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Les Américains du fenua « mobilisés comme jamais » autour du duel Trump – Biden


Un millier de résidents polynésiens disposent d’un passeport des États-Unis et le fenua accueille, en plus, 1000 à 3000 « visiteurs » américains. Autant d’électeurs potentiels au scrutin présidentiel du 3 novembre, qui déchaîne les passions jusqu’à Tahiti. Boom du vote par correspondance, débat houleux dans la communauté… Du « jamais vu » pour Christopher Kozely, agent consulaire américain en Polynésie.

Rarement le fenua n’avait autant suivi une élection américaine. La personnalité pour le moins clivante du président sortant ou la crise sanitaire et sociale que traverse les États-Unis jouent beaucoup dans cet intérêt pour le scrutin du 3 novembre. Mais c’est aussi parce que les Américains sont particulièrement nombreux, ces temps-ci, au fenua. Pas du côté du tourisme, très affaibli par la pandémie. Mais Christopher Kozely l’assure : beaucoup d’habitants de la côte Ouest ont choisi de s’installer pour quelques semaines ou quelques mois en Polynésie. Ils auraient « fui » les incendies qui ravagent depuis cet été la Californie ou l’Oregon, chercheraient à s’éloigner des manifestations violentes qui ont eu lieu dans certaines grandes villes ces derniers mois, ou voulaient s’isoler de l’épidémie de Covid-19… Stratégie peu payante de ce côté là.

Mais d’après l’agent consulaire américain, ce seraient tout de même 1000 à 3000 « visiteurs » américains qui résideraient actuellement dans des AirBnB, des maisons secondaires ou, pour quelques uns, sur des yacht ou dans des hôtels en Polynésie. Ils s’ajoutent au millier de résidents permanents du fenua disposant d’un passeport « U.S. », dont « 80% sont des Polynésiens nés sur le sol américain ».

Et toutes ces personnes peuvent participer à l’Election Day. Du moins s’ils sont majeurs et qu’ils ont fait la démarche pour s’inscrire sur les listes électorales. Une démarche « simple, sur le site svap.com », détaille Christopher Kozely. Les inscriptions sur les listes sont, à quelques exceptions près, terminées depuis lundi, mais ceux qui étaient déjà inscrits peuvent encore voter, via le même site. Le formulaire de vote peut être renvoyé jusqu’à la veille du scrutin, par voie postale, par mail ou par fax.

Les ressortissants américains ont été très nombreux, ces dernières semaines à contacter l’agent consulaire pour se renseigner sur ces démarches. « Il y a une très grosse présence, un vrai engouement », « c’est du jamais-vu », assure-t-il. Les Américains du fenua votent en masse, et surtout s’expriment sur l’élection. « D’habitude, ils sont plutôt discrets sur leur vote, là 70%  ne cachent pas leur pensée, reprend le responsable. Je vois des discours virulents : on essaie de pousser son candidat, de convaincre, voire de forcer ses proches à voter pour lui ». Aucun doute : ce sont les « enjeux énormes » de cette élection qui poussent les Américains vers les urnes. « Quel que soit le choix, c’est un vote qui va apporter du changement », estime Christopher Kozely.

À noter que les sondages sont pour l’instant nettement favorables au candidat démocrate Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama. Les pro-Trump remarquent que c’était déjà le cas, il y a 4 ans, quand le magnat de l’immobilier avait battu Hillary Clinton, donnée grande favorite. Les États-Unis ont commencé à voter depuis plusieurs semaines, et vu les inquiétudes sur l’épidémie de Covid, plus de 50 millions d’électeurs ont déjà choisi de voter par correspondance ou par la procédure de vote anticipé. Certains analystes estiment que les résultats, au lendemain du 3 novembre, pourraient ainsi ne pas être entièrement représentatifs du résultat, les bulletins par correspondance étant décomptés après. Ce qui pourrait engendrer des tensions entre les deux camps dans l’attente de résultats fiables.

La campagne, en tout cas, se poursuit : les Américains du fenua reçoivent comme les autres électeurs, beaucoup de propagande électorale en ligne. « J’ai donné mon adresse aux deux camps pour me tenir au courant et en moins d’une semaine, j’ai reçu au moins 50 mails… tous du Parti Républicain », note Christopher Kozely.

Christopher Kozely, agent consulaire américain en Polynésie.

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