ACTUS LOCALESCULTURE « Le Prophète » de Khalil Gibran traduit en reo tahiti Caroline Perdrix 2023-10-20 20 Oct 2023 Caroline Perdrix ©CP/Radio1 Traduit dans plus de 40 langues, le chef d’oeuvre de Khalil Gibran, Le Prophète, qui fête les 100 ans de sa parution cette année, est à présent traduit en reo tahiti, grâce aux élèves et professeurs de langues polynésiennes de l’Université de Polynésie française. Un travail de sept mois, avec l’appui du Fare Vanaa, qui a permis aux étudiants de découvrir cette œuvre majeure et de la proposer à présent aux Polynésiens. Le Prophète de l’auteur libanais Khalil Gibran fête ses 100 ans cette année, et le consul honoraire du Liban Joseph Maroun a voulu réunir son pays natal et son pays d’adoption en proposant au département de langues, littératures et civilisations polynésiennes de l’UPF de réaliser une traduction en reo tahiti. Karine Léocadie a mobilisé ses étudiants de 1ère et 2e année de licence pour réaliser ce travail, « un vrai partage » entre les élèves, les plus anciens aidant les plus jeunes à trouver le langage plus soutenu que nécessitait la traduction. Aucun ne connaissait le livre auparavant, « et j’ai trouvé que le livre méritait vraiment d’être traduit, dit-elle, parce que les valeurs universelles qu’il met en avant valent aussi pour le peuple polynésien. On parle de la naissance, du mariage, de l’enseignement, de la place des parents, de la mort… » « Un premier pas, il faudrait qu’il y en ait d’autres » Les représentants du Fare Vanaa, qui ont été consultés par les élèves, ont salué cette « valorisation de la langue tahitienne » : « c’est un premier pas, il faudrait qu’il y en ait d’autres ». Karine Léocadie souligne que les élèves des archipels éloignés souhaiteraient adapter Le Prophète dans leurs propres langues. L’art de la traduction est une partie importante de l’enseignement du reo tahiti, a rappelé la représentante de la vice-présidente et ministre de la Culture : « le métier de traducteur sera bientôt très sollicité par la nouvelle gouvernance pour traduire tous les documents administratifs en tahitien. Pour le moment nous ne sommes que deux, c’est insuffisant. » Pour Mirose Paia, vice-présidente de l’Université, cette expérience devrait être renouvelée, et ne pas se limiter à la littérature : les étudiants souhaitent aussi s’attaquer aux revues scientifiques, par exemple, « pour pouvoir créer une métalangue, une terminologie propre aux langues polynésiennes, mais aussi pour pouvoir diversifier les savoirs. C’est non seulement trouver des nouveaux mots pour de nouveaux concepts, mais aussi retrouver des mots anciens et leur donner un sens plus moderne. » « Un ouvrage qui prêche l’amour et la fraternité universelle » Très ému, Joseph Maroun qui est à l’origine de ce projet ambitieux, a cité ce passage du livre : « Et je dis que la vie est ténèbres, en effet, sans un désir ardent. Et tout désir ardent est aveugle, s’il n’y a pas connaissance. Et toute connaissance est vaine, s’il n’y a pas travail. Et tout travail est vide, s’il n’y a pas amour. Et lorsque vous travaillez avec amour, vous liez vous-même à vous-même, et aux uns et aux autres, et à Dieu. » Il a remercié les étudiants et leurs enseignants : « C’est la beauté d’un ouvrage qui prêche l’amour et la fraternité universelle. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/10/Prohete-Reo-1.wav C’est en réalité un livre dont l’auteur avait commencé la rédaction à 15 ans, en langue arabe, avant de le remanier plusieurs fois et d’en livrer une version finale en anglais. Gibran voulait délivrer un message de paix universelle. Il se définissait comme « un Chrétien qui a logé Mahomet dans une moitié de son cœur », et quand il commence l’écriture du Prophète, c’est l’union des religions qui l’inspire, mais aussi les philosophies orientales et l’héritage grec. Le livre est composé de 26 leçons de vie énoncées par le sage Al Mustafa, à la manière de Zarahoustra. Dès sa sortie en 1923, Le Prophète fut un immense succès, dont les principes intemporels, l’optimisme et l’espoir ont conquis des millions de lecteurs à travers le monde, au fil des traductions. Elvis Presley qui l’avait découvert en 1956, l’offrait à ses amis. Johnny Cash et John Lennon s’en sont inspiré pour certaines chansons. Gandhi et John F. Kennedy l’ont cité dans leurs discours. Aujourd’hui ce monument de la littérature mondiale est donc également accessible aux Polynésiens dans leur propre langue. ‘Ei Parau no Gibran est disponible en consultation à la bibliothèque universitaire, et sera distribué dans les écoles grâce à un accord avec la DGEE. Les lecteurs qui souhaitent s’en procurer un exemplaire peuvent contacter Joseph Maroun en écrivant à arzlebnaan@gmail.com Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)