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Le sud de l'UE convient d'une plate-forme commune sur la croissance et le fardeau migratoire

Athènes (AFP) – Les dirigeants du sud de l’UE, dont le Français François Hollande et l’Italien Matteo Renzi, sont convenus vendredi à Athènes d’une plate-forme commune appelant à la relance de la croissance et de l’Europe sociale, ainsi qu’à un partage équitable de la charge migratoire. 

Alors que leur mini-sommet a suscité l’agacement des tenants de l’orthodoxie budgétaire, au premier rang desquels le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, ils ont souligné leur volonté de travailler pour la cohésion de l’Europe et non sa division en blocs.

« Il était important dans ce moment si décisif après le Brexit, alors même que les populistes et les extrémistes espèrent que l’Europe va se disloquer, que nous puissions envoyer un message d’unité, de cohésion et d’apporter la contribution de l’Europe du sud à l’Union européenne », a relevé le président français à l’issue de la rencontre.

Les pays participants (Grèce, France, Italie, Portugal, Espagne, Chypre et Malte) ont adopté une « Déclaration d’Athènes » et prévoient une nouvelle rencontre au Portugal, à une date non précisée, a annoncé le Premier ministre grec Alexis Tsipras, initiateur de cette rencontre. 

Cette plate-forme est axée sur la « sécurité, la gestion de la crise migratoire, nos propositions pour une croissance juste et durable et la cohésion sociale », a-t-il indiqué. 

En matière économique, « l’Europe ne peut pas continuer à n’être que des règles et des technicités », a souligné le Premier ministre italien Matteo Renzi. 

« Les pays d’Europe du sud connaissent des situations économiques qui méritent que l’on mette la croissance au cœur des priorités », avait relevé le président français au début de la rencontre. 

Les participants sont notamment convenus de soutenir un « doublement du plan Juncker » d’investissements, a précisé le Premier ministre maltais, Joseph Muscat. 

Ils se sont aussi prononcés pour « un partage des responsabilités dans l’accueil des réfugiés, qui ne peut pas être fait de manière inégale et inéquitable », a relevé son homologue portugais, Antonio Costa. 

Les pays du Sud seront ainsi en mesure de présenter le 16 septembre à Bratislava leurs « propres conclusions sur ce que doivent être les impulsions que nous devons donner à l’Europe pour la sécurité,  la protection de nos frontières, le contrôle de l’immigration », a relevé M. Hollande. 

Après l’attentat « déjoué » à Paris suite à la découverte d’une voiture chargée de bonbonnes de gaz et l’arrestation jeudi soir de trois jeunes femmes radicalisées, il a insisté sur la présence « non loin d’ici », de groupes « qui exigent qu’on les combatte » et la nécessité d’une coordination pour mener cette lutte. 

– « Petits jeux » –

Coïncidant avec un Eurogroupe à Bratislava au cours duquel la Grèce a de nouveau été rappelée à l’ordre pour tenir ses engagements d’austérité et de réformes, cette mobilisation du sud européen a suscité l’agacement de la droite allemande.  

A Bratislava, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a qualifié ce mini-sommet de « réunion de chefs de partis ». 

« En outre, quand ce sont des dirigeants de partis socialistes qui se rencontrent, la plupart du temps, il n’en sort pas quelque chose de terriblement intelligent », a-t-il ajouté, en dépit de la présence à Athènes de deux pays dirigés par la droite, l’Espagne et Chypre.

« Alexis Tsipras recommence les petits jeux dont il a le secret », a aussi lâché l’Allemand Manfred Weber, président du groupe PPE au Parlement européen. 

Il a accusé MM. Hollande et Renzi de se laisser « instrumentaliser » par M. Tsipras, seul dirigeant de gauche radicale dans l’UE. 

« La pression est de retour » sur la Grèce, a pour sa part lancé vendredi le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, enjoignant à « ranger le matériel de camping » car « l’été est terminé ».

Tout en espérant dans le communiqué final « une nouvelle impulsion » pour l’UE, ils ont « réaffirmé leur fort engagement envers l’unité européenne ».

Le sommet euro-méditerranéen s’inscrit dans une offensive diplomatique grecque plus large. Samedi, les ministres des Affaires européennes du Parti socialiste européen sont conviés à Athènes par leur collègue Nikos Xydakis, tandis qu’une rencontre organisée par le chef de la diplomatie Nikos Kotzias entre sept pays du sud-est de l’Europe et sept pays arabes s’est conclue vendredi à Rhodes.

© AFP ARIS MESSINIS
(De G à D) Le premier ministre maltais Muscat, l’italien Renzi, le président Hollande, le premier ministre grec Tsipras, le président chypriote Anastasiades, le premier ministre portugais Costa, le secrétaire d’État espagnol à l’UE Eguidazu, à Athènes le 9 septembre 2016.