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Le Te Nati appelle à voter Sanquer et espère voir les autonomistes aux côtés du RN à Paris


Éric Minardi, président du Te Nati – RNP, a appelé à soutenir, au nom de la défense de l’autonomie, la candidate Amui Tatou de la deuxième circonscription. Mais à une « condition » : que l’alliance rose « cesse d’insulter » les électeurs de Marine le Pen et ses soutiens en qualifiant son parti « d’extrême ». Il conseille au passage à Nicole Sanquer et Moerani Frebault de « quitter le giron des macronistes, politiquement morts » et celui des Républicains « qui ont fait un score minable », pour se diriger, à Paris, vers le groupe RN, afin d’être « entendus ». Quant à Pascale Haiti – Flosse, l’ex-eurodéputé « attend de voir comment elle va se positionner » en cas d’élection.

Lire aussi : Naumi Mihuraa sans consigne de vote, si ce n’est « d’arrêtez d’attendre les consignes des Tavana »

Pas de rencontre, et même pas de “coup de fil” comme le demandait pourtant Éric Minardi au lendemain du premier tour. Le président du Te Nati a seulement fait valider sa décision et son communiqué par le bureau politique de l’antenne locale du Rassemblement national et par le candidat éliminé de la deuxième circonscription, Tutu Tetuanui. Après avoir remercié les deux candidats qui se sont “courageusement engagés” sous l’étiquette RN au premier tour, ainsi que les 3400 électeurs qui ont voté pour eux, l’ancien eurodéputé – et potentiel futur, si assez de ses colistiers RN se désistent pour rejoindre l’Assemblée nationale ou le gouvernement –  appelle à soutenir, comme l’espérait le Amui Tatou, la candidate rose de la deuxième circonscription.

Votez Nicole Sanquer donc, avant tout au nom de l’autonomie. “Quand je vois ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, quand j’entends Oscar Temaru parler d’indépendance immédiate sans référendum, quand je vois qu’on envoie 8 élus en Azerbaïdjan, il y a de quoi avoir peur. Et la Polynésie est autonomiste, pas indépendantiste, liste Éric Minardi. Même si je respecte Moetai Brotherson, Antony Géros, qui ont eu avec moi une attitude républicaine, je pense qu’il faut qu’ils fassent du ménage eux aussi”.

Ne m’appelez plus “extrême”

Un soutien qui est toutefois immédiatement suivi d’un “mais” et d’une “condition”. “Que Nicole Sanquer et Moerani Frebault, cessent d’insulter les électeurs du RN qui ont voté ou qui s’apprêtent à voter pour Amui Tatou, écrit le responsable dans son communiqué. Ce mépris des électeurs du RN est inadmissible, car les autonomistes ont aussi besoin des voix du Te Nati RNP pour être élus”. Éric Minardi reproche en fait à certains responsables autonomiste, notamment du côté de A here ia Porinetia, d’avoir qualifié ou laissé qualifier son mouvement “d’extrême” ou “d’extrême-droite”. “Derrière ces mots, il y a une étiquette raciste, fasciste, nazi, je ne les supporte plus, s’agace le président du Te Nati. Jusqu’à présent on devait se taire, parce qu’on n’avait pas le pouvoir. Demain, on va prendre le pouvoir, nous ne les accepterons plus, ni des journalistes, ni de ces gens là, cette opposition”, reprend le responsable.

L’utilisation de ce terme n’est pas anodine pour les candidats du Amui Tatou puisque l’accord de formation de l’union autonomiste prévoit que les députés élus ne siégeront pas avec ces “extrêmes”, sans toutefois les lister clairement. Interrogé lors d’un débat sur la question, la semaine dernière, Nuihau Laurey, qui avait pourtant appelé à voter pour Marine le Pen en 2022, avait répondu que le RN “était à l’extrême-droite et de l’autre côté on a le Front de gauche, c’est une réalité”. Le terme est aussi utilisé par la plupart des politologues, et dans les textes officiels, puisque, malgré les efforts de « dédiabolisation » de Marine le Pen, le ministère de l’Intérieur classe encore les candidats Rassemblement national à “l’extrême droite”. Classification jugée conforme par le Conseil d’État malgré les recours du RN, comme l’avait rappelé le député sortant Steve Chailloux sur notre plateau. Un “argument de faible” avait alors rétorqué Tutu Tetuanui.

Les macronistes « morts », les Républicains « minables »

Mais c’est surtout sur les question d’alliance et de groupe de ralliement que porte le “mais” du RN. Moerani Frebault, qui avait candidaté aux européenne sur la liste Renaissance – Modem – Horizons, devrait selon toute vraisemblance siéger dans le ou un des groupes de l’ancienne majorité macroniste. Nicole Sanquer, elle assure qu’elle choisira – là encore en fonction de la recomposition politique post-deuxième tour – un groupe “du centre”. “Nous rappelons à Nicole Sanquer et à A here ia Porinetia qu’ils ont donné leur parrainage à Marine Le Pen en 2022” répond le Te Nati qui explique aussi que la présidente d’Ahip “a appelé à voter pour Marine Le Pen » lors de cette présidentielle. Ce que Nicole Sanquer dément : si son parrainage est bien allé à la candidate, “à l’appel de l’UDI” et parce qu’il lui manquait des signatures pour concourir, et si l’autre leader du parti Nuihau Laurey l’a bien soutenu “à titre personnel” dès le premier tour, ni elle ni son mouvement ne l’ont officiellement fait. En revanche, le Te Nati avait bien soutenu Nicole Sanquer, comme le rappelle le parti, lors du premier tour des législatives, quelques semaines plus tard.

Mais le message d’Éric Minardi porte surtout sur l’avenir. Alors que les résultats des européennes et du premier tour sont dominés “sans appel” par le RN, qui pourrait pour la première fois être en position de former un gouvernement le 8 juillet, le responsable “informe” les candidats Amui Tatou “que s’ils se cantonnent à rester dans le giron des Macronistes, parti politiquement mort, ou dans celui des républicains qui ont fait un score minable, ils ne seront pas entendus, à l’Assemblée Nationale”. “Votre nouvelle coalition, Amui Tatou, serait bien avisée de se mettre à la page, comme l’ont fait beaucoup de politiques, en France, dont Eric Ciotti”.

L’espoir d’un ralliement de Pascal Haiti-Flosse au RN

Un communiqué qui, à aucun moment, ne cite le cas de la troisième circonscription où la candidate autonomiste est pourtant en moins bonne posture électorale que Nicole Sanquer. Il est vrai que le RN n’y avait pas positionné de candidat, préférant soutenir – sans l’investir – Naumi Mihuura, qui se refuse elle-même à toute consigne de vote. Mais les soutiens passés de Gaston Flosse – qui avait battu campagne pour Marine le Pen en 2017 et appelé à voter pour elle contre Macron au second tour de 2022, après avoir soutenu Valérie Pécresse – a de quoi laisser espérer au RN un ralliement de son épouse Pascale Haiti, pas vraiment loquace sur son choix de groupe une fois à Paris. “J’attends de voir comment ils vont se positionner, note Éric Minardi. Si elle est élue bien sûr”.

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