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Le Rassemblement National dit avoir remboursé son « prêt russe »

Neuf ans après avoir contracté un prêt de 9,4 millions d’euros auprès d’une banque tchéco-russe, le parti d’extrême-droite a affirmé mardi avoir « remboursé par anticipation son emprunt ». Dans l’espoir, peut-être, de faire taire les critiques qui accusent le RN d’être la « courroie de transmission » du Kremlin sur la scène politique française. Les précisions de notre partenaire Europe1.

Le Rassemblement national a affirmé mardi avoir « remboursé par anticipation son emprunt », neuf ans après avoir contracté un prêt de 9,4 millions d’euros auprès d’une banque tchéco-russe, dont la créance avait été successivement rachetée par des sociétés russes. « La société Aviazapchast a notifié au Rassemblement national la bonne réception des fonds correspondant au remboursement par anticipation du contrat de prêt liant les deux entités », indique le parti à la flamme dans un communiqué.

Il souligne avoir « honoré le remboursement du solde de son prêt pour un montant de 6.088.784 euros, capital et intérêts inclus », plus de cinq ans avant l’échéance de décembre 2028. « Le remboursement anticipé de la dette était possible sans pénalités, avec paiement des intérêts contractuels jusqu’au jour du virement », précise le RN.

Marine Le Pen parle « à (son) banquier quand elle parle de la Russie »

En 2014, le parti d’extrême droite avait souscrit un prêt auprès d’une banque tchéco-russe, la First Czech-Russian Bank (FCBR), les banques françaises refusant, selon lui, de lui prêter de l’argent. Après la faillite de la banque, la créance avait été cédée à une entreprise russe de location de voitures, Conti, puis revendue en 2019 à Aviazapchast, firme dirigée par d’anciens militaires russes et spécialisée dans les pièces détachées pour avions.

Cette dernière avait dès lors attaqué en justice le RN pour « défaut de remboursement ». Un accord à l’amiable avait été trouvé en juin 2020 afin de rééchelonner ce prêt russe sur une durée de huit ans. Mais le prêt russe du RN était devenu au fil des ans autant l’angle d’attaque préféré de ses adversaires que le talon d’Achille des lepénistes. Lors du débat d’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2022, deux mois après l’invasion de l’Ukraine, le président Emmanuel Macron avait ainsi estimé que Marine Le Pen parlait « à (son) banquier quand elle parle de la Russie ».

Commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères

Les législatives de 2022 avaient permis de changer la donne : en faisant élire 88 députés, le RN a renfloué ses caisses d’environ 5,2 millions d’euros par an, au titre du financement public des partis politiques. Le parti à la flamme avait par ailleurs lancé fin 2022 une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, tentant de couper court aux accusations faisant du parti un agent de l’influence russe en France.

Devant les députés-commissaires, l’ex-eurodéputé Jean-Luc Schaffahauser, mandaté par Marine Le Pen pour trouver des financements, avait expliqué qu’après le refus de « toutes les banques occidentales » d’octroyer un prêt au Front national, « nous ne pouvions trouver que du côté chinois, de l’Iran, ou la Russie : Marine Le Pen a considéré que la Russie était ce qu’il y a de mieux ». « Il est évident que si le pouvoir en place (Vladimir Poutine, NDLR) était contre, l’affaire (du prêt) ne se serait pas faite ».

« Je ne signe pas un prêt avec Poutine »

« Moi, je signe un prêt avec une banque, je ne signe pas un prêt avec Vladimir Poutine », lui avait indirectement répondu Marine Le Pen quelques jours plus tard lors de sa propre audition, en expliquant « si cela (l)’avait engagée à quoi que ce soit, elle n’aurait pas signé ». Elle avait par ailleurs reconnu que « c’était ça ou la mort » du parti, à l’époque en grande difficulté financière.

Sans convaincre : la rapporteure macroniste de la commission avait qualifié dans ses conclusions le FN (devenu RN) de « courroie de transmission » de la Russie, en insistant sur « l’alignement » du FN sur le « discours russe » au moment de « l’annexion illégale » de la Crimée en 2014, survenue peu de temps après la signature du prêt. Marine Le Pen avait alors taxé le rapport de « malhonnête » et « politisé ».

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