À l’occasion de l’ouverture du 30e Salon du tourisme, le président a rappelé que le cap fixé par la stratégie touristique du Pays : 300 000 visiteurs en 2030. À l’entendre les objectifs mis sur la table par Moetai Brotherson et le Tavini sont non seulement irréalistes, mais risqueraient de « submerger » la population et d’engendrer des problèmes fonciers.
Lire aussi : Moetai Brotherson ne veut « pas de promesses démago »
Un tourisme « raisonné », « inclusif » et « durable » qui recherche la « qualité plutôt que la quantité »… Voilà les grandes orientations de la stratégie Fāri’ira’a Manihini 2027 (FM27), discutée ces deux dernières années au sein du secteur touristique et de nouveau mise en avant par Édouard Fritch en ouverture du 30e Salon du tourisme ce matin. Parmi les nouveautés de la feuille de route, cet objectif chiffré et inscrit noir sur blanc dans le document adopté à l’unanimité de Tarahoi le 8 décembre : une « fréquentation globale de 280 000 touristes par an en 2027, sur le principe soutenable de un ‘touriste pour un habitant’ « . Pas si éloigné des 236 000 touristes de 2019 ou des 218 000 de 2022.
Du gouvernement à Tahiti Tourisme, on parle aussi, ces derniers mois, de « 300 000 touristes à l’horizon 2030 », chiffre qui serait quoiqu’il arrive un « plafond ». Mais ce plafond semble aujourd’hui faire débat. Ainsi sur le plateau de Radio1 mardi, Moetai Brotherson a-t-il expliqué que pour le Tavini, le but était aussi de mieux distribuer l’activité touristique au fenua, de développer un tourisme « différent », mais surtout qu’il s’agissait « d’atteindre à peu près 600 000 touristes » par an. Un cap jugé « atteignable, raisonnable » par le député, qui assure ne pas vouloir faire de « promesses démago ». Interrogé sur le sujet, Édouard Fritch, lui, appelle bien ça « de la démagogie ».
Risquer de « submerger » les Polynésiens
À l’entendre, « on ne peut pas annoncer 600 000 touristes alors que nos structures d’accueil ne peuvent pas y répondre ». À la présidence on estime qu’il faudrait au moins doubler le parc hôtelier actuel – qui n’atteint pas encore les 3 000 clés – pour absorber une telle fréquentation annuelle. Une fréquentation qui risquerait aussi, selon le président, de « submerger » les Polynésiens et de tendre la relation avec le secteur : « Les touristes viennent chez nous parce que c’est beau, mais aussi par le Polynésien est souriant et ça c’est un trésor, précise-t-il. Il ne faut surtout pas augmenter la pression touristique sur la population voire même sur le foncier, parce que vous connaissez les problèmes que nous avons aujourd’hui ».
Mais la Polynésie ne pourrait-elle pas viser plus haut, afin de faire participer davantage le tourisme au développement économique, comme semble le penser le parti indépendantiste ? « Je pense que 300 000, si on maintient le cap du tourisme de haut-de-gamme, ça sera suffisant, répond Édouard Fritch. Aujourd’hui, avec les 200 000 touristes que nous faisons, nous ne sommes pas loin du chiffre d’affaires que fait Fidji avec 800 000 touristes. Donc il faut à mon avis être raisonnable et préserver l’essentiel ».