INTERNATIONALPOLITIQUE Le week-end (très) compliqué de Fillon et Jouyet Tamara Sentis 2014-11-09 09 Nov 2014 Tamara Sentis L’ESSENTIEL – Le secrétaire général de l’Elysée et l’ancien Premier ministre ont deux versions opposées. Les sarkozystes, eux, crient au complot. Certains réclament la démission de Jean-Pierre Jouyet. D’autres envisagent l’exclusion de François Fillon de l’UMP. Tous regrettent le grand déballage. Un ancien Premier ministre qui demande au secrétaire général de l’Elysée une intervention de la justice pour empêcher un ancien président de la République de revenir dans le jeu politique, cela ressemble à un scenario de film. Il n’en est rien. Europe1.fr vous explique tout. • D’où cette affaire est-elle partie ? Depuis la publication des bonnes feuilles du livre Sarkozy s’est tuerdans L’Obs*, mercredi dernier, l’affaire Jouyet-Fillon a pris des airs de scandale d’Etat. Dans cet ouvrage, deux journalistes du Monde assurent que, lors d’un déjeuner le 24 juin dernier, François Fillon a demandé à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée et ami de 30 ans de François Hollande, de faire pression sur l’Elysée pour accélérer le cours judiciaire des affaires visant Nicolas Sarkozy. « Mais tapez vite, tapez vite ! Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir. Alors agissez ! », aurait dit le député de Paris à Jean-Pierre Jouyet, également son ancien ministre. Qui dément l’information. • Pourquoi Jouyet a-t-il changé sa version ? Lui seul le sait. Après avoir initialement récusé les affirmations des journalistes, Jean-Pierre Jouyet a livré une version bien différente, dimanche. « François Fillon m’a fait part de sa grave préoccupation concernant l’affaire Bygmalion. Il s’en est déclaré profondément choqué (…) Il a également soulevé la question de la régularité du paiement des pénalités payées par l’UMP pour le dépassement des dépenses autorisées dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy », a-t-il déclaré auprès de l’AFP. Soit exactement ce qu’assurait Le Monde deux jours plus tôt. >> A LIRE AUSSI – Fillon lui a bien parlé des pénalités de Sarkozy, admet Jouyet Entre temps, les journalistes du quotidien du soir avaient pris le soin d’écrire avoir en leur possession un enregistrement de leur discussion avec le secrétaire général de l’Elysée. Suffisant pour que le secrétaire général de l’Elysée se dédise ? Pour Gérard Davet (photo), coauteur du livre à l’origine de l’affaire, invité dimanche soir d’Europe 1, la réponse est oui : « Sa position était intenable. Il sait très bien que l’on a l’enregistrement et que l’on dit la vérité », assuré le journaliste. >> A LIRE AUSSI – Davet : « Jouyet sait très bien qu’on a l’enregistrement » • Quelle est la position de Fillon ? Dès la publication des extraits du livre, François Fillon a dénoncé un procédé « méprisable » et « une manœuvre grossière ». Et annoncé son intention de porter en plainte en diffamation contre les journalistes du Monde. Antoine Gosset-Grainville, ancien directeur adjoint de cabinet de François Fillon et troisième convive de ce déjeuner, a lui aussi démenti toute demande d’intervention auprès de Jean-Pierre Jouyet. « Aucun des propos prêtés à François Fillon n’ont été tenus », a-t-il assuré. >> A LIRE AUSSI – Fillon « accuse Jouyet de mensonge » Mais après la volte-face de Jean-Pierre Jouyet dimanche après-midi, l’ancien Premier ministre s’est invité au 20 heures de TF1 pour taper du poing sur la table et faire entendre sa vérité : « Je ne peux pas croire que monsieur Jouyet ait tenu ces propos. Je l’accuse de mensonge. Si jamais les enregistrements révèlent qu’il s’est exprimé ainsi, ce serait extrêmement grave et voudrait dire que l’on est en présence d’un scandale d’Etat. Cela voudrait dire qu’au sommet de l’Etat, il y a des personnes qui cherchent à déstabiliser un responsable de l’opposition ». Et le Premier ministre de menacer Jean-Pierre Jouyet de poursuites judiciaires. • Et Sarkozy dans tout ça ? Chez les partisans de l’ancien chef de l’Etat, on l’affirme déjà : « Il est confirmé qu’il y a donc un complot contre Nicolas Sarkozy », a asséné le député UMP du Nord Marc-Philippe Daubresse, dimanche soir sur Europe 1. Il n’est pas seul sur cette ligne. Entre ceux qui évoquent un cabinet noir élyséen œuvrant en coulisses pour faire chuter leur champion, et ceux qui exigent la démission de François Fillon, l’ambiance est de nouveau délétère à droite. Nicolas Sarkozy, lui, a décidé de garder le silence pour le moment. Ses plus proches lieutenants aussi. Car à trois semaines du scrutin pour la présidence de l’UMP, le favori entend bien conserver intact son costume de « grand rassembleur de la famille. » Pas certains que les fillonistes l’entendent de la même oreille. >> A LIRE AUSSI – L’affaire Fillon-Jouyet relance la guerre des chefs à l’UMP * « Sarko s’est tuer », par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Stock Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)