Les écoles de chant et de danse de Polynésie se sont organisées pour pouvoir reprendre leurs enseignements tout en respectant les gestes barrières. Le ministre de la Culture et plusieurs responsables du secteur ont fait en sorte de rassurer les parents et les pratiquants, ce vendredi matin. Et encouragé les Polynésiens à soutenir plus que jamais les artistes.
Lavage de main, espace pour chaque élève matérialisé au sol ou sur les tables, port de la visière en plastique, nettoyage systématique des instruments ou des locaux, organisation des salles pour limiter les croisements de personnes… Que l’on parle de musique, de chant ou de danse, les écoles « ont tout fait pour s’adapter ». C’est en tout cas le message qu’ont voulu faire passer plusieurs responsables du secteur, réunis vendredi à la maison de la Culture. Le Conservatoire a ouvert la marche en testant le protocole sur la base du volontariat la semaine passée. “Ça marche parfaitement, en on espère voire revenir environ 70% d’élèves dès la semaine prochaine », confie son directeur Fabien Dinard.
Les écoles privées elles, se sont rassemblées dans un collectif pour discuter le plus efficacement possible avec les autorités. « Tous les secteurs n’ont pas fait cet effort », note Heremoana Maamaatuhaiahutapu. Le ministre de la Culture rappelle que des vidéos d’explications ont été réalisées pour favoriser l’organisation de ces structures qui accueillent des centaines d’enfants et d’adultes dans tout le fenua. L’important est maintenant de « rassurer ». « On est allé plus loin que les recommandations de la cellule de crise sanitaire », insiste-t-il.
« S’adapter », au plus long terme
Les écoles rouvriront leurs portes dès lundi, donc, non sans avoir souffert, comme beaucoup d’autres entreprises, de cette fermeture prolongée. Certains ont même dû abandonner leur salle, dans l’incapacité de payer le loyer. « Et les difficultés financières vont en handicaper beaucoup d’autres », pointe Matani Kainuku. Pour le chef de file de la troupe Nonahere, cette réouverture n’est pourtant que la première étape. Il s’agit désormais de « repenser l’enseignement » pour s’adapter au long terme à une crise sanitaire dont beaucoup craignent encore un sursaut. A entendre le chorégraphe, la crise peut être l’occasion de développer de nouvelles techniques d’enseignement à distance, notamment via les plateformes numériques. Et pourquoi pas se servir de ces outils pour développer des activités rentables, auprès de publics américains, asiatiques ou européens.
Les cours de danse et de musique reprennent, mais la tenue de spectacles, n’est pour le moment pas à l’ordre du jour. L’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes pourraient certes être levée dans les semaines à venir par les autorités. Mais les règles de distanciations sociales – dans le public, mais aussi sur scène -, de désinfection systématique des salles, ou de quarantaine pour les artistes de passage ou de retour au fenua, pourraient, elles durer bien plus longtemps. Le secteur de la culture et de l’événementiel, entre les artistes, acteurs, techniciens et organisateurs, « fait vivre beaucoup de monde » et ‘ »est particulièrement touché par la crise » reconnait Heremoana Maamaatuhaiahutapu. Mais le Pays n’a pas mis en place, à l’heure actuelle, de mesures d’aide spécifiques au secteur, et « n’est pas encore en mesure » de fixer un calendrier de reprise. Seule précision : si le Heiva est annulé cette année, le heiva des écoles, pourrait, lui, être « reporté à plus tard dans l’année, et sous une nouvelle forme ».
Car les autorités étudient « des voies d’adaptation » pour permettre l’organisation de certains événements. Parmi les pistes sur la table, l’utilisation de sites naturels, plus vastes, pour organiser des spectacles de danses ou de musique, ou la vente de ticket « en distanciel » pour certains spectacles. « Il faut quoiqu’il arrive soutenir nos artistes, faire en sorte que le monde de la culture puisse continuer à vivre », insiste le ministre.