À Moorea, les cambriolages se multiplient. Une situation qui perdure et qui pourrit la vie de ses habitants. Ce jeudi, trois affaires de ce type de faits ont été jugées en comparution immédiate.
Beaucoup d’affaires de cambriolages ce jeudi en comparution immédiate. Un délit qui, comme les violences conjugales et les trafics de drogue, encombrent les tribunaux. Pas de profil type dans ce genre d’affaire : tous les âges sont représentés, de l’adolescence à l’âge mûr, et toutes les raisons sont bonnes pour se justifier – pas de travail, une famille à nourrir … Et parfois il n’y a pas de motifs particuliers, juste l’occasion qui fait le larron.
Si ce type de délinquance est considéré comme moins grave que d’autres, elle reste néanmoins traumatisante pour les victimes. C’est le cas d’Audrey, cambriolée alors qu’elle était à son domicile. Le prévenu, 26 ans, accompagné de deux acolytes, s’était installé sur la terrasse d’un bungalow en bord de mer à Moorea, sans vérifier au préalable s’il était occupé. Sur la terrasse, un frigo. Celui-ci est visité et vidé des bières qu’il contenait. Des restes de barbecue sont encore sur la terrasse, ils finissent dans l’estomac des visiteurs. Deux des visiteurs suffisamment rassasiés s’en vont et celui qui reste décide de pénétrer dans le bungalow. Peu discret, pensant être seul, il commence par visiter le salon, mais une des occupantes du fare réveillée par le bruit sort et tombe nez à nez avec le visiteur. Il prend la fuite en emportant avec lui deux sacs dont l’un contenait des papiers d’identité, un ordinateur et des disques durs. La propriétaire des affaires volées, entendant le cri de surprise de son amie, se lève et aperçoit le cambrioleur qui fuit à vélo avec ses sacs. Elle se lance à sa poursuite pieds nus mais ne le rattrape pas. Le voleur sera arrêté suite à des renseignements, et lors de la perquisition à son domicile on retrouvera ordinateur et disque dur, malheureusement pour la victime, endommagés.
A la barre, le jeune homme avance les excuses habituelles. Pour son âge il a un casier assez conséquent, parsemé de vols et de recels. Pas d’argent, une famille à nourrir et « je regrette ce que j’ai fait. » Le comble c’est qu’une semaine après les faits il devait être placé sous bracelet électronique pour une affaire du même type. Appelée à témoigner la victime a dû mal à garder son sang-froid face au prévenu. « J’ai vécu un calvaire », assure t-elle en regardant droit dans les yeux le jeune homme qui baisse sa tête. « J’ai tout perdu, je n’ai plus rien. J’ai été arrêtée et suivie par un psy. » Les larmes aux yeux elle poursuit : « maintenant quand je suis chez moi je m’enferme, j’ai trois chiens et je ne vis plus. c’est la réalité. » Interrogée sur la somme qu’elle compte réclamer au titre du préjudice moral elle lâche, « mon préjudice n’est pas chiffrable. J’ai tout perdu. »
« Ces vols empoisonnent les habitants de Moorea, » attaque la procureure qui a du mal à cacher son exaspération. « Le prévenu se moque de l’autorité judiciaire, il a été convoqué plusieurs fois et il n’est jamais venu. En plus alors qu’il savait qu’il allait être placé sous bracelet électronique, cela ne l’empêche pas d’aller cambrioler un bungalow. » Elle réclamai une peine de 8 mois de prison dont 3 avec sursis et son maintien en détention. Mais au final, il n’a été condamné qu’à huit mois de prison avec sursis.