L’ancienne suppléante de Moetai Brotherson est la seule des trois députés indépendantistes sortants à conserver son siège dans ces législatives anticipées. Avec 50,9% des voix, elle devance Pascale Haiti – Flosse de 600 voix. La candidate du Amui Tatou et vice-présidente du Amuitahira’a devance sa rivale indépendantiste à Punaauia, Bora et Maupiti, mais perd largement à Faa’a, et reste derrière dans toutes les autres communes des Raromatai. Les électeurs de Naumi Mihura’a, candidate pourtant autonomistes, ne l’ont pas tous soutenus. Et visiblement les tavana non plus.
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C’était la circonscription qui avait fait patiné les discussions au Amui Tatou. C’est celle qui manquera aux autonomistes au terme de ce scrutin. Mereana Reid – Arbelot conserve son siège dans la troisième circonscription (Faa’a, Punaauia, îles Sous-le-Vent) après une élection des plus serrées. En tête de 470 voix au premier tour, la candidate Tavini, qui n’avait entamé son mandat à Paris qu’en juin 2023, après la démission de Moetai Brotherson devenu président, en a eu 592 d’avance ce samedi. 50,9% des suffrages, donc, pour un vote qui n’aura pas réussi à attirer la moitié des électeurs : 49.3% de participation, six points de mieux qu’au premier tour, mais toujours cinq de moins qu’en 2022.
Une Marquisienne dans la troisième
Les deux qualifiées espéraient pourtant une mobilisation des sympathisants de leur camp pour se détacher. Et notamment Pascale Haiti-Flosse, qui avait hérité de la circonscription réservée au Amuitahira’a. La Marquisienne se serait plutôt vu prendre la place de Moerani Frebault dans la première, où elle concourait en 2022. Et ni elle, ni les chefs de file autonomistes n’ignoraient ce que ce parachutage pouvait avoir de problématique pour les îles Sous-le-Vent, où les électeurs aiment soutenir des candidats « du cru ». Comme Naumi Mihuraa, dissidente autonomiste, fille de la sénatrice Lana Tetuanui, et enfant de Raiatea, qui avait raflé 3 200 voix (11%) au premier tour et qui s’était refusée à toute consigne de vote pour le second.
Devant l’insistance de certains responsables autonomistes, elle avait même dénoncé le « mépris » qu’elle avait subi de la part de cette famille désormais reniée, ses quelques bons mots pour Mereana Reid-Arbelot, liée elle aussi à l’archipel, résonnant plus que son silence total sur la candidate orange-rose. S’ajoute la condamnation de Pascale Haiti – en même temps que son mari – à une peine d’inéligibilité en appel de l’affaire du faux-bail de la rue Cardella, qui laissait peser, en cas de victoire, un sérieux risque de retour aux urnes d’ici quelques mois pour ses électeurs.
Deux communes sur sept aux Raromatai
Rien de bon pour le camp autonomiste. Édouard Fritch avait donc pris son bâton de pèlerin, aux côtés de Moerani Frebault, justement, pour aller activer ses réseaux… et les tavana des îles Sous-le-Vent. Visiblement sans succès. Pascale Haiti remporte bien Maupiti haut la main (65% des voix) mais elle ne gagne à Bora Bora qu’avec 132 voix d’avance sur l’indépendantiste. Surtout, l’élue orange, intégrée au groupe Tapura à Tarahoi, perd toutes les autres communes. 42 voix de moins à Huahine, 14 à Taha’a, et 583 voix de retard, au total, dans les communes de Raiatea, avec une mention spéciale pour Uturoa, dont le maire soutenait officiellement Naumi Mihuraa au premier tour, et qui ne lui offre que 37,8% de ses suffrages. Dans un archipel où les candidats autonomistes font souvent le plein, c’est un camouflet pour tout le Amui Tatou.
Pas assez large à Punaauia, loin derrière à Faa’a
Certes, 57% des inscrits de la troisième sont bien Tahitiens, répartis à parts quasi-égales entre Faa’a et Punaauia. Mais là encore, si Pascale Haiti remporte logiquement la commune de Simplicio Lissant (60,2% et 2 000 voix d’avance), ça n’est pas suffisant pour compenser la victoire, tout aussi logique, de sa concurrente chez Oscar Temaru (63,1%, 2 285 voix). L’épouse de Gaston Flosse – hospitalisé pour une intervention de routine ces jours-ci – échoue finalement à 16 716 voix, contre 17 308 pour la nouvelle députée.
Mereana Reid Arbelot sauve donc le Tavini, en conservant un siège particulièrement symbolique : celui que Moetai Brotherson avait conquis en 2017 (52,5% des voix contre Patrick Howell) et conservé avec brio en 2022 (61,3% contre Tuterai Tumahai). Son ex-suppléante, qui menait sa première campagne en tête d’affiche, a fait mieux que l’actuel président du Pays lors de sa première élection (16603 voix), mais beaucoup moins bien qu’il y a deux ans (21 937 voix). La circonscription devrait amener le camp autonomiste à beaucoup de réflexions sur sa stratégie, mais aussi, peut-être, interroger du côté du Tavini, où malgré le fort engagement de Moetai Brotherson durant cette campagne, la mobilisation est resté somme toute mesurée.