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Tepuaraurii Teriitahi, élue Tapura à l’assemblée, était l’invitée de la rédaction de Radio1 ce jeudi. Affrontements sur la loi fiscale et sans aucun doute aussi sur le budget qui sera examiné en commission la semaine prochaine, rumeurs de remaniement ministériel, perspectives de rassemblement du camp autonomiste étaient parmi les principaux sujets évoqués.
Tepuaraurii Teriitahi est membre de la commission de l’Économie et des finances, dont elle a vécu mardi la séance la plus « ubuesque », dit-elle. À l’issue, le texte était amputé de deux articles, avec pour conséquence un manque à gagner fiscal de 3 milliards. Mercredi matin, Tony Géros assurait, après avoir revu le ministre, que ce dernier présenterait un nouveau texte à la commission vendredi. Mais jeudi, le texte expédié par le ministère – après l’heure limite de dépôt des amendements – était identique au premier. « C’est la guerre » entre le camp Géros et le camp Brotherson, résumait Tepuaraurii Teriitahi en fin de journée, en indiquant que le Tapura et A Here ia Porinetia pourraient attaquer ce manquement au règlement intérieur en référé devant le tribunal administratif.
La séance consacrée au budget mécaniquement repoussée
Avant même de savoir quelle nouvelle mouture du texte serait examinée ce vendredi, l’élue Tapura soulignait que cette procédure inhabituelle allait repousser l’examen de cette loi et du budget, prévu les 6 et 7 décembre : il faut respecter 12 jours de carence dans le cas de lois fiscales.
Plus généralement, les objections du Tapura à ce projet de loi fiscale rejoignent celles exprimées par Tony Géros : « Où sont les vraies mesures de soutien au pouvoir d’achat ? C’était leur priorité (pendant la campagne, ndr) mais on ne voit absolument pas cette priorité », dit Tepuaraurii Teriitahi qui cite par exemple les matériaux de construction : ils seront toujours exonérés de taxes d’importation mais pas de TVA. Pour elle, la suppression de la TVA sociale n’a rendu aucun pouvoir d’achat aux Polynésiens, et le trou de la CPS continue de se creuser.
« On peut redouter le pire pour ce budget »
Autre problème, les « plans sur la comète » du ministre, dit l’élue. Les recettes fiscales projetées supposent que l’inflation ne baisse pas, et l’hypothèse de travail du gouvernement table sur une croissance de 4%, « c’est complètement démesuré », explique-t-elle. Pour elle, la suppression de plusieurs mesures incitatives va détourner les investisseurs, dans l’hôtellerie et le logement intermédiaire particulièrement.
Le Tapura reste dubitatif sur les 42 milliards de dépenses d’investissement prévues au budget 2024, un chiffre supérieur au « plafond de verre » que l’on constate depuis plusieurs années. D’autant que le gouvernement a annoncé vouloir stopper plusieurs grands projets, et qu’ « il n’a pas de réels projets nouveaux, à part concrétiser des choses qui avaient déjà été prévues par l’ancienne mandature.»
« Quand on voit les tensions, et ce qui se passe pour juste une loi fiscale, on peut redouter le pire pour le budget, et c’est là qu’on pourra peut-être avoir un blocage, parce que imaginez que la majorité ne vote pas le budget, ça va être problématique, et la session budgétaire doit se terminer le 18 décembre. On est dans l’incertitude et ça rend les acteurs économiques très frileux. »
Dans ce contexte de tensions internes dans la majorité, la motion de défiance reste peu probable pour des raisons mathématiques, mais les rumeurs de remaniement ministériel sont plus fortes que jamais, reconnaît Tepuaraurii Teriitahi.
Rassembler le camp autonomiste ?
Tepuaraurii Teriitahi reconnaît la nécessité de reconstruire le camp autonomiste encore divisé, mais pour l’instant cette ambition – qui est aussi une nécessité – n’a fait l’objet que de rencontres entre Gaston Flosse et Édouard Fritch, et d’une reprise de contact avec Teva Rohfritsch. L’élue Tapura indique le désir de se rapprocher de A Here ia Porinetia, dont les résultats aux élections et l’activité à l’assemblée sont indiscutables. Mais qui sera le dauphin, ou la dauphine ? Les autonomistes cherchent encore.
