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Les agriculteurs font entendre leur colère dans toute l’Europe

Alors que depuis plusieurs jours, les agriculteurs français multiplient les blocages, les secteurs agricoles de nombreux pays européens ont rejoint le mouvement. De l’Allemagne aux Pays-Bas en passant par la Pologne ou la Roumanie, tous manifestent, pointant du doigt les décisions européennes, et celles de leur pays. Un mouvement qui gagne aussi doucement l’Italie et l’Espagne.

Vers un « blocus de Paris » ce vendredi ? C’est ce qu’envisagent deux syndicats agricoles, la FDSEA et Jeunes Agriculteurs d’IDF. Depuis plusieurs jours, les agriculteurs français intensifient leur mobilisation et 80 départements sont concernés par des blocages. Tous espèrent des « réponses concrètes » de la part du gouvernement devant l’explosion des charges et des normes agricoles, et leur difficulté à faire face à l’inflation.

Mais les agriculteurs de l’Hexagone ne sont pas les seuls à faire entendre leur colère. En Allemagne, aux Pays-Bas, en Roumanie et en Pologne aussi, la grogne du secteur agricole gagne du terrain. D’autres pays européens pourraient bientôt se joindre aux revendications. Si les politiques européennes sont pointées du doigt dans l’ensemble des États, d’autres décisions politiques internes ont poussé le secteur agricole à se soulever. Europe 1 fait le point, pays par pays.

Allemagne
Outre-Rhin, la mobilisation des agriculteurs a débuté au début du mois de janvier. Les manifestants s’opposent à la suppression d’un avantage fiscal sur le carburant de leurs engins agricoles, annoncée par le gouvernement d’Olaf Scholz en décembre dernier. De son côté, l’État allemand justifie son intention de réduire des subventions au secteur par le rappel à l’ordre des juges constitutionnels concernant les règles budgétaires du pays. Alors que le 15 janvier dernier, plus de 5.000 tracteurs ont roulé vers Berlin, le gouvernement a décidé d’assouplir cette décision, en annonçant supprimer progressivement cet avantage fiscal jusqu’en 2026, ce qui n’a pas convaincu les agriculteurs. Ils poursuivent leur mobilisation, et ont été rejoints ces derniers jours par les artisans et commerçants.

Pays-Bas
Les agriculteurs néerlandais ont été les premiers à manifester leur colère, dès le mois de juin 2022. Là aussi, c’est une décision gouvernementale qui a mis le feu aux poudres : l’annonce d’une réduction drastique des émissions d’azote, en réduisant le cheptel du pays. Depuis plusieurs mois, des milliers d’agriculteurs néerlandais organisent des blocages au volant de leurs tracteurs, protestent jusque devant les domiciles des politiques, et retournent symboliquement le drapeau des Pays-Bas. Aussi, preuve de l’importance du mouvement dans le pays, un nouveau parti rassemblant des agriculteurs, le « Mouvement agriculteur-citoyen », a fait une entrée en force au Sénat en mars 2023.

Pologne et Roumanie
L’Europe de l’Est n’est pas épargnée par la fronde des agriculteurs. Depuis plusieurs mois, les agriculteurs des pays limitrophes de l’Ukraine, notamment la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie, dénoncent la « concurrence déloyale » du pays en guerre. Ils l’accusent de brader le prix de ses céréales. D’autant que quelques mois après l’invasion russe, en mai 2022, l’Union Européenne a annoncé suspendre les droits de douane sur les produits importés d’Ukraine, et créer des « corridors de solidarité » pour permettre à Kiev le passage de ses stocks de céréales.

En Pologne, par exemple, où 160 routes ont été bloquées ce mercredi, les manifestants dénoncent les importations « incontrôlées » de produits agroalimentaires ukrainiens et réclament une révision de la Politique agricole commune (Pac).

La concurrence ukrainienne est pointée du doigt par les agriculteurs roumains, qui manifestent également pour s’opposer aux taxes jugées exorbitantes mises en place par leur gouvernement. Le 14 janvier dernier, ils ont par exemple bloqué les routes de villes situées à la frontière avec l’Ukraine.

L’Espagne, l’Italie et la Belgique entrent doucement dans la danse
D’autres pays pourraient bientôt rejoindre la fronde, à commencer par l’Espagne et l’Italie. C’est ce qu’a affirmé Christiane Lambert sur BFMTV. « Les agriculteurs de ces deux pays vont lancer des actions pour avoir le soutien de leur gouvernement », a assuré la présidente du Copa et ancienne présidente de la FNSEA.

Enfin, les agriculteurs belges pourraient se joindre au mouvement : des premières manifestations ont eu lieu mercredi devant le Parlement européen à Bruxelles et un syndicat agricole a annoncé vouloir organiser des « barrages filtrants » la semaine prochaine en Wallonie.