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« Le Sang du corail », premier long-métrage sur les rae rae

©CP/Radio1

Le réalisateur Pascal Galopin, né et élevé à Tahiti, voulait depuis longtemps tourner un film au fenua et montrer l’envers du décor. Il vient de terminer trois semaines de casting pour son prochain film, « Le Sang du corail », adapté du roman éponyme sur le parcours chaotique d’une rae rae. Plus de 40 candidates sont passées devant sa caméra, mais le choix des comédiennes reste à faire. Il reviendra l’année prochaine pour le tournage.

Face caméra, dans les locaux de l’association Cousins Cousines, place de la cathédrale, une grande jeune femme crie « Non ! » en tapant sur la table devant elle. Elle essaie de se couler dans la peau du personnage, une rae rae emprisonnée à Nuutania, qui se débat avec la culpabilité qu’elle ressent après le suicide de sa meilleure amie. Malgré son inexpérience, son expression et son élocution s’améliorent à chaque prise : elle comprend parfaitement les sentiments qui animent le personnage.

Le réalisateur Pascal Galopin a conclu mercredi trois semaines de casting à Tahiti. Il a reçu plus de 40 candidates au rôle principal de son prochain film, adapté du roman Le Sang du corail de Monak. L’histoire s’inspire de personnes et de faits réels, retraçant le parcours difficile d’une rae rae de son atoll des Tuamotu à Tahiti, où elle connaîtra la prostitution, la drogue, la prison. Pascal Galopin cherche aussi une vingtaine de personnages secondaires dans ce monde si spécial qui n’existe qu’à Tahiti. Il n’y aura que deux personnages popa’a, dit-il, l’amant de l’héroïne et une jeune journaliste venue d’Europe qui représentera le point de vue occidental, souvent idéalisé, sur cette communauté.

Pascal Galopin est né à Tahiti, y a grandi et travaillé – il a été journaliste à La Dépêche – et voulait depuis longtemps y revenir pour tourner un film, « montrer l’envers du décor polynésien ». Et le sujet est porteur, ici comme ailleurs : la plus grande visibilité des associations LGBTQ+ donne aux rae rae une voix plus audible. « Plusieurs m’ont dit : c’est bien que tu fasses ce film parce que comme ça, on va parler de nous. »

L’adaptation a été écrite à quatre mains, alors que le roman était sur le point de paraître. Pascal a voulu contextualiser un peu plus l’histoire, en rappelant par exemple « l’impact du Centre d’expérimentations nucléaires et l’impact sur les rae rae de l’arrivée des militaires », dit-il, ou encore le décalage entre la population et des magistrats parachutés en Polynésie sans rien en connaître.

Pascal Galopin est reparti à Paris avec les essais qu’il a tournés, pour déterminer avec la productrice du film quelles seront les candidates retenues, et boucler le financement. Il prévoit de revenir en septembre 2024 pour une dizaine de semaines, dont six semaines de tournage proprement dit. Le film sera co-produit avec une société locale, et Pascal Galopin a également rencontré des rappeurs locaux pour la bande originale. Il faudra ensuite compter un an de post-production, pour une sortie en festival prévue fin 2025.

 

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