POLÉMIQUE – Destinés à faciliter la prise en charge sanitaire des personnes vivant dans la rue, le dispositif et le symbole choisi – un « triangle jaune » – sont critiqués.
La « bonne intention » a viré à la polémique. Mardi soir, Xavier Mery, l’adjoint au Maire de Marseille délégué à l’intégration et à la lutte contre l’exclusion, s’est dit « scandalisé » par les critiques concernant la « carte secours » distribuée aux SDF de la ville et a réaffirmé l’intérêt du dispositif. A l’origine du scandale, la symbolique utilisée pour cette « carte d’identité » sanitaire : un triangle jaune.
Une initiative « respectable »… sur le papier. Lancée à la rentrée par le SAMU social de la ville de Marseille, la « carte secours » destinée aux SDF a pour but de faciliter leur prise en charge par les secours. Cette carte « permet avant tout aux pompiers et au personnel soignant de recueillir des données essentielles afin d’identifier, d’aider efficacement et souvent de sauver la vie » des SDF, a affirmé mardi soir Xavier Mery dans un communiqué visant à défendre « une action respectable » contre « les mauvais esprits ».
Cette « carte d’identité » sanitaire, distribuée à ce jour à 300 SDF de Marseille « ne contient aucune information médicale destinée à rester confidentielle autre que le groupe sanguin du porteur », selon la mairie de Marseille.
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— Rfm Provence redac (@rfm_redac) 2 Décembre 2014
Quelles informations figurent sur cette carte secours ? Dans les reportages consacrés au sujet par la presse locale lors du lancement du dispositif, on distingue clairement sur la carte les champs « date de naissance, « médecin traitant », « structure référente » « personne à prévenir », « numéro de sécurité sociale » et « pathologies ». Le SDF est invité à porter cette carte autour du cou « en collier ».
Un « triangle jaune » qui passe mal. Officiellement présenté fin octobre, le dispositif n’avait, dans un premier temps, pas suscité de réactions particulières. Mais lundi, une tribune libre sur le site Agora Vox dénonçait « une initiative plus que douteuse qui rappelle des heures sombres de notre histoire ». En cause : le triangle jaune au dos de la carte qui peut évoquer, en effet, à la fois l’étoile jaune imposée par les Nazis aux Juifs et le triangle rose utilisé dans les camps pour désigner les homosexuels.
Dénonçant « une stigmatisation » des SDF, « Jugement dernier », un collectif de personnes vivant dans la rue a appelé à manifester mercredi devant l’hôtel de ville de Marseille.
Un débat au-delà du seul « triangle jaune ». Contactée par Europe1, l’équipe mobile de la Croix-Rouge de Marseille qui va régulièrement à la rencontre des SDF lors de maraudes est dubitative sur le dispositif. » En maraude, les personnes dans la rue nous disent rarement leur nom même quand on les connait depuis longtemps, elles préfèrent donner un surnom », souligne-t-on en pointant la question des « libertés individuelles » : « c’est délicat de demander à quelqu’un son numéro de sécurité sociale comme cela et puis porter cette carte autour du cou cela ressemble à une étiquette que l’on vous colle ».
Même son de cloche du côté du Secours Populaire de Marseille qui ne voit pas vraiment « l’utilité » de cette carte pour des informations qui peuvent être facilement obtenues « en parlant, en dialoguant et en étant à l’écoute de la personne à la rue ».