Mardi, le tribunal de Papeete se penchera sur une affaire de détournement de biens publics, escroquerie, faux en écriture et recel concernant la subdivision des Îles-Sous-le-Vent de l’Équipement, plus précisément le secteur de Taha’a, qui après la subdivision de Moorea est dans le collimateur de la justice.
Avec environ 700 personnes employés à l’Équipement, difficile de différencier le bon grain de l’ivraie. Car de l’ivraie, au vu de la précédente affaire de la subdivision de l’Équipement à Moorea, il semblerait que les silos de l’Équipement en soient bien pourvus. Dans cette nouvelle affaire de détournement de biens publics et de faux en écriture dans le secteur de Tahaa qui dépend de la subdivision des ISLV, on est toutefois sur une somme moins importante que celle dans l’affaire de Moorea, estimée à 96 millions. L’arnaque se porterait sur une trentaine de millions de Fcfp.
Ce sont donc six prévenus qui sont attendus mardi à la barre, parmi lesquels le chef de l’équipement du secteur de Tahaa, déjà impliqué en 2015 dans une affaire de détournement de fonds publics à Makemo alors qu’il était en poste à la subdivision des Tuamotu-Gambier. À noter qu’il a été renvoyé de son poste de chef de secteur dès la découverte des malversations de Tahaa en 2017. Outre l’ex directeur de l’Équipement Jean-Paul Le Caill, là aussi poursuivi pour négligence comme dans l’affaire de Moorea pour laquelle il a été relaxé, on trouve trois gérants de société de matériaux de construction mais aussi une gérante de station-service.
Faux bons de commande transformés en avoirs
Les faits remontent à 2011 et ont perduré jusqu’en 2017. La justice reprocherait au chef de secteur de Tahaa d’avoir transmis pour signature à la subdivision des ISLV, sise à Raiatea, des faux bons de commande afin d’en constituer des avoirs qu’il utilisait chez les fournisseurs, selon ses envies et ses besoins du moment. Comme à Moorea, ces faux bons de commande étaient inférieurs à un million de Fcfp pour éviter qu’ils ne remontent pour signature à la direction de l’Équipement.
Les bons servaient à effectuer une partie des achats et le reste était transformé en avoir. Pour exemple, si sur le bon de commande figuraient 10 sacs de ciments, seule la moitié était achetée et le reste passé en avoir sans que le fournisseur ne fasse apparaître la manipulation sur son facturier.
Là aussi comme à Moorea, il semblerait que les fournisseurs aient été victime de pressions style, « tu rentres dans la combine ou tu peux dire adieu à ton chiffre d’affaires. » Du moins c’est ce que soupçonne la justice qui a convoqué ce petit monde afin qu’ils s’expliquent à la barre mardi.
Cette affaire, comme celle de Moorea, démontre bien qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de l’Équipement et que la justice en mettant le nez dans le fonctionnement de l’institution, a ouvert la boite de Pandore qui risque encore de nous réserver quelques surprises. Après la subdivision de Moorea puis celle des ISLV, on peut légitimement se demander quelle sera la prochaine à voir les enquêteurs s’intéresser de près à son fonctionnement.