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Les annonces des zones protégées : « une grosse surprise » pour les pêcheurs hauturiers

Les annonces d’Édouard Fritch au sommet One Ocean à Brest ont été saluées par les associations environnementales mais la surprise a été de taille pour les pêcheurs hauturiers. Ils ne s’attendaient pas à des zones protégées aussi grandes. Une annonce « très difficile à accepter » et incompatible avec l’objectif de doubler l’effort de pêche.

500 000 km2 de zones protégées en bordures des îles et 500 000 autres km2 dans la partie sud-est de la ZEE : de quoi satisfaire les associations environnementales et la France qui atteindra ainsi son objectif international de protection de 30% des espaces maritimes d’ici 2030. Mais l’annonce d’Édouard Fritch au sommet One Ocean à Brest a été « une grosse surprise » pour les pêcheurs hauturiers. Il y avait bien des discussions sur le sujet de la protection de la ZEE avec le ministre de l’Économie bleue, Tearii Alpha, mais jamais il n’y a eu d’accord sur des chiffres et les armateurs s’attendaient plutôt à 500 000 km2 de ZEE protégée, pas à un million. « C’est très difficile à accepter et on attend de rencontrer le gouvernement pour essayer de négocier sur la répartition des zones », explique un professionnel qui souhaite garder l’anonymat.

Selon les annonces, seule la pêche « artisanale » en poti marara et bonitier sera autorisée dans une zone de 30 milles marins autour des îles de la Société, des Australes et des Marquises, et de 10 milles marins autour des Tuamotu-Gambier. Les bateaux de pêche plus importants, eux, devront attendre d’avoir quitté ces zones pour déployer leurs palangres ou leurs lignes. « Cette protection côtière marque un retrait de 20% des zones de pêche professionnelle actuelle », avait reconnu le président Fritch dans son discours. Cette règle a pour objectif de protéger la ressource mais également de réduire les éventuels conflits d’usage. Si cela peut se comprendre dans les îles de la Société où les pêcheurs côtiers professionnels sont 300, les pêcheurs hauturiers ne comprennent pas ce choix pour les Australes et les Marquises où les pêcheurs côtiers professionnels sont peu nombreux. D’autant que « les pêcheurs côtiers sont autorisés à aller jusqu’à 15 milles marins » des îles, pourquoi donc protéger jusqu’à 30 milles ?

Un zonage qui supprime 20% des zones de pêche professionnelle actuelle

Les armateurs mettent également en avant la migration du poisson : il est difficile de dire où la ressource sera présente dans les années à venir. Si aujourd’hui ce zonage supprime 20% des zones de pêche professionnelle actuelle, impossible de connaitre son impact pour les années à venir. Enfin, la pêche polynésienne a toujours été une bonne élève en matière de développement durable : interdiction des senneurs, pêche à la palangre… « Quel est notre impact sur la ressource aujourd’hui ? On pêche 0,2% de la ressource ! On préserve déjà la ressource, on n’est pas bête, c’est notre gagne-pain. Nous sommes déjà une pêche durable, ces zones protégées c’est juste de l’emploi que l’on perd. » Pour certains professionnels, « ce n’est pas une décision logique mais une décision émotive, basée sur des on-dit et des idées de ‘pillage’. On se trompe de combat. Le gouvernement n’a rien annoncé sur les DCP dérivants ou les bateaux étrangers qui pêchent à la limite de la ZEE. C’est très frustrant et difficile de travailler dans ces conditions. » Et incompatible avec l’objectif du gouvernement de doubler l’effort de pêche, assurent encore les pêcheurs hauturiers.

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