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Le rapport sur la pauvreté au Cesec : « Nous sommes tous responsables »

Louis Provost, président de la commission santé-solidarité du Cesec, Maiana Bambridge, la présidente Voltina Dauphin, et Patricia Teriiteraahaumea.

Si le rapport de l’autosaisine « Une société polynésienne fracturée : quelles perspectives pour une société plus équitable ? » a été adopté mercredi en séance par 40 voix pour et 7 abstentions, il a suscité des critiques qu’on pourrait résumer par la formule « y’a qu’à, faut qu’on », tandis que ses auteures défendent leur rôle de « sonnette d’alarme » que les décideurs politiques doivent entendre.

Mercredi en séance plénière, les membres du Cesec ont pris connaissance du rapport de l’autosaisine sur la pauvreté en Polynésie, et de ses 72 recommandations sur 5 axes.

Christophe Plée est revenu à la charge avec les mêmes critiques qu’il avait formulées en février, lorsque le Cesec avait accepté de se lancer dans cette autosaisine : il estime qu’elle « ratisse trop large » et « manque de propositions concrètes ». Le rapport « ne fait que des constats et des suggestions (…). Moi je préfère quand le Cesec va sur un sujet, le creuse, et fait des vraies propositions chiffrées. »

Le président de la CPME reproche aussi aux auteures du rapport de suggérer des choses « qui sont en place depuis des années », par exemple en matière d’accès au travail, et d’être trop tièdes dans leurs constats : « L’OPH c’est 200 millions de masse salariale, pourquoi ? 200 fare construits à l’année ? Si vous n’êtes pas capables de dire que l’OPH ne fonctionne pas, alors… » a-t-il lancé.

Maiana Bambridge, rapporteure de l’autosaisine avec Patricia Teriiteraahaumea, revendique le rôle du Cesec d’être « la piqûre de guêpe » qui doit réveiller les décideurs. Elle ne nie pas que le rapport est un catalogue et qu’il y a encore du travail : « Il appartient aux membres de l’institution de proposer des autosaisines par thème et de les approfondir. On a ciblé les préconisations qui remontaient du terrain, qu’il soit public, privé ou associatif. Sinon il n’y aurait pas eu 72 préconisations, il y en aurait eu 600. »

Pour Louis Provost, président de la commission santé-solidarité du Cesec qui a mené les travaux, la critique est facile : « rien n’empêchait chacun d’entre vous de participer à cette enquête. On n’a pas de baguette magique pour trouver les solutions que les professionnels ne trouvent pas » – la commission a mené plus de 70 auditions. Et il a répondu indirectement au membre du patronat qui, prenant le premier la parole, avait tenu à relativiser la notion de pauvreté : « On a changé le titre (le mot « pauvreté » a été supprimé, ndr), on veut bien parler des riches mais on ne veut pas parler des pauvres… » « On se voile la face »  en Polynésie, confirme Maiana Bambridge, notamment sur la capacité, pas seulement financière, des familles défavorisées de préparer la génération suivante à s’extraire de sa condition.

De fait, comme la société civile qu’il représente, le Cesec reste divisé sur les pistes de financement. « Levez la main pour payer 30% d’impôts en plus ! » a lancé un Christophe Plée ironique. Makalio Folituu, qui siège au titre de l’association de consommateurs Te Tia Ara, lors de l’évocation des PPN et de la TDL, l’a rappelé : « Oui, il faut réformer la fiscalité. La TDL a un impact inflationniste. Les PPN ? L’avis de l’autorité de la concurrence c’était de les supprimer et que si on les maintenait, il fallait les encadrer. Mais ici même, on a rejeté l’encadrement des marges et des prix, et la loi a été attaquée. »

Le mot de la fin revient sans doute à Diana Yieng Kow, qui a mis en exergue, tant dans le service public que dans le monde économique, le manque de concertation réelle entre les acteurs : « Nous sommes tous responsables ».

Projet de rapport – société…

 

 

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