L’avocat parisien d’Oscar Temaru, Me Koubbi, a tenu à réagir au courrier de l’avocat général Jacques Louvier, qui avait réaffirmé son impartialité et son indépendance, après l’annonce de la relaxe définitive du maire de Faa’a dans l’affaire Radio Tefana. Il dénonce « un parquet à la dérive », à l’époque de l’affaire, et attend que le ministère de la Justice « donne des suites ».
Après avoir fait valoir leurs arguments devant les tribunaux, les avocats d’Oscar Temaru et le parquet général de Papeete s’écharpent par courriers interposés. Mi-septembre, Me David Koubbi, le conseil parisien du tavana de Faa’a annonçait sa relaxe définitive dans l’affaire Radio Tefana.
Pour rappel, le leader indépendantiste avait été condamné en première instance en septembre 2019, avant d’être relaxé en cour d’appel en mai 2023. Dans la foulée, le parquet de Papeete avait saisi la Cour de cassation, plus haute juridiction française. Qui a donc finalement confirmé la relaxe, en déclarant non-admis le pourvoi du parquet. Après l’annonce de cette décision, Oscar Temaru et ses avocats avaient tenu une conférence de presse, évoquant une tentative d’assassinat politique, un acharnement du parquet ou encore une poursuite qui n’était pas fondée en droit.
« Adresser un tel courrier reviendrait à faire une blague à caractère sexuel dans un dossier de viol »
La réaction du ministère public ne s’était pas fait attendre, l’avocat général Jacques Louvier écrivant le 20 septembre un courrier pour affirmer son impartialité et son indépendance. Un message malvenu, pour les avocats d’Oscar Temaru. Ce samedi, le cabinet de Me Koubbi a publié un communiqué, expliquant que « la défense se doit de réagir après les déclarations du parquet général de Papeete ».
Et l’avocat ne mâche pas ses mots, taclant d’abord la forme du propos : « il est cocasse de noter que la quasi-totalité de ces déclarations est une »repompe » quasi mot à mot d’une allocution du procureur général François Molins prononcée en 2021 ». S’en prenant directement à l’auteur de la missive, le communiqué estime que « compte tenu du comportement du parquet, à de multiples reprises dénoncé, adresser à la presse un tel courrier dans une affaire politico-financière de la part de l’avocat général Louvier reviendrait à faire une blague à caractère sexuel dans un dossier de viol ».
« L’objet du présent communiqué n’est en aucun cas de revenir sur les nombreuses irrégularités déjà soulevées par la défense devant les tribunaux. La Cour, elle-même, a considéré, à plusieurs reprises, qu’elle ‘’n’était pas en mesure d’assurer un procès équitable aux prévenus, en raison d’une rupture évidente dans l’égalité des armes’’ imputable au ministère public », rappelle l’avocat.
« Il relève du devoir des avocats d’attirer l’attention du public sur les dysfonctionnements judiciaires »
Selon Me Koubbi, « la défense d’Oscar Temaru ne peut dans ces circonstances laisser en l’état les allégations d’impartialité portées par un parquet à la dérive, ainsi qu’il était alors composé : il relève du devoir des avocats d’attirer l’attention du public sur les dysfonctionnements judiciaires. Le ministère public ainsi qu’il était alors dirigé et composé par le procureur général Thomas Pison, l’avocat général Jacques Louvier et le procureur de la République Hervé Leroy n’a pas respecté les droits de la défense et s’honorerait à ne pas perdre de vue la mission qui est la sienne », martèle-t-il.
Rappelant les différents rapports de l’inspections des services judiciaires réalisés dans les couloirs du tribunal, destinées à mettre au clair certains agissements du parquet, le conseil annonce avoir envoyé ce communiqué au ministère de la justice « afin qu’il puisse donner les suites qu’il entendra ». Non sans avoir souligné que les 11 millions saisis sur le compte d’Oscar Temaru durant la procédure, sont encore « sous main de la justice, en dépit de la décision de relaxe sus-évoquée ».