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Le tapa, une filière prometteuse de l’économie sociale et solidaire ?

Cette semaine, au Musée de Tahiti et des îles, une initiation au tapa. ©Centre culturel Ario'i/FB

En lien avec la Semaine de l’économie sociale et solidaire, une étude de pré-faisabilité sur la création d’une filière du tapa a été réalisée, menée par Hinatea Colombani du Centre culturel Ario’i et présentée ce vendredi. Elle exprime ses espoirs : « il faut que ce soit un label de qualité, mais aussi un label éthique où les humains puissent gagner leur vie avec leur propre culture. »

Le tapa peut-il devenir une filière viable de l’économie sociale et solidaire (ESS) en Polynésie, et à quelles conditions ? La question n’a pas encore trouvé de réponse définitive, mais pour Hinatea Colombani qui défend et transmet cette pratique ancestrale des peuples océaniens au centre culturel Ario’i qu’elle a créé à Paea, la réponse est oui, d’après l’étude de pré-faisabilité qu’elle a menée avec le concours financier de l’Agence française de développement et de la mission aux affaires culturelles.

« Le prisme de l’ESS, ça permet de se fédérer, de poser des prix justes, de ne pas avoir des producteurs qui sont payés des cacahuètes et des revendeurs qui font des plus-values très fortes », dit-elle. « Bien au contraire, il faut que ça soit un label de qualité, mais aussi un label éthique où les humains puissent gagner leur vie avec leur propre culture. »

Miser sur le ‘aute

« Cette étude nous a permis de valider quel plante il faudrait favoriser : c’est le ‘aute, le mûrier à papier, qui est le plus facile d’entretien, qui se régénère rapidement, et qu’on peut récolter au bout de deux, trois ans. Il permettrait aux cultivateurs d’avoir un revenu supplémentaire. » La Polynésie pourrait, estime Hinatea Colombani, s’affirmer comme un producteur de tapa haut de gamme, alors que « la qualité commence à baisser, par exemple à Tonga ou Fidji où l’arrière des tapa est renforcé avec du tissu. Et donc Tahiti aura la possibilité de revenir dans le jeu avec un travail de qualité, et surtout d’apprendre à assembler les grandes pièces, avec de la formation. »

Mais quelles ambitions peut-on avoir pour le tapa, au-delà de répliquer des pièces traditionnelles pour en faire des souvenirs touristiques ? « Le tapa peut être sur plusieurs marchés potentiels, de la papeterie au design, à la haute couture, etc… », veut croire Hinatea Colombani. La route est encore longue, « on va dire trois à cinq ans minimum », mais la réflexion menée sur le tapa donne le coup d’envoi de la première Semaine de l’économie sociale et solidaire organisée au fenua. La semaine prochaine, à la présidence, à Moorea, ou à la Polynesian Factory, il sera question de s’inscrire dans ce mouvement qui englobe associations, mutuelles, coopératives, fondations, incubateurs de start-ups ou encore banques de développement, pour promouvoir et structurer « une autre façon d’entreprendre », qui pèse déjà plus de 10% du produit intérieur brut.

Programme-Semaine ESS Du 15…