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Le rapport qui accable le TNAD

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La chambre territoriale des comptes a rendu public, lundi matin, son dernier rapport d’observation sur le principal établissement d’aménagement du Pays, le Tahiti Nui aménagement et développement (TNAD). Un rapport accablant qui épingle tout particulièrement le manque de transparence et la mauvaise gestion des énormes opérations financières de l’établissement (Hôtel des familles, Royal Papeete, Cook’s Bay…).

Lors de sa création en 2002, l’établissement s’appelait EGT, établissement des grands travaux, puis EAD en 2008, établissement d’aménagement et développement, et enfin EAC en 2011, établissement d’aménagement et de construction. Avant de devenir le TNAD en 2013 au retour de Gaston Flosse à la présidence. Dans son rapport portant sur les exercices 2008 à 2013, la chambre territoriale des comptes présente le TNAD comme le « bras armé » du gouvernement pour la réalisation des grands travaux du pays. On lui doit notamment la construction de l’hôpital, la gestion des projet de la route Te Ara Nui ou encore celle du projet Mahana Beach.

Sur le plan financier, la chambre explique que le TNAD ne bénéficie plus d’une taxe affectée qui lui garantissait 1,5 milliards de Fcfp par ans. Mais elle dépend aujourd’hui uniquement des commandes publiques du Pays. Les premières critiques s’abattent sur la « gouvernance » du TNAD que la chambre juge « chaotique ». La chambre relève que les achats immobiliers de l’établissement ne font pas l’objet d’une transmission à l’assemblée, alors que cette procédure est obligatoire depuis 2007 pour les achats immobiliers du Pays. Le juge financier estime donc que cette procédure permet au gouvernement de se « soustraire à la réglementation ». Autre constat, celui d’un énorme turn-over dans les effectifs. Et ceci également auprès de la direction. Trois directeur ont été licenciés entre 2008 et 2013. Le poste est alléchant, puisque la rémunération des dirigeants du TNAD, qui est restée stable entre 2008 et 2013, se situe autour de 1,8 million de Fcfp par mois, sans comptez les avantages en nature…

Trois acquisitions immobilières épinglées

Les critiques les plus vives portent sur trois acquisitions immobilières par le TNAD. La première porte sur la construction de l’hôtel des familles ouvert en mai 2011. Pour la juridiction, le projet semble avoir été décidé sans concertation ni avec l’hôpital, ni avec la CPS. La deuxième opération épinglée est l’achat du Royal Papeete en 2009 pour 600 millions de Fcfp. Un achat qui s’est fait « sans justification apparente » et à un prix « bien supérieur à l’estimation de la commission des évaluations immobilières »… Enfin la troisième opération dénoncée est celle de l’achat de l’ensemble immobilier du Cook’s bay à Moorea en 2009 pour 350 millions de Fcfp. Encore une fois, l’achat a été réalisé sans aucune estimation présentée au conseil d’administration ni aucune information transmise aux administrateur sur ce bien. La chambre territorial des comptes conclut d’ailleurs en affirmant que les achats du Royal Papeete et du Cook’s Bay font apparaître : « Soit une incapacité manifeste à gérer les deniers publics, soit une volonté d’acheter en dépit du bon sens… »