C’est une info Radio1. Le punu pua’atoro, sorti de la liste des PPN en février de cette année, devrait faire son retour sur cette même liste. « On a été un peu vite en la matière » affirme le ministre de l’Économie qui compte bien rouvrir la discussion sur ce sujet : « le punu pua’atoro est très symbolique chez nous (…) c’est un élément phare dans l’alimentation du Polynésien ».
Le 13 février dernier, sur proposition du ministre de la Santé Jacques Raynal, le conseil des ministres avait décidé de retirer le punu pua’atoro de la liste des produits de première nécessité (PPN) et de le placer sur la liste des produits de grande consommation (PGC) dont les marges sont moins strictement encadrées.
Mais voilà, six mois seulement après cette décision, le gouvernement envisage de faire marche arrière, et le punu pua’atoro fera sans doute son retour sur la liste des PPN. Des discussions devraient avoir lieu prochainement, a précisé le vice-président et ministre de l’Économie Teva Rohfritsch. Il assure d’ailleurs qu’il présentera un dossier dans ce sens au conseil des ministres, car il considère que ce dossier devrait être « réexaminé ». Le ministre de l’Économie assure que les objectifs de santé vont être maintenus mais que « comme toute chose ce qui est répréhensible, c’est l’abus et il est important de trouver le juste milieu ». Le panier de la ménagère est aussi une de ses préoccupations, affirme-t-il : « je pense que le débat mérite d’être ouvert (…) c’est quand même un aliment phare dans l’alimentation des Polynésiens (…) peut-être qu’on a été un peu vite en la matière ».
« Un punu pua’atoro à 500 Fcfp c’est cher (…) c’est un peu exagéré » – Moeana
En effet, depuis que le punu pua’atoro est passé sur la liste des produits de grande consommation (PGC), les prix ont flambé. Et certains réfléchissent même à deux fois avant d’en acheter. Ernest Tohetiaatua lui a fait le choix de ne plus en acheter du tout « le prix a augmenté de 2 voire de 5%. À ce prix-là, pour moi c’est inacceptable ». De son côté Moeana continue à en manger, mais beaucoup moins : « un punu pua’atoro à 500 Francs c’est cher (…) c’est un peu exagéré ».
Des aides pour baisser le prix du punu pua’atoro
Un avant-goût de ce rétropédalage du gouvernement est apparu la semaine dernière dans le compte-rendu du conseil des ministres. En effet, sous couvert de « soutien à l’industrie agroalimentaire locale » le Pays a fait une fleur à la COPA appartenant au groupe Wane. Il y est précisé que comme le punu pua’atoro se vend moins, le pays prend deux mesures économiques qui devraient aider à assurer « une rentabilité améliorée » et surtout « une réduction des prix en rayon ». Le ministre de l’Économie Teva Rohfritsch précise aussi que le gouvernement a insisté auprès pour que COPA revoie « leur qualité pour qu’il (NDLR le punu pua’atoro) soit compétitif vis-à-vis des produits importés ».
« Voilà une entreprise qui a des difficultés et que le gouvernement va aider »
Interrogé aussi à ce sujet, le ministre de la Santé Jacques Raynal, qui a pourtant fait son cheval de bataille la lutte contre le diabète et l’obésité, précise qu’il n’était pas présent au conseil des ministres durant lequel ces mesures ont été décidées. Il assure tout comme le ministre de l’Économie que leur objectif premier est surtout la protection de l’emploi local et de l’économie locale. « Le fait de protéger l’emploi local est quand même aussi important que le fait de vendre quelques boites de punu pua’atoro». Mais il affirme que cette entreprise avait besoin d’être aidée : « voilà une entreprise qui a des difficultés et que le gouvernement va aider d’une certaine façon ».
Et pourtant, le classement des entreprises fait par le Dixit 2018-2019 indique que la société COPA est classée 169ème sur les 200 meilleures sociétés du fenua, avec un chiffre d’affaires en 2018 estimé à 820 millions de Fcfp et 26 employés.