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Les autorités de concurrence au chevet des économies du Pacifique

Les membres des 8 autorités de concurrence présentes à Tahiti, qui vont constituer un réseau régional. ©CP/Radio1

Les Journées de la concurrence se sont ouvertes ce matin, rassemblant les autorités de 7 pays de la région Pacifique et de métropole.  L’objectif, rappelé par Édouard Fritch dans son discours d’ouverture : échanger, notamment entre économies comparables, sur les bonnes pratiques en matière de compétition économique, et contribuer à surmonter les blocages qui, au final, nuisent aux consommateurs. Ce sont bien eux, a-t-il dit aux participants, « qui seront les premiers bénéficiaires de vos travaux ».

Les économies insulaires, dominées par un petit nombre d’acteurs, sont-elles condamnées à une concurrence de façade ? Contrairement à ce qu’on entend depuis des décennies, ce n’est pas une fatalité, estiment les autorités de concurrence réunies à Tahiti pour trois jours de colloque. Charge à elles de veiller à niveler le terrain pour faire entrer de nouveaux joueurs, et permettre à chacun de faire ses preuves.

« La tentation est grande de perdurer dans des situations de privilège », a déclaré la présidente de l’APC Johanne Peyre. Mais le droit de la concurrence au fenua est encore jeune, et les entreprises commencent à s’adapter, dit le ministre de l’économie, Yvonnick Raffin.

Et en réponse à ceux qui, ces derniers jours, ont critiqué l’APC et cet événement, le ministre salue le travail déjà accompli par l’Autorité polynésienne de la concurrence.

Au cours de cette première journée, après une présentation comparative des économies de la région par le directeur de l’IEOM Fabrice Dufresne, les conférenciers ont fait le point sur les grands secteurs qui intéressent particulièrement les autorités de concurrence : télécoms, transport, énergie, distribution, ou encore professions réglementées.

Les petits pays insulaires du Pacifique ont d’autant plus de mal à encourager la concurrence sur leurs territoires que « les entreprises d’État sont partout : il n’y a peu ou pas de concurrence du tout, et aucune pression pour améliorer les prix ou la qualité », expliquait notamment le Vanuatais Noah Patrick Kouback, conseiller commerce du Forum des îles du Pacifique.

« On a pu entendre les retours d’expérience, les cas concrets qu’ont vécus les autres autorités, dit la présidente de l’APC, Johanne Peyre. De façon assez surprenante, par exemple dans les télécoms, l’Australie rencontre les mêmes problématiques que nous avec les archipels éloignés : elle a de grandes ‘zones blanches’ parce que son territoire est très vaste et que la population est concentrée dans des zones précises. »

Une indépendance garantie par les pouvoirs d’enquête des autorités de concurrence

Parmi les personnalités présentes, Henri Piffaut, le vice-président de l’Autorité de la concurrence en France, DOM inclus : « Ce sont des thèmes qui sont communs à tous, avec des dérivations différentes selon les tailles des différentes économies, et avec des réponses qui doivent être adaptées aux réalités économiques locales. » Durant l’une de ses interventions, il a évoqué les pressions que les acteurs économiques, voire les pouvoirs publics, peuvent tenter d’exercer sur les autorités de concurrence. Comment préservent-elles leur indépendance ? « Indépendant ne veut pas dire coupé du monde », nuance-t-il, en évoquant le nécessaire dialogue avec l’exécutif et le législateur. L’indépendance d’une autorité de la concurrence tient à ses pouvoirs d’enquête, qui lui permettent de forger son opinion sans prendre pour argent comptant les déclarations des uns et des autres.

Johanne Peyre complète, en rappelant que la légitimité d’une autorité de concurrence tient aussi à sa vigilance sur les secteurs déjà régulés, comme les professions réglementées qui peuvent être tentées par le repli sur soi. Elle cite en exemple le cas bien connu des taxis, bousculés par l’arrivée des VTC.

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