« Manque de moyens » oblige, l’antenne locale du Rassemblement national ne présentera pas trois candidats aux législatives. Charles Atger « portera le programme de Marine Le Pen » dans la deuxième circonscription. Mais Te Nati soutiendra, sans accord formel de partenariat, les candidatures de Tauhiti Nena dans la première et de Nuihau Laurey dans la troisième.
C’est une « décision collégiale », « validée par Paris » qui a été présentée ce matin par Éric Minardi. Le président du Te Nati – RNP ne présentera pas, en juin, un candidat dans chacune des trois circonscriptions, comme cela avait été le cas aux dernières législatives. Une stratégie qui n’avait pas été payante en 2017 : l’ex-Front National n’avait réuni que 1,2% des suffrages polynésiens, et qualifié aucun de ses candidats pour le second tour, malgré, déjà, un score important de Marine le Pen à la présidentielle. Mais plus que cet échec, c’est la question des moyens du parti qui est mise en avant. Plutôt que de disperser ses efforts dans les cinq archipels, le parti, qui ne compte qu’un nombre très limité de militants actifs, se concentrera sur la deuxième circonscription. Une zone qui inclut les Australes, mais qui, en terme d’électeurs se concentre surtout sur le Sud et l’Est de Tahiti. Comme le pointe Éric Minardi, Marine Le Pen a battu Emmanuel Macron dans « presque toutes ces communes » (Mahina, Hitiaa, Taiarapu Est ou Ouest, Paea, Papara, mais pas Teva i uta). Et surtout était arrivée globalement en tête sur la circonscription, avec 366 voix d’avance sur le président réélu.
« Charles Atger peut vraiment l’emporter«
C’est donc Charles Atger, qui « défendra le programme » de Te Nati dans la deuxième. Pas totalement un novice en politique, puisque le natif de Afaahiti, surtout connu pour ses chorales et son engagement associatif, avait été au centre de la la campagne législative de Franck Faletta en 2013, avant de prendre des responsabilités, quelque temps, au sein du Tahoera’a. Les propositions du RN pour la Polynésie – remboursement de la CPS de la dette nucléaire, université de la mer, défiscalisation, lutte contre l’ice… – Charles Atger les connaît pour avoir aidé à les traduire en reo tahiti. C’est d’ailleurs par ce biais – « un peu par hasard » – que le candidat s’est rallié au Te Nati. « Les liens amicaux se sont tissés et je me suis retrouvé pas balancé, mais impliqué dans le petit groupe de Te nati, qui m’a plu parce que ça n’est pas une des grosses machines politiques que l’on connaît sur le territoire, explique-t-il. Les résultats de la présidentielle m’ont conforté, et je me dit qu’on ne va pas arrêter la bataille ici, on va continuer le combat pour les prochaines échéances ».
Si Éric Minardi a choisi de ne pas se présenter, c’est parce qu’il pourrait être appelé à d’autres responsabilités. Le RN vient d’investir son président par intérim, Jordan Bardella, ainsi que Julie Lechantreux, dans le Var, un département où Marine Le Pen a une de ses plus fortes assises. Interdiction du cumul des mandats oblige, ils pourraient donc laisser leur place de député européen en cas d’élection… Et le président du Te Nati pourrait donc partir vers Strasbourg. « Je ne suis pas en course, mais Charles Atger peut vraiment l’emporter, tous les retours que j’ai sont excellents », répète le chef d’entreprise. Il faudra tout de même affronter, dans la deuxième, plusieurs autres candidats qui veulent faire campagne contre Emmanuel Macron ou contre le Tapura : Jonathan Tarihaa, soutenu par le Amuitahira’a et Gaston Flosse – avec qui Éric Minardi s’est résolu à enterrer la hache de guerre – Steeve Chailloux pour le Tavini, Sandra Levy-Agami, Pamela Otcenasek, soutenue par Tauhiti Nena… Et bien sûr la députée sortante Nicole Sanquer qu’Éric Minardi dit être prêt à soutenir au deuxième tour – un engagement réciproque mais oral – en cas d’élimination de son candidat.
Des soutiens, mais pas d’accord, ni de candidat commun
Car le Rassemblement national – « habitué à partir seul face à tous » – n’a pas signé d’accord avec d’autres formations politiques en vue de ces législatives. Ainsi le parti soutiendra Tauhiti Nena dans la première alors que celui-ci maintient son candidat face à Charles Atger dans la deux. Même soutien sans désistement ni accord formel du côté de A Here Ia Porinetia et Nuihau Laurey dans la première. « Il a soutenu Marine Le Pen dès le premier tour, il nous a apporté son parrainage, et je m’y étais engagé », explique Éric Minari pour qui « le respect de la parole donnée » vaut mieux qu’un accord politique. Quant à Tauhiti Nena, qui, après sa campagne pour Éric Zemmour, avait lui aussi appelé à voter Marine Le Pen pour le 23 avril, c’est « un ami, un copain », qui se présente dans une circonscription trop vaste (Papeete, Arue, Pirae, Tuamotu, Marquises) pour être accessible. « Pour le reste, on verra au deuxième tour ce que ça va donner », reprend le responsable.
Quel que soit le candidat la barre pour être qualifié est haute : il faut soit être dans les deux premiers, soit obtenir les voix de 12,5% des inscrits, et donc potentiellement 25 à 30% des voix exprimées si l’abstention reste au même niveau qu’en 2017.