Ce samedi ce sont 550 personnes en tout qui ont marché puis se sont rassemblées devant l’assemblée de la Polynésie française. Étaient présents à la fois le Tavini huiraatira manifestant contre l’exploitation des ressources maritimes du Pays par l’État et le droit à la souveraineté du peuple ma’ohi et les collectifs opposés à l’obligation vaccinale menés par Nuna’a a ti’a. Le collectif a réitéré son courrier adressé au Haut-commissaire et une délégation a été reçue par plusieurs conseillers de la présidence.
« Liberté, ti’amara’a » scandait la foule samedi matin devant la stèle de Pouvana’a a Oopa. En tout 550 personnes se sont mobilisées pour deux mouvements qui ont marché conjointement depuis deux points de départ pour se retrouver devant l’assemblée. D’une part, le Tavini défendait l’indépendance, qui devient de plus en plus urgente comme l’annonçait le parti d’opposition lors de sa conférence de presse. D’autre part le collectif Nuna’a a ti’a avait les mêmes revendications que lors des précédentes manifestations : le départ du haut-commissaire, et l’abrogation de la loi sur l’obligation vaccinale. « Une délégation de six personnes a rencontré plusieurs conseillers du président » , dit Vanina Crolas, membre du collectif mais aussi secrétaire générale adjointe du Tavini. Elle se dit « déçue de ne pas avoir pu rencontrer leur président en personne », mais les remercie de les avoir écoutés.
Des revendications différentes mais pas opposées, puisqu’il s’agit de combattre « l’injustice »
Les banderoles étaient en grande majorité bleu ciel, mais le temps de parole a été partagé entre les deux mouvements. Du côté du Tavini, Oscar Temaru, Richard Tuheiava, Moetai Brotherson et Anthony Geros ont marché depuis le stade Willy Bambridge et ont rassemblé une bonne partie des manifestants. Richard Tuheiava n’a pas manqué de pointer du doigt l’État pour inclure les ressources maritimes du pays dans ses projets alors que le Tavini s’attelle à rendre au peuple ma’ohi sa souveraineté via l’inscription de la Polynésie française sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser. Sur l’obligation vaccinale, le Tavini est divisé. Richard Tuheiava a déposé une proposition de loi jeudi dernier pour abroger celle du 23 août. C’est « l’absence de choix qui ne passe pas », expliquait-il au micro devant la foule. Une logique basée sur un principe de liberté plus que sur la question sanitaire. Comme l’explique Vanina Crolas, le collectif soutien le Tavini dans son combat car il a été créé « pour lutter contre toutes les injustice ».
Du côté du mouvement anti-obligation vaccinale, outre le collectif Nuna’a a ti’a, plusieurs groupements, les mêmes que d’habitude, s’étaient joints à la marche. Outre la demande réitérée de départ du haut-commissaire, c’est la stratégie sanitaire qui était contestée : dangers du vaccin et de l’hospitalisation, élus asservis, obligation abusive… Le docteur Théron, martyr « fatigué depuis trois semaines » a même accusé cette gestion d’avoir causé entre 500 et 1 000 morts, sans toutefois avancer de chiffres sur l’efficacité des traitements vantés par les manifestants. Vanina Crolas explique avoir demandé à la présidence d’inclure dans les discussions officielles un médecin ayant une opinion alternative sur la vaccination, pour ouvrir d’autres voies thérapeutiques et réserver le vaccin aux personnes les plus fragiles. Vers 12h30, à leur sortie de la présidence, seule une vingtaine de personnes restaient pour les attendre devant l’assemblée. La pluie n’arrangeant pas leur affaire, chaque samedi a son lot de désertions.