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Législatives : au Tavini, les trois députés sortants veulent rempiler

Tematai Le Gayic, Steve Chailloux et Mereana Reid-Arbelot retournent en campagne pour récupérer leurs sièges à l’Assemblée nationale. C’est ce que souhaitait Moetai Brotherson. Fidélité au mandat donné par les électeurs en 2022, indignation devant la décision d’Emmanuel Macron, nécessité de faire barrage à l’extrême-droite, ou envie de terminer le travail commencé les ont motivés, disent-ils. Leurs suppléants seront Rahiti Buchin, Tevahitua Bordes et Vannina Crolas.

Tout ça pour ça, diront certains. À l’issue de cinq jours de discussions à huis clos, le Tavini Huiraatira a décidé de présenter les députés sortants à leur propre succession. C’était le souhait de Moetai Brotherson, qui dès lundi dernier, depuis Paris, considérait qu’ils étaient « les meilleurs candidats possibles », et qui l’a redit vendredi matin sur notre antenne. Au Tavini, assure le président du Pays en réponse aux rumeurs qui ont circulé cette semaine, « c’est une grande tradition, elle se pose à chaque élection », d’envisager de ne pas présenter de candidats. Et il réfute que lui-même ou Oscar Temaru aient caressé l’idée de se présenter pour ensuite démissionner : « Je ne suis pas adepte de ce genre de manœuvre. Si on se présente, c’est pour y aller, pas pour faire des combines. »

Mais il laissait entendre que les candidatures pourraient n’être dévoilées qu’à la dernière minute, dimanche ; ça n’a pas été le cas, et c’est à 17 heures que l’annonce a été faite à la presse. « On aurait pu ne pas y aller, dit Oscar Temaru, mais on ne voulait pas non plus laisser le terrain inoccupé, comme on dit, les absents ont toujours tort. » Il n’est pas non plus question pour le président du Tavini Huiraatira de présenter ces élections comme un vote pour ou contre l’indépendance, comme il a pu le faire par le passé : « C’est une élection pour choisir des députés et c’est ce que nous allons faire. Et je fais un appel à la population pour vraiment venir voter massivement parce que les résultats seront très importants pour la suite. »

Sur la 1ère circonscription : Tematai Le Gayic et Rahiti Buchin

Tematai Le Gayic avait dès le début de la semaine indiqué son envie de poursuivre le travail entamé à l’Assemblée nationale. « Les députés indépendantistes ont été envoyés parce qu’il ne fallait plus que les députés ne soient que des facteurs (…). Et parce qu’on a été élus pour cinq ans, on devait y repartir », dit-il.

Son suppléant sera Rahiti Buchin, le président de Tahei’auti ia Moorea, enseignant et président de la Fédération tahitienne des sports subaquatiques de compétition. « Il est issu des rangs indépendantistes, c’est un homme d’expérience, bien ancré dans la population de Moorea, un sportif qui représente notre pays dans des compétitions à l’international, il se bat pour la protection des biens communs à Moorea notamment sur la plage de Temae, dit Tematai Le Gayic, il est professeur de reo tahiti, c’est lui qui déploie le bilinguisme au collège de Afareaitu, donc il comprend les enjeux d’adaptation de la loi nationale aux spécificités polynésiennes. »

Sur la 2e circonscription : Steve Chailloux et Tevahitua Bordes

Steve Chailloux, lui, admet qu’il a hésité jusqu’à ce vendredi matin, « révolté » par « la décision d’un homme qui a des conséquences chaotiques » mais convaincu de « reprendre son bâton de pèlerin » face aux « appétits électoralistes de cette coalition » autonomiste.

S’ajoute à sa motivation le danger d’une dissolution « qui ouvre la porte au Rassemblement national », dit-il.  Il prédit « une situation de cohabitation » à l’issue des élections, parce que « Emmanuel Macron n’a jamais compris le message de 2022 quand une assemblée plurielle » a été élue. « En tant qu’homme de gauche, il est de mon devoir de faire barrage à l’extrême-droite. »

Son suppléant Tevahitua Bordes est de son propre aveu « un novice en politique » de 25 ans, de Paea, étudiant en anthropologie, qui dit quand même avoir « grandi dans le Tavini Huiraatira en tant que militant. » La proposition de Steve Chailloux, il l’a ressentie comme « un appel de mon pays, et ça ne se refuse pas », dit-il. Et quand on lui demande s’il serait prêt à remplacer Steve Chailloux, il répond : « Je suis une éponge, je suis curieux et j’apprends. »

Tevahitua Bordes, nouveau venu parmi les candidats Tavini, est le suppléant de Steve Chailloux sur la 2e circonscription.

Sur la 3e circonscription : Mereana Reid-Arbelot et Vannina Crolas

Mereana Reid-Arbelot avait entamé son mandat le 10 juin 2023 en prenant la suite de Moetai Brotherson, et il s’est achevé le 9 juin de cette année. « Un anniversaire un peu étrange », dit-elle en évoquant ses jeunes collaborateurs « licenciés du jour au lendemain, les cabinets qui tombent, les travaux qui sont avortés, ça a été ma motivation » pour repartir en campagne, affirme-t-elle alors qu’elle était décrite comme très hésitante. Elle veut recréer la commission d’enquête parlementaire qu’elle avait initiée et qui avait déjà à son actif trois semaines d’audition. Les règles parlementaires empêchent de faire cette demande avant douze mois, ce sera donc en 2025. Elle aura ainsi le temps de continuer à combattre la réforme de l’indemnité temporaire de retraite qui la concerne directement.

Quant la ministre du Travail Vannina Crolas qui est suppléante, elle explique que « c’était un peu la condition de Mereana que je sois avec elle pour la soutenir », dit l’ancienne DGS de la mairie de Faa’a. Les deux femmes avaient travaillé ensemble sur le programme des territoriales.

Un programme basé sur celui de 2022

Moetai Brotherson indiquait aussi que le Tavini reprendrait comme base son programme de 2022, auquel se rajoutent des problématiques telles que l’indexation du « 3e instrument financier » pour l’investissement de l’État en Polynésie, « qui n’a pas été réévalué depuis 2011 alors que le secteur du BTP a subi à peu près 39% d’inflation ». Le président du Pays voudrait quatre milliards de plus. Est-il inquiet de la possibilité de voir advenir un gouvernement mené par le Rassemblement national, qui a beaucoup critiqué la dette de la France et ses dépenses publiques ? Peut-être pas dans l’immédiat, pense-t-il, car le projet de loi de finances 2025 est « quasiment ficelé » et il sera difficile au RN de le détricoter : « On rappelle que le RN ce n’est pas un parti de gouvernement, il n’a jamais gouverné, il n’a pas de techniciens capables de se plonger dans les dossiers aussi rapidement, donc si c’est un gouvernement la majorité RN entre guillemets qui ressort, ça va être très, très difficile pour eux de prendre le train en marche. »

 

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