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Les communes s’unissent autour de l’aéroport et d’Oscar Temaru

L’avenir dira si c’est un succès, mais c’est déjà un coup politique : le maire de Faa’a fédère les tavana de Tahiti et Moorea autour de lui dans un groupement d’intérêt public, créé vendredi dernier, qui peaufine sa candidature à la concession aéroportuaire de Tahiti-Faa’a.  S’il l’emporte, le GIP Motu Tahiri détiendra 51 % de la future société d’exploitation de la concession, tandis que le Pays en conservera 49%. Le secret de la séduction d’Oscar Temaru ? La « souveraineté locale » : évincer l’opérateur métropolitain et éviter l’exportation des bénéfices. Et faire supporter au Pays la charge financière de la modernisation de Tahiti-Faa’a. 

Plus d’un an de réflexion, et finalement des accords de la plupart des tavana ces derniers jours : ce sont les communes de Tahiti et Moorea, réunies vendredi 13 décembre dans un groupement d’intérêt public comprenant aussi des entreprises et des banques, qui veulent obtenir la concession de l’aéroport de Tahiti-Faa’a. C’est à sa demande que la Direction générale de l’Aviation civile a repoussé la date limite de dépôt des candidatures du 17 décembre au 4 février prochain, « pour permettre la mobilisation des communes ». Si ce GIP baptisé Motu Tahiri, désormais 3e candidat, obtient la concession, il constituera avec le Pays une société par actions simplifiée (SAS) en remplacement d’ADT, pour l’exploitation de la plateforme aéroportuaire dont la gestion serait confiée à « une entreprise spécialisée ».

Un bon accueil des communes

Le GIP Motu Tahiri a pour premiers membres fondateurs les communes de Faa’a, Paea, Teva i Uta et Hitiaa O Te Ra. Papeete s’apprête à les rejoindre après l’assentiment du conseil municipal, Punaauia a déjà signé une lettre d’engagement, Moorea a donné son accord samedi, et d’autres comme Arue ou Taiarapu-Est attendent leur prochain conseil. Mahina n’a encore donné aucune réponse, et le maire de Pirae, hier, était  dubitatif. Le GIP a pour président Vetea Sanford, membre du conseil municipal de Faa’a et commandant de bord d’Air Tahiti Nui. Le premier vice-président du GIP est Anthony Géros et le deuxième vice-président, Tearii Alpha.

Le communiqué de presse diffusé ce mardi matin vante une « gouvernance équilibrée » du groupement d’intérêt public : 51% des droits de vote à Faa’a, 39 % aux autres communes, et 10% aux « partenaires privés et stratégiques » : des entreprises locales qui adhèrent au GIP pour avoir accès aux futurs marchés de travaux, au moins une banque qui, elle, n’est pas locale, un notaire, un avocat, deux architectes néozélandais qui ont déjà conçu des aéroports, ou encore un maître d’œuvre délégué originaire de Nouvelle-Zélande. « Le premier objectif, dit Vetea Sanford, c’est d’avoir un ancrage fort local. »

L’essentiel du poids financier sur le Pays

Moetai Brotherson, qui détient les portefeuilles du tourisme et des transports aériens internationaux, aurait opiné, lors d’une réunion lundi dernier : ce serait pour lui une « très bonne chose » qu’il « ne peut qu’encourager », dit un autre proche du dossier. Les tavana, de quelque bord qu’ils soient, voient d’un bon œil la reprise de contrôle de cette infrastructure vitale par des acteurs locaux, d’autant qu’un GIP, personne morale de droit public à but non lucratif, ne peut percevoir de dividendes. Les bénéfices resteraient ainsi dans la société d’exploitation, assure Vetea Sanford, pour être réinvestis et non pas exportés.

Reste la question de la surface financière de cette future société d’exploitation. Certes, ADT dégage un résultat d’environ 600 millions annuels, mais l’appel d’offres est clair, il porte sur la modernisation et l’agrandissement de Tahiti-Faa’a. C’est donc un investissement très conséquent qui est demandé au futur concessionnaire. À titre d’exemple, l’un des candidats de l’épisode précédent envisageait un investissement global de près de 50 milliards de Fcfp sur 40 ans. Il faudra aussi payer un ticket d’entrée de 4,1 milliards de Fcfp à Egis pour liquider l’ancienne concession, au titre des biens de retour. Le GIP compte donc sur le Pays, son futur partenaire dans la société d’exploitation, pour trouver les fonds nécessaires : « c’est vrai que le soutien financier du Pays est nécessaire en tant que garant et accompagnateur de ce projet », admet Vetea Sanford.

Pour rappel, l’attribution de cette concession est contestée depuis qu’en 2011, le maire de Faa’a avait lancé les hostilités. Trois annulations plus tard, si le dossier du GIP Motu Tahiri n’était pas retenu et que Egis ou Vinci Airports obtiennent la concession, les tavana, Oscar Temaru en tête, auraient beau jeu de dénoncer la partialité de l’État. Et ils auraient aussi la capacité de déposer un nouveau recours contre l’attribution de la concession.

 

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