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Le Tapura et A Here ia Porinetia unis pour critiquer le budget et la décolonisation

Le Tapura et A Here ia Porinetia organisaient ce lundi une conférence de presse conjointe sur l’adoption du budget la semaine dernière et sur les efforts du Tavini pour faire vivre le concept de décolonisation. Les autonomistes brossent le portrait d’une majorité moins concernée par le soutien au pouvoir d’achat que par la promotion d’une indépendance aux contours qui restent flous. Et réitèrent leur demande d’une consultation publique sur le sujet.

Les deux partis autonomistes représentés à l’assemblée de la Polynésie ont fait ensemble – c’est suffisamment rare pour le noter – leur bilan de la longue séance de la semaine dernière. Côté budget, le Tapura répète qu’il est « injuste et inefficace ». Injuste parce qu’il augmente la TVA sur les produits sucrés, « qui frappe plus durement les familles modestes », tandis que pas un franc de plus n’est consacré à la prévention, et que le budget ne contient pas de mesures véritables de soutien au pouvoir d’achat. « Le problème aujourd’hui il est dans les magasins, il est dans les supermarchés », dit Édouard Fritch.

Inefficace parce que le gouvernement ne réduit pas les dépenses de fonctionnement, notamment la masse salariale de l’administration, et continue de mobiliser des emprunts alors que le service de la dette s’alourdit. Le « saupoudrage » d’investissements modestes, sans grands projets en vue, est à nouveau critiqué, et ses conséquences redoutées en termes d’emploi et de santé des entreprises. « Il y a de vraies difficultés qui se présentent à l’horizon », dit Édouard Fritch.

Nuihau Laurey ne change pas de religion : « il faut réduire la pression fiscale, c’est-à-dire réduire les dépenses publiques », hormis dans le secteur médico-social, le secteur éducatif ou le désendettement. Le vice-président de AHIP, à l’origine d’une grande partie de la quarantaine d’amendements, tous rejetés, de l’opposition, a justifié la démarche qui se voulait pédagogique : « les amendements en séance budgétaire obligent à trouver les ressources pour financer », et trouve malgré tout positif que, « à de nombreuses reprises, nos propositions ont également interrogé la majorité (…), et on a bien vu que le ministre de l’Économie partageait beaucoup de nos questions. » Un travail sérieux, donc, qui contraste selon eux avec l’amateurisme du gouvernement et des élus Tavini à l’assemblée.

« Je veux une consultation populaire » dit Édouard Fritch

Les élus autonomistes sont également revenus sur la discussion de la résolution et de la délibération portées par Tony Géros sur la décolonisation, et l’amendement, lui aussi rejeté, qui demandait une consultation populaire avant d’envisager d’aller au clash juridique avec l’État. Pour l’ancien président du Pays, l’épisode est « un coup politique » d’Anthony Géros « qui veut affirmer qu’il est le dauphin légitime, le gardien du temple indépendantiste. Il sait que Oscar soutiendra toujours son gendre, je suis passé par là. »

Édouard Fritch veut surtout éviter, dit-il, une situation à la calédonienne, où les référendums successifs ont polarisé les positions, dit-il : « Le début des ennuis en Nouvelle-Calédonie, c’est quoi ? C’est les résultats des référendums. (…) Je ne veux pas de ce référendum, dit Édouard Fritch à propos de celui qui pourrait être organisé sous l’égide de l’ONU. Je veux une consultation populaire. Je crois qu’il faut effectivement ouvrir un débat public là-dessus. Il faut que dans les foyers, on puisse en parler. Il faut que nous leur apportions les solutions de notre vision du lendemain de ce pays. Parler du plan. C’est ça pour nous, la consultation populaire. » 

« Et la zone économique, on va la surveiller avec quoi, des paddles ? demande Édouard Fritch. Ce que je tire de nos discussions, c’est que le Tavini Huiraatira veut mettre les Français dehors, mais le Tavini Huiraatira veut garder l’argent de la France. »

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