ACTUS LOCALESJUSTICE Les dessous de l’affaire Radio Maohi Antoine Samoyeau 2015-08-17 17 Août 2015 Antoine Samoyeau © Tahoeraa Mises à part quelques rares révélations lors de la mise en examen d’Édouard Fritch en 2013 et lors du renvoi en correctionnelle du dossier la semaine dernière, l’instruction de l’affaire « Radio Maohi » s’est déroulée dans une relative discrétion. Transparence et équité avec les autres « dossiers politico-judiciaire » oblige, Radio 1 s’est procuré l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction, Laurent Mayer, et vous livre en exclusivité les détails de ce dossier dont les faits remontent tout de même à plus de huit ans… L’ordonnance du juge d’instruction permet notamment d’apprendre que ce sont deux enquêtes préliminaires distinctes qui ont mené à ce dossier. La première est connue. Il s’agit d’une auto-saisine du procureur de la République en 2010 suite à la publication du sulfureux rapport de la chambre territoriale des comptes (CTC) sur le fonctionnement de Radio Maohi. Rapport qui constatait les nombreuses subventions ou mises à dispositions du Pays au bénéfice de la radio orange. Le dossier a d’ailleurs déjà été jugé dans l’affaire des « Emplois fictifs »… Mais le rapport précisait également qu’à partir du Taui en 2004 : « Le nouveau contexte créé par le départ de M. Flosse de la présidence du gouvernement (avait) eu pour effet de concentrer sur la commune de Pirae l’intégralité du financement public de l’association ». Ce qui est moins connu, c’est le détail de ce qui a intéressé les enquêteurs dans ce volet du dossier. Les gendarmes de la section de recherches ont mis la main sur une convention de novembre 2007, signée par Édouard Fritch alors maire de Pirae et président-délégué du Tahoeraa, actant une subvention de 15 millions de Fcfp pour Radio Maohi, prenant en charge ses frais d’électricité, mettant à disposition un agent de la commune et offrant l’usage gracieux du local de la « Maison des Jeunes » pour la radio… Ce sont ces quatre actes qui sont aujourd’hui reprochés au président du Pays. La seconde enquête qui a débouché sur « l’affaire Radio Maohi » est en revanche moins connue et plus cocasse. Il s’agit d’une plainte déposée en 2013 par l’association « SOS Radio Maohi » à l’encontre d’un de ses anciens journalistes, Gustave Heitaa, pour « abus de confiance ». Une plainte qui s’est finalement retournée contre Radio Maohi. Puisque lors de son audition, Gustave Heitaa a expliqué aux enquêteurs avoir travaillé de 1997 à 2009 pour Radio Maohi… Mais en étant successivement « mis à disposition » et rémunéré par la présidence, puis par la commune de Pirae et enfin par l’assemblée ! Il n’en fallait pas moins pour que le juge d’instruction prononce la jonction des deux dossiers le 28 novembre 2013. Edouard Fritch trois fois mis en examen D’abord mis en examen le 27 février 2013, Édouard Fritch s’est défendu devant le juge d’instruction en contestant la caractère exclusivement « partisan » de Radio Maohi et en évoquant l’utilité publique pour la commune des annonces de la radio concernant « les dates de ramassage des ordures », « les heures de coupure d’eau » et « les décisions du conseil municipal »… Information passée inaperçue, le 23 mai 2014 Édouard Fritch a de nouveau été mis en examen dans ce même dossier, cette fois-ci pour le recrutement de Gustave Heitaa à l’assemblée entre 2007 et 2008, puis en 2009… Ce dernier avait d’ailleurs lui-même été mis en examen trois mois plus tôt. Enfin, Édouard Fritch a été mis en examen une troisième fois le 3 février dernier. Mais uniquement pour requalifier les faits en « prise illégale d’intérêts » et leur donner ainsi la même qualification que ceux du volet Radio Maohi dans le jugement des « Emplois fictifs ». Et le juge d’instruction de justifier sa requalification en concluant : « que le mis en cause avait un intérêt personnel à ce que cette radio continue de véhiculer les thèses du parti Tahoeraa Huiraatira pour mieux affermir son propre destin politique ». Le dossier sera maintenant totalement mis à jour lors du procès dans les mois à venir. La défense d’Édouard Fritch et de Gustave Heitaa, tout deux présumés innocent rappelons-le, sera alors dévoilée à son tour dans ses moindres détails par les intéressés et leurs conseils. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)