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Le Tavini n’a pas « encore » exclu d’élus, mais Hinamoeura « fait tout pour » l’être


Interrogé sur la place d’Hinamoeura Morgant-Cross au sein du Tavini, le président de l’assemblée répète que c’est à l’élue de « prendre ses décisions ». Mais laisse tout de même entrevoir une possible procédure de sanction ou d’exclusion : la représentante « est dans notre groupe mais elle tire contre nous » et elle est « coutumière du fait ». Avec ce nouveau rappel à l’ordre sur la proposition de résolution nucléaire « sortie de nulle part », elle a « suffisamment été prévenue ».

« Ça ne regarde qu’eux ». C’est la réponse de Tony Géros à la plupart des questions entourant la « polémique Hinamoeura », abondamment commentée, ces derniers jours, au micro de Tahiti Infos ou ailleurs. La proposition d’Oscar Temaru de la faire concourir dans la deuxième circonscription ? Cela regarde le président du parti, qui s’est refusé à tout commentaire sur le sujet ce mardi. Le choix de pousser Steve Chailloux à candidater, alors qu’il y était réticent ? Cela regarde le comité directeur du Tavini, dont Tony Géros fait évidemment partie, et qui a fait « démocratiquement » et « collégialement » ses choix. Des choix qui consistaient en l’occurrence à imposer à tous les députés sortants de se représenter… Faute de quoi le Tavini ne « concourrait » simplement pas. Les messages de Moetai Brotherson à la famille Cross, là encore rendus publics par Tahiti Infos, lui demandant de pousser Hinamoeura à démissionner du Tavini, la « rupture étant consommée » ? Cela regarde le président du Pays, qui après une vidéo de 20 minutes sur le sujet lundi soir, a répété à l’assemblée ce mardi que la jeune représentante avait péché par son manque de consultation sur sa proposition de résolution. Avant de l’inviter à reprendre le processus à zéro. Les accusations de « trahison » de Tina Cross, pas des plus tendres contre les deux présidents d’institutions ? Elle est « libre de ses opinions », et elle connait le système, pour avoir été elle-même choisie, au dépens d’autres, pour être la candidate bleu ciel aux législatives de 2017.

« On lui a fait comprendre » et « elle remet le couvert »

Reste la question du maintien d’Hinamoeura Morgant-Cross dans le groupe bleu ciel, dont il assure le cadrage à l’assemblée. Doit-elle démissionner ? « Ça ne regarde qu’elle » tente-t-il encore. « C’est à elle qu’il faut poser la question, nous on est bien. Nous chaque fois qu’on joue un match, on sait où tirer notre balle, on sait où est le but où il faut tirer. Mais là j’ai l’impression qu’elle est dans notre groupe mais qu’elle tire contre nous, dont il y a un problème. Il faudrait lui poser la question, qu’est-ce qui se passe ? » Alors faut-il sanctionner le mauvais joueur, le sortir de l’équipe ? « On verra », répond le vice-président du Tavini, qui s’avance rarement sur les décisions officielles du parti. Mais « elle est coutumière du fait », rappelle-t-il, « la première fois, elle s’est présentée avec des évolutions sur le cumul des mandats, sorties de nulle part ». Ou plutôt sur le nombre de mandats consécutifs, qu’Hinamoeura Morgant-Cross voulait limiter à deux, ce qui n’aurait pas arrangé les figures les plus anciennes de la classe politique locale. « On lui a fait comprendre : ‘tu as un groupe’, parle au groupe. Et là elle remet le couvert avec une résolution sortie de nulle part le 2 juillet ».

« Fixette » sur la date, et problème d’ego

Sur le fond, le président de l’assemblée assure avoir voulu raisonner « courtoisement » l’élue sur sa proposition de loi, en lui demandant d’intégrer dans son projet des demandes formulées le jour même par l’association 193 et en discutant avant avec ses collègues. « Ça ne lui pas plu », reprend Tony Géros, « parce qu’on aurait dû écrire résolution Hinamoeura », et acter symboliquement le texte en commission le jour anniversaire du premier essai. « Mais notre combat contre le nucléaire, il a plus de 40 ans, le 3, le 4 ou le 9 juillet on le mènera toujours », s’agace le responsable pour qui l’intéressée a fait « une fixette sur une date »… Et sur l’importance de sa personne sur ce dossier. Sa stratégie aurait consisté, en substance, à mettre la majorité en porte à faux en pleine journée de mobilisation des associations, pour arriver à ses fins. Bref, sans le dire aussi directement, Tony Géros dénonce comme Moetai Brotherson des méthodes « incorrectes »… Qui pourraient valoir sanctions. « Est-ce qu’on a déjà exclu quelqu’un du Tavini ? Pas encore, lâche l’élu. Mais par contre il y en a qui font tout pour être exclus ». Hinamoeura, en tout cas, a « été suffisamment prévenue ».

Pour le reste, le président de l’assemblée assure, là encore comme le président du Pays, que le parti est tourné vers l’avenir après les législatives. Qu’importent les divergences d’appréciation sur les responsabilités du parti, de la majorité ou de l’exécutif. « On a fait usage d’une stratégie qui ne convenait pas à la victoire et on ne l’a pas eu », résume-t-il. Des discussions doivent donc avoir lieu en vue des municipales de 2026, prochaine échéance majeure. « Sauf si Macron vient perturber à nouveau le calendrier électoral de la nation ».

 

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