Bruxelles (AFP) – Les actionnaires des deux leaders de l’industrie de la bière ont donné leur feu vert mercredi à l’acquisition du britannique SABMiller par le belgo-brésilien AB InBev, une transaction monumentale qui créé un géant incontesté du secteur.
Ces votes favorables lèvent la dernière incertitude sur ce mariage annoncé il y a près d’un an, mais dont les détails financiers ont dû être revus à la hausse ces dernières semaines pour tenir compte de la chute de la livre sterling consécutive à la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne.
Valorisé désormais autour de 79 milliards de livres (environ 91 milliards d’euros), SABMiller et ses marques Foster’s et Coors seront bien avalées par AB InBev, propriétaire entre autres de Corona, Stella Artois, Leffe et Budweiser.
« Nous sommes heureux que le vote de nos actionnaires nous permette de franchir une étape supplémentaire vers le regroupement de nos sociétés », a affirmé le PDG d’AB InBev, Carlos Brito, cité dans un communiqué publié mercredi matin.
Une heure plus tard, SABMiller annonçait à son tour que ses propriétaires avaient donné leur accord à une large majorité pour un prix d’achat de 45 livres par action – bien que certains de ses investisseurs, comme le groupe financier Aberdeen Asset Management, aient jugé que l’accord sous-valorisait l’actuel numéro deux du secteur.
A moins d’une surprise de taille désormais, la fusion doit être officialisée le 10 octobre. Dès le lendemain, le titre du nouveau groupe, qui gardera le nom d’AB InBev, sera coté principalement à Bruxelles, avec des cotations secondaires à Johannesburg – où SABMiller tient ses origines – et à Mexico. L’action ne sera pas cotée à Londres.
Le siège administratif du futur géant mondial sera installé à Louvain et le « bureau de management fonctionnel mondial » à New York, une structure qu’avait déjà AB Inbev avant l’opération.
– Suppressions d’emplois et cessions de marques –
Parmi ses sièges régionaux figureront Saint-Louis pour l’Amérique du nord, Mexico pour l’Amérique centrale ou encore Johannesbourg pour l’Afrique, le nouveau géant ayant dans le viseur notamment les marchés chinois, mais aussi africains.
Le QG administratif de Louvain servira également de siège régional pour l’Europe. Située à 30 km de Bruxelles, en Flandre, cette ville touristique et universitaire est le berceau historique du groupe brassicole belge.
Le plan d’AB Inbev prévoit par ailleurs la suppression d’au moins 5.500 emplois en trois ans. Des coupes qui pourraient être encore plus importantes car les prévisions n’ont « pas été possibles » partout, indique le brasseur dans différents rapports.
Le nouveau géant devra en effet faire face au défi du ralentissement de la croissance des marchés dits « matures », comme l’Europe et les Etats-Unis. Il devra aussi tenir compte de la montée des brasseurs artisanaux, qui représentent entre 5 et 9% de la consommation et voient leurs ventes bondir de plus de 10% par an sur les marchés les plus avancés.
C’est une des plus grandes acquisitions de l’histoire des entreprises et « l’apogée d’une décennie de consolidation dans l’industrie de la bière », a expliqué Anna Ward, experte du secteur chez Euromonitor International.
« Avec une part de 27% du marché de la bière et une présence importante dans toutes les régions, l’entreprise combinée sera vraiment mondiale. La puissance de SABMiller dans les marchés émergents d’Afrique va résoudre une faiblesse d’AB InBev », a-t-elle ajouté.
AB InBev emploie « 150.000 collaborateurs basés dans 26 pays », selon son dernier rapport financier. SABMiller compte quant à lui environ « 70.000 employés dans plus de 80 pays », d’après son site internet.
Afin d’obtenir les accords des diverses autorités de régulation, AB InBev a dû toutefois céder ou s’engager à céder de nombreuses activités de la future entité fusionnée, comme les marques Peroni et Grolsch de SABMiller au brasseur japonais Asahi. Il a aussi dit vouloir se défaire d’actifs en Europe centrale et orientale, où SABMiller est propriétaire entre autres de la tchèque Pilsner Urquell.
AB InBev a accepté en outre de vendre la participation de 49% de SABMiller dans Snow Breweries – le plus important producteur de bière en Chine.
© Belga/AFP ERIC LALMAND
AB Inbev CEO Carlos Brito stands during an extraordinary shareholders meeting of SABMiller and AB InBev regarding the merger of the two breweries, on September 28, 2016, in Brussels. British brewer SABMiller’s shareholders approved a mega-takeover by rival Anheuser-Busch InBev, clearing the way for the creation of the world’s biggest beer company. The news came hours after investors in AB InBev, the Belgian-Brazilian maker of Budweiser and Stella Artois, also backed the $104-billion (93-billion-euro) takeover for the producer of Foster’s and Peroni