ACTUS LOCALESJUSTICE Les 4 ex-salariés de l’InterContinental de Moorea tentent de faire annuler leur licenciement en référé Caroline Perdrix 2020-02-17 17 Fév 2020 Caroline Perdrix ©DR Les 4 hommes qui avaient été accusés de viol en réunion par une collègue à l’hôtel InterContinental de Moorea, mis à pied puis licenciés pour faute grave avant le classement sans suite de la plainte qui les visait, demandaient ce lundi leur réintégration en référé. Le délibéré sera rendu le 25 février. L’affaire, révélée en août dernier, avait provoqué un long mouvement de grève à l’hôtel de l’île sœur, mobilisant 90% du personnel, puis un second mouvement après l’annonce du classement sans suite de la plainte par le parquet. Me Stanley Cross, l’avocat des 4 hommes, accuse la direction de l’hôtel d’avoir pris fait et cause pour la victime présumée, « sans que l’on puisse comprendre les raisons qui l’ont amenée à accuser 4 salariés. » C’est la direction, dit-il, « qui en a fait une affaire importante et qui a pris contact avec l’association VahineOrama ». Selon Me Cross, les enquêteurs de la brigade de gendarmerie de Faa’a « se sont posé des questions sur la réalité des accusations et sur l’attitude de la direction. » Me Cross conteste la validité de la lettre de licenciement, qui fait état de témoignages anonymes en défaveur des 4 hommes. Cet anonymat est une atteinte au droit des salariés à un procès équitable et rend la procédure « viciée », dit-il en s’appuyant sur une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme. Un effet de manches un peu grandiloquent puisque le licenciement est intervenu dans un cadre disciplinaire interne à une entreprise, et non pas dans un procès pénal qui, lui, n’est plus à l’ordre du jour. Comme souvent dans des affaires de cet ordre, l’avocat des employés de cuisine s’est également efforcé de discréditer la jeune femme, émettant des doutes sur la réalité de ses tentatives de suicide, et comparant cette affaire à celle de l’Arafenua. Des hommes « manipulés par leurs avocats tout au long de la procédure » Me Kinzler, conseil de l’hôtel InterContinental, estime que les 4 hommes ont été « manipulés par leurs avocats tout au long de la procédure. » Lors de leur entretien préalable à licenciement, explique-t-elle, tous ont refusé de parler en l’absence de leur avocat : « C’est ce qu’on dit en garde à vue, pas en entretien préalable ! » Elle a rappelé que tous, embauchés entre 1995 et 2011, avaient eu à répondre de faits plus ou moins graves commis dans le cadre professionnel tels que vols, violences, ou menaces envers leurs supérieurs. L’enquête menée en interne par la direction aurait révélé, dit-elle, une ambiance délétère au sein des cuisines, « humour douteux, attouchements, les filles refusaient de rester seules le soir ». Selon Me Kinzler, plusieurs employés ont refusé de témoigner par peur de représailles. Enfin, elle a également contesté le bien-fondé de cette requête en référé déposée le 5 décembre dernier. « Il n’y a aucune urgence dans ce dossier, c’est au tribunal du travail de statuer. » C’est aussi la conclusion vers laquelle semble tendre le juge : « Il y a une possibilité que je ne tranche pas en référé, mais que je la renvoie au tribunal du travail », a-t-il conclu, mettant sa décision en délibéré au 25 février prochain. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)