Le « restaurant éphémère » de l’accueil Te Vai-ete à Mamao a ouvert ses portes au public pour la première fois ce mercredi midi. Les douze SDF qui y travaillent ont tous complété six mois de formation et de stages. Ils vont à présent accueillir le public pour le déjeuner, trois fois par semaine jusqu’au mois de juillet prochain. Si l’expérience est concluante, une nouvelle promotion de douze personnes sera constituée et suivra le même parcours.
Blanquette de thon et sa mousseline de taro, île flottante, thé glacé au sirop de fruit de la passion fait maison : c’était le menu du premier déjeuner préparé et servi par douze sans domicile fixe, ce mercredi, à l’issue d’une formation de six mois, couronnée par une certification en tant que serveurs ou commis de cuisine. Un effort collectif qui a impliqué Père Christophe, bien sûr, le Campus des métiers et qualifications de l’hôtellerie-restauration dirigé par Hina Grépin, ainsi que des partenaires publics et privés.
Le patio de l’accueil Te Vai-ete de Mamao était transformé en restaurant d’application pour proposer 24 couverts aux premiers clients. Encadrés par Véronique, la cheffe de cuisine, et Bouchra, la maître d’hôtel, les douze travailleurs du restaurant ont transformé l’essai : cuisine, présentation et service n’ont presque plus de secrets pour eux, car quelle que soit leur qualification, ils alternent entre cuisine et salle. « Il faut rester dans la sympathie et la bienveillance », dit Bouchra qui les a vus progresser au fil des mois.
Même satisfaction pour Véronique, en cuisine : « Ils ont été super professionnels, ils ont été calmes, il n’y en a pas un qui est parti de travers. »
C’est une fierté pour ces hommes de 20 à 49 ans, qui ont bénéficié des derniers CAE et dont aucun n’a lâché l’affaire. Pendant six mois, ils sont pris des cours de français et de maths appliqués à la restauration, fait du sport et des stages dans les établissements membres du réseau Escoffier. Tous ont obtenu la certification en métiers de la restauration. « Au début c’était un peu ch…, mais il faut s’y mettre à fond et après ça va », dit « Baby ». Ils préparent et servent aussi, deux fois par semaine, les repas que la maraude de Père Christophe distribue aux SDF de Papeete. Certains espèrent rentrer dans leur île pour y ouvrir un snack. D’autres ont été embauchés comme extras par les restaurants qui les ont accueillis en stage. Teremanu, pour qui cette formation a été une bouée de sauvetage après être venu de Huahine pour trouver un emploi, espère travailler au Hilton de Faa’a. « C’est avec ces stages qu’on a réussi à se développer, à apprendre autre chose, et à acquérir de l’expérience. C’est une fierté, surtout quand on a démarré de rien », dit-il.
Le restaurant doit maintenant faire ses preuves : il sera ouvert les mardi, mercredi et jeudi midi, et servira un menu fixe, entrée, plat et dessert, pour 2 000 Francs. En juillet prochain, les douze pionniers devraient pouvoir voler de leurs propres ailes. Si l’expérience est concluante, une nouvelle promotion de 12 personnes entrera en formation, soutenue par le nouveau dispositif d’accès à l’emploi, avant la réouverture du restaurant pour une nouvelle période de six mois. Avec une nouveauté, espèrent les responsables du programme : disposer de chambres aménagées dans des conteneurs, à côté du bâtiment de Mamao, pour loger ces stagiaires qui dorment encore dans la rue. Ils espèrent également bénéficier, en tant que structure pédagogique non lucrative, de l’exonération de TVA.
- Renseignements, accès, horaires et réservations via la page Facebook du restaurant.