coalition a dû faire appel à une quarantaine de députés proches des oligarques, déclenchant également les critiques de parlementaires qui ont dénoncé un « complot ». Cette situation met en lumière la fragilité du soutien parlementaire pour le nouveau cabinet, ce qui risque de le rendre dépendant de la coopération avec les oligarques pourtant accusés par beaucoup de s’enrichir aux frais de la population. Autre problème qui inquiète les experts: M. Groïsman, ancien maire, manque d’expérience à l’échelle nationale et de la fermeté nécessaires pour mettre en oeuvre des réformes difficiles et bon nombre de ses ministres semblent avoir été choisis en fonction de compromis politiques plutôt que grâce à leurs qualités professionnelles. Son gouvernement « sera probablement moins réformateur et compétent » que le précédent, a écrit sur son blog le Suédois Anders Aslund, spécialiste de l’économie ukrainienne. Plusieurs ministres réformateurs, notamment d’origine occidentale, ont en effet quitté l’exécutif avec M. Iatseniouk, dont la ministre des Finances d’origine américaine Natalie Jaresko, très appréciée des Occidentaux. Par un vote séparé, les députés ont approuvé la nouvelle composition du gouvernement, reconduisant notamment les ministres des Affaires étrangères Pavlo Klimkine et de la Défense Stepan Poltorak proposés par le président. Le poste de la Santé reste vacant. M. Groïsman dirigeait depuis fin 2014 le Parlement ukrainien, après avoir été pendant plusieurs mois vice-Premier ministre au sein du gouvernement de M.Iatseniouk. Avant son arrivée au gouvernement dans la foulée du soulèvement pro-européen du Maïdan, ayant débouché en février 2014 à la chute du régime prorusse, il avait été pendant huit ans maire de Vinnytsya, ville de 370.000 habitants dans le centre-ouest de l’Ukraine, considérée comme place forte du président Porochenko. © AFP GENYA SAVILOVVolodymyr Groïsman après sa nomination comme Premier ministre le 14 avril 2016 au parlement à Kiev Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)